Tout est terminé, ma mamie repose désormais dans son petit cimetière de campagne, auprès de ses parents, de son mari et de sa fille. J’ai de grandes sensations
d’iiréalités, parfois, j’arrive pas à croire que tout ça, c’est vrai, que ma mamie ne peut pas être ailleurs que chez elle à dormir devant Derrick (ou n’importe quelle série diffusée en début
d’après-midi sur Fr2) ou en vadrouille dans sa voiture. Puis, des fois, je réalise pleinement et là, je suis brisée en mille morceaux.
Mais malgré le chagrin et le malheur, il faut se reprendre et aller de l’avant. Ces derniers jours ont tellement été étranges, courts et en même temps
interminables, tant d’images collées dans ma tête et cette incapacité à suivre une pensée sans être perturbée par des pensées parasites, l’extrême fatigue qui me saisissait parfois, la réalité
qui revient nous frapper. Mais des milliers et des milliers de gens continuent leur vie, la plupart ne sachant même pas que ma mamie Parmentier est morte. Parmi ces gens, mes collègues. S’ils
savent mon absence, leur vie a continué et je dois reprendre ma place au milieu d’eux, reprendre ma charge de travail, revoir mes amis, revivre. J’ai l’impression que ça fait une éternité que je
suis partie alors que la semaine avant sa mort, j’ai vu une partie de mes amis parisiens les plus proches. Ca m’avait fait du bien de les voir et je compte sortir avec eux dès mon retour, sans
m’apitoyer sur mon sort. D’abord, je ne suis pas comme ça, malgré moi parfois et puis ma mamie n’aimait pas les atermoiements. Mon chagrin, mes amis le connaissent, inutile de le jouer en trois
actes. Ma mamie, c’était la vie, le rire et je sais qu’elle m’adorait parce que justement, je suis joviale et que je la faisais rire.
Et puis, il y a aussi cette volonté que j’ai, ce désir impérieux de tirer quelque chose de positif de cette épreuve. Je veux réussir pour ma mamie. Ok, ma vie est
sympa, je l’aime telle quelle mais je dois me lancer dans un projet et le réussir pour elle, oublier ma détresse et ma peine dans ce projet. J’ai des idées, je dois poser tout ça mais je sais que
c’est mon échelle pour sortir du trou, la façon de retrouver mon sourire et ma jovialité et je dois le faire. Pour celle qui est partie et aussi pour ceux qui restent. Parce que ma famille a été
extrêmement solidaire, on a vécu tout ça tous ensemble, dans une harmonie et un amour qui nous a tous aidés. Je me rends compte à quel point ça soulage même si ça guérit pas. Puis il y a eu mes
amis, ceux qui m’ont témoigné leur soutien d’une façon ou d’une autre. Il y a eu Vicky qui m’a accueillie chez elle la veille de la mort de mamie, alors que je savais son départ imminent, Anne
qui est venue à l’enterrement et qui m’a apaisée alors qu’elle même pleurait, tous ceux qui m’ont envoyé un sms ou un mail. Rien que ça, c’est énorme. C’est difficile de trouver les mots pour
quelqu’un qui vit un deuil, je n’attendais d’ailleurs pas forcément des paroles réconfortantes, de simples « je pense à toi » m’ont largement suffi. Je sais qu’en rentrant sur Paris, je
serai entourée, que des gens qui sont parfois très loin de moi, dans d’autres pays, pensent à moi dans cette épreuve… c’est beaucoup, vraiment.
Maintenant, faut reprendre les habitudes, faire comme avant. Ne pas se précipiter non plus, je sais que la plaie est vive et qu’elle mettra du temps à se refermer,
je ne dois pas être impatiente. De la douleur, je passerai à un amour simple de ma mamie. Et avec ma soeur, on est lancée dans une « course du ventre » . Quand on a appris le second prénom
de ma grand-mère, sans se concerter, on a toutes les deux voulu le donner à notre fille. A priori, elle est mieux partie que moi. Ca peut paraître dérisoire et limite débile de penser à ça mais
au fond, la mort et la vie ont souvent été très liées dans notre famille et nous attendons la prochaine naissance avec une certaine impatience. On mise tous plus ou moins sur ma cousine aînée, ma
mère a émis l’hypothèse que peut-être que ce serait moi… Mais là, je suis en queue de peloton quand même.
Je me rends compte que ce que je raconte est décousu, je ne suis même pas sûre que ce soit compréhensible, j’espère que ce n’est pas trop larmoyant car ça la
saoulait, mamie Parmentier, le pathos. La vie va, faut reprendre son cours. Sans rien regretter. Le soir où j’ai appris pour son cancer, j’ai rêvé que je me mariais, j’étais surexcitée (et
totalement canon dans ma robe de mariée en ivoire), j’étais au bras de mon papa et soudain, je pensais « ma mamie n’est pas là pour vivre ça ». Mamie Parmentier ne connaîtra pas mon
prochain compagnon ni mes enfants, j’ai un instant pensé que j’avais peut-être trop tardé. Mais finalement, c’est aussi la vie, on ne peut pas tout prévoir. Puis ces regrets là sont juste
bons à jeter à la poubelle, c’est idiot. Puis mes petits et leur père, ils auront encore toute la famille Parmentier à connaître et nous, on est vraiment une joyeuse tribu dans laquelle il est
bon de rentrer, tous nos compagnons nous l’ont dit et j’en suis persuadée. Et cette tribu, c’était grâce à mamie et à ses filles qu’elle existe. A nous de la conserver comme mamie
l’aimait.
Ma Nina, on est toujours maladroit pour les copains qui vivent ça. Je suis blindé au cynisme et je suis en même temps heureux de n’avoir jamais connu mon père et d’avoir perdu ma mère à 11 ans : je pense que ça m’a appris à faire face qd je vois à quel point ut es affectée. Du coup, je n’ai rien à te dire pour te reconfirter, rien à te dire pour te faire sourire, rine à dire pour que ailles mieux. Je srs définitivement à rien mais tu me laissera t’offrir un eclair au chocolat la prochaine fois qu’on se verra parce qeu ‘est le genre de truc qui aurait surement fait plaisir à ta gd mère.
Des bidoux, ma puce.