L’amitié est une forme de relation amoureuse mais sans sexe et sans exclusivité (normalement mais après tout, à chacun sa définition de l’amour et de l’amitié. Et puis qu’est-ce que la normalité, hein ?). Et comme dans toute relation amoureuse, il y a des étapes. Avec Anaïs, nous en avons franchie une mardi.
J’avoue que je l’ai pas vue venir. Même si on est en train de devenir les siamoises officielles du club de plongée, un mec nous a même fait remarquer qu’on ne se séparait jamais. On part en Thaïlande en duo, on a un voyage prévu ensemble cet été (mais à 3, avec Anna), on va à la salle de sport ensemble et elle est un peu tentée par ma nouvelle lubie : un voyage en transsibérien. Bref, on vire un peu fusionnelles mais forcément,la plongée, ça fédère.
Mardi, avant l’entraînement, je passe par son appart récupérer mon sac de plongée puisque je dors généralement chez elle après la piscine. Bon à la base, je devais loger un coup chez elle, un coup chez Anna mais cette dernière oublie parfois son tour de garde. Je suis arrivée un peu tard suite à quelques péripéties ratpiennes donc je rentre et je cours aux toilettes. Alors que je m’abandonnais à mes bas instincts, Anaïs a lancé une conversation à base de « et toi, ta journée ? ». Et là, je me dis qu’on vient de passer un cap.
Les petits besoins sont un moment d’intimité, un des aspects que je voile de grande pudeur. Parler à quelqu’un quand je me soulage est signe de grande intimité, donc. Faut dire qu’en se changeant une fois par semaine dans le même vestiaire collectif casse de suite la pudeur de base. Nous nous voyons nues sans faire attention, on discute en enlevant notre culotte, en enfilant notre maillot de bain. Si Anaïs est plus pudique qu’Anna qui m’a gratifiée un jour d’une danse des seins et qui me pince les fesses en passant à côté de moi, on connaît nos corps. On ne les scrute pas mais on ne les cache pas non plus, on ne fait juste pas attention. On a partagé le même logement à Colera puis dans le Var. Elle m’a déjà fait vivre un de ses épisodes somnambuliques, on se taquine sur nos nuits ensemble. Moi à base de « non mais tu parles, tu t’assois dans le lit et tu allumes la lumière », elle à base de « qu’est-ce que tu dégages comme chaleur quand tu dors! ».
Est-ce là que l’on reconnaît les amitiés ? A une intimité créée sans sexe ? Si je liste mes meilleures amies, j’ai dormi dans le même lit que l’immense majorité d’entre elles, elles sont les seules à connaître certains de mes tourments intimes, certaines de mes péripéties. Si je ne vais pas bien, je n’ai qu’à envoyer un mail pour les voir arriver en courant pour venir m’aider. Et vice et versa bien entendu. L’amitié se construit par des abandons progressifs. J’abandonne ma pudeur vis à vis de mon corps, de mes tourments…Et de mes petits besoins. J’abandonne ma méfiance, mon masque et je me livre en toute confiance. Le jour où tu confies tes imperfections à une amie, celles que tu caches avec fureur, tu sais que celle qui reçoit tes confidences fait désormais partie du cercles fermé des meilleures amies. Celles pour qui tu te couperais un bras comme je disais l’autre jour.
Un jour, je me pencherai peut-être sur une essentielle question : mes belles amitiés sont-elles un pilier si solide de ma vie que je deviens incroyablement difficile avec les hommes au point de ne tomber amoureuse qu’une fois tous les 5 ans en moyenne ? Après tout, avec tout cet amour amical, comment avoir besoin d’amour tout court ?
Je plussoie. Et j’ajouterais que l’amitié soit entre hommes, femmes ou mélangée n’y change rien, malgré tout le contraire qu’on peut en entendre.
Je suis un homme, ma meilleure amie est une femme, nous ne sommes jamais sorti ensemble et je l’aime.
On se fait des visites surprises, des virées en moto durant l’été. On sors nos enfants à la piscine ensemble au moins une fois par an. Elle fait partie de ma famille.
Un amour familiale, elle est comme ma sœur, mais plus proche que mes sœurs, car venant de l’extérieure. Il parait que je serais le seul homme, à l’exception du père de ses enfants, que son père aurais jamais tutoyé.
La dernière question de ce post, je me la suis posée souvent.
Je sais, elle est rhétorique en ne demande pas vraiment de réponse, mais néanmoins, pour moi, non.
Un amour comme celui là comble beaucoup de vides.
Je vois tout à fait ce que tu veux dire pour la « soeur mais plus proche », ça me fait le même effet. Je m’entends bien avec ma soeur, on va même à la chorale ensemble mais c’est pas pareil. Il y a des choses que je ne raconte pas à ma famille notamment sur ma vie amoureuse car ça relève de l’anecdote. Mes amies sont au courant mais j’ai pas envie d’imposer à ma famille une longue liste de conquêtes sans lendemain. Idem pour certains atermoiements. Y a des petits aléas de ma vie que je ne veux pas raconter à ma mère ou ma soeur pour ne pas les inquiéter.
Je ne crois pas non plus que les fortes amitiés nuisent à un quelconque besoin d’amour. En fait, je crois au contraire que c’est bénéfique : ces amitiés fortes permettent de se sentir bien, de ne pas chercher une moitié à tout prix et se coller avec le/la premier(e) venu(e) en dépit du bon sens juste pour pas être seul. Ces amitiés fortes ne se substituent pas à l’amour et ne disparaissent pas quand celui-ci vient, c’est juste autre chose, un autre pilier de ma vie.
:-)))) c’est promis je ne te parlerai plu jamais
quand tu es aux toilettes !!!! LOL!!!!!!
Ahah mais t’inquiète, j’ai pas été trop traumatisée quand même 😉
Bonjour,
Ton histoire d’amitié me semble idéale. Tu as beaucoup de chance de vivre ça.
Je n’ai jamais réussi à créer le moindre lien d’amitié sans ressentir du profit de la part de l’autre, du manque de loyauté, de l’indisponibilité aux moments clés,…
Je suis une handicapée de l’amitié ce qui n’est bizarrement pas le cas en amour.
En amitié, je n’arrive pas à me lâcher, je n’arrive pas à imposer ma personnalité. Cela doit probablement me rendre inintéressante.
C’est l’analyse que j’en ai fait…