Depuis 2007, j’ai un petit pincement au coeur à chaque fois que je fais mon devoir citoyen : pour voter, chez moi, on ne glisse plus d’enveloppe dans l’urne mais on appuie sur le bouton d’une grosse machine. Et j’aime pas !
Je ne m’attarderai pas sur la dimension de la fiabilité et du piratage, faute d’éléments tangibles sur la question. Si les résultats sont piratés, nous avons à faire à un pirate de droite… Ou alors c’est la mairie qui manipule les votes. Si on considère que mon députe-maire a été réélu dès le premier tour des législative en 2007, ça peut paraître suspect mais la circonscription compte aussi des villes sans vote électronique. Puis il est députe depuis 1997 et je crois que je dois l’avouer : ma ville est de droite.
Ce qui me navre, c’est la disparition de ce jeu particulier des élections de mon enfance, celles où on accompagnait nos parents voter. On rentrait dans l’isoloir avec eux et ils nous demandaient : « pour qui on vote ? ». Bon comme ils nous avaient bien expliqué qui était le meilleur candidat, le risque était moindre. Quoi qu’en 88, au premier tour, je voulais voter Raymond Barre car il ressemblait à un nounours… Quand je dis le physique des candidats est un (contre) argument politique digne d’un enfant de 8 ans… Bref du coup, je choisissais fièrement le bulletin « qu’il fallait » pour le mettre dans l’enveloppe. Depuis, le choix des bulletins, c’était mon petit acte de rébellion à moi. Lors des premiers scrutins, je prenais consciencieusement tous les bulletins, comme on m’a appris en éducation civique puis petit à petit, je ne prenais plus qu’une poignée de bulletins dont celui qui m’intéressait. Je me souviens que pour les européennes 2004, je n’avais pris par accident que des bulletins de gauche. Et ce fameux jour de 2002 où je fus très fière de ne prendre qu’un bulletin alors qu’on nous serinait qu’il fallait prendre les deux. Nan, je le veux pas ton bulletin Le Pen !
Mais surtout, je suis privée d’un moyen d’expression : celui d’écrire sur mon bulletin si je veux. Oui, je sais, si je le fais, mon vote est nul. Mais saviez-vous que tout ce que vous inscrivez sur un bulletin de vote est collecté et recopié dans un grand cahier consultable par tout un chacun ? Quel magnifique moyen de s’exprimer ! De voter pour son propre projet politique, exposé sur un bout de papier ! Bon, je ne sais si c’est très utilisé mais bon. Et puis y a cet article que j’ai lu y a quelques années, il débute lors des élections mexicaines, une prof met dans son enveloppe une tête de Mickey. Sur cette élection, les votes blancs et nuls avaient flirté avec les 60% je crois. Je trouvais ce geste fort. Sans doute vain mais à l’heure où l’on pleure toutes les 2 mn sur les atteintes à la liberté d’expression, réelles ou supposées, j’ai la sensation que la mienne à été symboliquement restreinte. Même si sur cette élection, je savais quel bulletin j’allais choisir…
Le fait d’aller voter a perdu de son charme : une seule machine par rideau, une machine qui bippe fort quand on valide notre choix. On ne peut plus s’amuser à jeter les bulletins bien en évidence dans la poubelle pour tenter d’influencer le suivant. On ne peut pas faire de pronostic en fonction du contenu de la poubelle, on ne peut pas snober les bulletins des partis que l’on méprise…
Le vote électronique, ça pue.
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