En lisant l’autre jour un article sur Lana Del Rey, j’ai découvert une étrange expression “la médiocrité du fanorat”. En gros, les fans ont grosso modo des goûts de merde. La preuve, ils écoutent Justin Bieber en masse et maintenant Lana Del Rey. Et là, j’ai réalisé tout le snobisme du concept, snobisme dans lequel je me suis souvent vautrée.
Je l’avoue sans honte, je suis merdophage. J’écoute de la musique commerciale (Lady Gaga, Britney Spears ancienne époque parce que j’aime pas la nouvelle qui abuse de cette voix électronique qui me pète les oreilles, Rihanna, Katy Perry… Mais pas les Black eyed peas, faut pas déconner), je regarde des séries pourries de type Hélène et les garçons et leurs déclinaisons (du moins quand j’en ai le temps donc en ce moment, non). Par contre, je suis d’un snobisme épouvantable en terme de cinéma (bouh les blockbusters) et surtout de littérature. Souvenons-nous ensemble comme j’ai souffert en lisant du Guillaume Musso. A chaque fois que je passe dans une librairie, je pleure en découvrant en tête de gondole les Musso et Lévy, best sellers absolus ou encore les Dan Brown qui réécrit perpétuellement le même roman en changeant le prénom féminin et la ville où se passe l’action.
Et pourquoi donc ? Qui suis-je pour décréter ce qui est bien ou mal en terme de littérature ? Si on reprend l’univers musical, je sais faire la distinction entre de la musique de haut niveau (si j’ose dire) et une production commerciale calibrée pour cartonner sur les radios et dans les discothèques. Mais j’aime la musique commerciale pour travailler en paix dans l’open space, taper mes content plans sans interventions extérieures. De la même façon, peut-on vraiment condamner des gens qui préfèrent s’avaler un Lévy sur la plage plutôt qu’un Tolstoï ou se vider la tête devant Transformer plutôt que devant un film d’art et essai ousbek ? Et d’abord, qui a décrété ce qui était digne d’intérêt et bon à jeter ?
On en revient au bon vieux Bourdieu et son étude du bon goût. Pour rappel, selon Bourdieu, le bon goût est défini selon les goûts bourgeois. Et oui, on a du mal à imaginer un conducteur de voiture tuné écouter du Mozart sur ses enceintes surround machin tout ça (je suis nulle en enceintes) ou en train de lire La Propédeutique philosophique d’Hegel. Et pourtant, pourquoi pas ? Je veux dire en tant que femme, je me plains parfois d’entendre que le maquillage et la coquetterie semblent être des antonymes de culture et d’intelligence. Mais voilà, souvent culture populaire = culture facile d’accès = de la merde.
Et pourtant, si je retourne le raisonnement, je me dis qu’il y a du génie dans cette sous culture. On peut cracher tant que l’on veut sur les Lady Gaga, Lana del Rey, Marc Lévy et co, ils ont quand même compris ce qui marchait et comment faire du business. Ils ne sont pas si nombreux que ça. On peut se gausser sur la facilité de leur art, pour se permettre de la ramener, faudrait déjà arriver à en faire autant. Oui, je n’aime pas le style d’écriture des Lévy et Musso mais puisque c’est si facile, pourquoi ne pas en faire autant, hein ? Je n’ai pas le goût des bluettes, j’ai essayé d’en écrire sans le moindre succès, ça m’ennuie. Mais si j’y parvenais et que je les envoyais à une maison d’édition, serais-je pour autant publiée ? Connaîtrais-je le succès ? C’est un peu comme la cuisine, c’est pas parce que tu suis la recette que c’est forcément génial à l’arrivée.
Bref, existe-t-il réellement un fanorat médiocre ou des artistes qui donnent ce que l’on souhaite, un art facile à consommer pour les jours où on n’a pas envie de faire des efforts ? Que le gastronome qui n’a jamais croqué un Big mac me jette la première pierre.
Je suis tout à fait d’accord, même si je n’adhère pas du tout à Musso, pour ne citer que lui, j’essaye de me convaincre que je n’aime pas et pas de façon simpliste que ça signifie que c’est de la merde. C’est pas facile… Oui il y a du snobisme là-dessous, comme on en voit aux Césars par exemple où certains films, malgré des records du nombre d’entrées ne seront jamais estimés assez bien pour figurer au palmarès, alors que des films qui auront fait 12 entrées crouleront sous les récompenses !
Oui mais y a des trucs qui ont marché au ciné qui ne méritent pas de récompense. Genre Rien à déclarer de Boon, là, je m’y oppose fermement :p Ceci étant d’autres films populaires auraient mérité une vraie reconnaissance. Après, est-ce qu’un César rapporte de l’argent au gagnant ? Parce que si tel n’est pas le cas, je crois qu’aujourd’hui, la reconnaissance du public vaut bien plus que toutes les récompenses du monde pour une carrière (les producteurs sont rarement philanthropes)
Ah moi je suis en osmose totale j’ai toujours détesté ce snobisme. Je ne sais pas qui a décidé un jour que la musique devait être underground ou sérieuse ou ne devait pas être. C’est quand même plus fun de bouger son booty sur de la dance que sur un un chanteur norvégien dépressif…
Peut être aussi que parce la musique, la littérature ou le cinéma « commercial » ou mainstream usent d’un marketing agressif, beaucoup se doivent de le rejeter avec autant de hargne. Je sais pas si vous faites des courses en supermarché sans avoir votre propre musique dans les écouteurs, mais de mon coté, les rares fois où ça m’arrive, c’est toujours pénible (oui je sais il n’y a pas mort d’homme non plus). Tu le dis toi même, en librairie tu verras les auteurs bestsellers partout. Tout le monde n’a pas la force de caractère de s’en foutre et de prendre du plaisir à au contraire gratter dans les rayons tout en bas pour y trouver la perle rare.
Après je trouve complètement con le rejet systématique du « commercial ». Parfois aussi des artistes se retrouvent dans cette catégorie car le succès les fait devenir des icônes marketing, alors qu’à la base ils aspiraient plus à l’indie. Bref, éternel débat!