Par Diane
Mon cher petit lecteur, aujourd’hui j’ai envie de parler d’amour. Mais comme à chaque fois que c’est le cas, je réalise à quel point c’est difficile de le faire sans avoir l’air niais, ou mièvre, ou d’une banalité absolue. Il n’est rien de plus facile que de parler d’amour, mais rien de plus difficile que d’en bien parler.
Mais malgré cela, les choses tournent dans la tête, elles s’en vont et s’en viennent, elles fermentent et reviennent, alors bon, finalement ce n’est pas si grave, d’être mièvre, ou banal, si ça peut faire plaisir au troupeau de petits mots qui vagabondent dans le cerveau et qui veulent sortir, alors on parle.
Et c’est pour cela qu’aujourd’hui je vais vous parler de l’amoureux.
C’est fascinant, un amoureux(euse).
L’amoureux, c’est celui qui ressent, qui se drogue à l’émotion, la brute, la pure, de celle qui vous fait oublier la guerre la crise le cac 40 et les crises d’herpès. Que m’importe le malheur puisqu’elle m’aime! L’amoureux se sent toujours une âme d’artiste, et l’artiste fait tout ce qu’il peut pour garder son âme d’amoureux. « Frappe toi le coeur c’est là qu’est le génie », comme disait celui qui avait raison: l’amoureux écrit, il chante et s’enivre de toutes ces belles images qui lui sont soudainement offertes.
L’amoureux, c’est celui qui a une foi absolue dans son émotion, et qui accepte comme preuve incontestable de son amour la fièvre qui l’habite (tut tut, pas de jeu de mots) rien qu’à imaginer l’autre.Peu importe si le monde entier y compris sa propre conscience lui montre que tout cela n’est qu’illusion, sa foi n’en sera que plus grande parce qu’il le ressent ainsi. Et une grande et incontestable vérité sortie tout droit des films avec Meg Ryan nous dit qu’il est infiniment plus pur et bon de croire son coeur que sa conscience.
L’amoureux, c’est celui qui n’a pas de mémoire. Regardez cet homme assis sur ce banc vert près de la fontaine. Il y vient depuis plus de trois mois tous les jours, parce que c’est là que le monde s’est écroulé quand elle a prononcé ces quelques mots si douloureux qui se mêlaient au bruit de l’eau qui coule. Il vient là pour réfléchir, réfléchir pourquoi cette situation s »est répétée une nouvelle fois, pourquoi elles le trompent, pourquoi elles s’en vont, pourquoi il ne voit jamais rien. Et aujourd’hui il se sent plus sage, il se répète qu’on ne l’y prendra plus, qu’il vit désormais dans le monde réel.
Et puis il lève les yeux et voit la fille assise sur le banc de l’autre côté de la fontaine. Il la regarde et se répète ces mots…qui pour ces grands yeux tout aussitôt moururent. Elle est belle, elle a la grâce reptilienne d’une reine égyptienne et un teint d’albâtre à damner un peintre. Un mot d’elle et il devient fou. Après tout, il aime bien sa folie. C’est elle qui lui fait la courte échelle pour grimper aux balcons des filles. La folie est la putain commune à tous les hommes prêts à se prostituer pour un instant d’éternité.
Ce qu’il faut de regrets pour le moindre frisson; n’est ce pas?
Car c’est aussi énervant, un amoureux.
L’amoureux, c’est aussi celui qui ne voit rien, ou qui ne veut pas voir, et qui est prêt à soumettre tout son être et toute son âme sans même y penser, et parfois à les perdre.Les hommes qui furent follement aimés n’étaient pas toujours ceux qui le méritaient le plus, même si la notion de mérite peut paraitre étrange à ce sujet. J’ai toujours ressenti un profond sentiment de colère en voyant follement aimés des hommes aussi cons que mauvais, qui bien souvent en profitaient.
L’amoureux, c’est souvent celui qui est amoureux de l’amour, qu’il incarnera au gré du temps et des rencontres dans des êtres les plus vaporeux et inaccessibles possibles, petits socles malléables où il pourra à loisir imaginer et façonner l’idéal aux courbes félines et aux senteurs d »orient qu’il modèle à ses moments perdus et qui ressemble à ses rêves.
Et c’est pour cela qu’une fois devenu trop réel, l’autre a perdu toute saveur, une fois que l’autre s’est approché, il faut le mettre à distance, pour éloigner cet atroce sentiment qu’avec le réel de l’autre va s’évaporer le parfum de ses rêves.
joli texte, surtout émanant de quelqu’un supposé jeune …quelle maturité soudaine !
J’aime ta description de l’amoureux..de l’amoureux de l’amour.
La dernière partie me semble tellement vraie
Fais nous lire plus souvent tes écrits.
Nina
C’est terrifiant de lire ce qu’on pense et ce que l’on ressent écrit par quelqu’un d’autre.
C’est aussi très frustrant de le voir si bien écrit. 🙂
Quel plaisir de lire ton article ! Je suis tout à fait d’accord… »l’amoureux n’a pas de mémoire »…on ne l’y reprendra plus mais on replonge toujours 🙂 Une sacrée drogue que l’amour !
Quand je pense que cette sensation d’être amoureux et guilleret, je ne l’ai plus connu depuis depuis mes 14 ans…
Et même si le sujet est « nunuche », l’article n’en est pas moins très bien écrit et juste tellement il sent le vécut! 🙂
Marchi… et oui, Lilith, c’est un peu l’éternelle question: faut-il avoir connu les choses pour en parler?
A priori, il n’est pas nécessaire d’avoir connu les choses pour en parler, mais pour en bien parler… c’est autre chose. Il y a certaines des choses dont je parle que j’ai connues, d’autres que j’ai connues par procuration, à travers mes proches.
Philou, je ne suis pas si jeune que cela, même si j’ai certes moins de 30 ans…