Dressing room

Par Tatiana

L'enfer de la mode
 

04 avril…

Aujourd’hui je tente ma chance et j’essaie de savoir l’air de rien si y a moyen d’avoir des vêtements gratuits. Réponse : pas moyen. Enfin ça c’est la réponse pour les stagiaires car les autres (journalistes, RP…) elles peuvent. Faire les books est un calvaire (et ça fait seulement deux jours), mais ça donne un avantage : celui de se
faire oublier. Ainsi je peux facilement écouter les conversations de ces demoiselles sans qu’elles s’en aperçoivent de trop. Et c’est édifiant croyez moi. Parler n’est pas vraiment le mot qui convient. J’aurais tendance à dire au choix : médire, raconter des ragots… Du langue de putage en bonne et due forme. Une des filles de l’agence s’absente et elle en prend pour son grade toute la journée. Bienvenue dans le monde des filles ma chère Tatiana. Moi qui déteste l’hypocrisie je suis servie copieusement. Et puis il y a aussi le défilé des journalistes : galerie de monstres et bizarreries en tous genres. Ceci dit pas de panique, pour elles aussi je suis transparente (ben oui elles ne tirent aucun intérêt d’être gentille avec moi donc pourquoi se forcer). Aujourd’hui il faut que je vous parle d’une personne en particulier qui travaille dans le pendant féminin d’un grand quotidien. Elle fait partie de celles que j’ai appelées les triplettes car elle a deux clones qui viennent aussi de temps en temps avec elle (oui ce genre de personne n’est malheureusement pas unique). Le chef des triplettes est donc conne (ça vous l’auriez compris) et adore hurler dans tout le showroom en sortant les pires stupidité que son cerveau est capable d’engendrer. Niveau look, forcément elle s’habille un peu fashion avec la
coupe du moment et les racines noires avec le reste des cheveux blonds (quand même elle doit bien gagner assez pour pouvoir aller chez le coiffeur). Les ¾ du temps les journalistes viennent pour prendre des vêtements ou accessoires pour les shootings photos mais aussi (et surtout) pour repérer les fringues qu’elles vont piquer ou acheter aux soldes de presse. Elles me font penser à des vautours.

Le 05 avril

Ouf ! Bientôt le WE ! Je suis déjà lasse de l’éternel découpage collage que je fais toute la journée. Il faudrait que je fasse le compte de tous les horoscopes que j’ai lu : y en a même que je dois connaitre par cœur. Je vais me transformer en madame soleil. J’ai l’impression d’être revenue à la maternelle. J’avais déjà ce sentiment en étant à l’IUT mais là c’est officiel : les études avant le bac c’est pour nous rendre intelligent mais post bac on nous fait régresser. Heureusement il y a toujours une distraction dans mon labeur quotidien. Aujourd’hui visite de la nièce de Big Boss. Une gamine pourrie gâtée. D’un coup retentit la douce voix (complètement éraillée par une surconsommation de cigarette et d’alcool) : « oh ma princesse ! Tu m’as emmenée ma princesse !!!! » C’est La reine mère qui glousse auprès de sa fille. « Regardez comme elle est belle ma poupounette ! »… La gamine est non seulement pourrie gâtée mais en plus elle va finir stupide à force qu’on parle d’elle comme ça. Elle a seulement 6 ans pour info, mais je crois qu’elle a du potentiel pour faire l’émission sweet sixteen sur MTV plus tard.

Je viens d’apprendre que les filles de l’agence se sont commandé des chaussures d’une marque qu’on représente sans même me demander si ça m’aurait
intéressé : pétasses !

Le 08 avril

Quelle joie de revenir dans ce temple dédié à la bêtise humaine et à l’hypocrisie. Dommage que je n’ai pas vraiment le choix. Cela dit aujourd’hui c’était journée sexo car on a eu droit à la vie sexuelle de Bettina. Cette dernière est partie en Inde pour voir son mec. Apparemment il est marié et a des enfants (elle-même ayant une fille aussi). Donc elle nous raconte comment c’était super trop bien et qu’elle est super bien intégrée dans la famille (attends elle loge dans la famille alors que le mec il est marié ?! putain je connais des mecs qui seraient heureux de vivre comme ça en France). Je ne vous ai pas encore décrit plus précisément Bettina. Cette fille est assez dure à cerner. Elle ressemble à une ex soixante huitarde (d’où le trip indien sûrement). Elle fait 40/50 ans mais croit qu’elle en a encore 20 (quelqu’un devrait vraiment lui dire). On se jamais trop ce qu’elle pense des gens. Je crois qu’elle a compris comment ça marche dans le milieu et qu’elle sait jouer en se servant des règles du jeu.  

Aujourd’hui on a eu 2 journalistes hommes : un mec qui ressemble à Jean Paul Rouve qui se serait déguisé pour un sketch des Robins des Bois et un dandy qui
se croit dans Liaisons dangereuses version cage aux folles.

Le 09 avril 

J’ai toujours le nez dans les books (j’en peux plus je craque !). Mais dans l’après midi la journée a pris une tournure intéressante…On m’a confié une autre tâche : ranger les vêtements dans le showroom (même chez moi je range pas mes tiroirs et il faut que je le fasse au travail). Mais l’info la plus croustillante de la journée c’est ça : j’ai appris que quand la saison est finie et qu’ils doivent rendre les collections on peut les acheter à petits prix (oui je sais je viens de découvrir le principe des soldes de
presse mais j’ai même pas 20 ans faut me pardonner). Aujourd’hui il y a eu un nouvel épisode de la guerre entre les filles et la Reine mère. Les deux clans ne peuvent pas se voir en peinture. Il faut dire que la Reine mère ne sert pas à grand-chose dans le showroom à part espionner les filles pour voir si elles font bien leur travail. Elle médit sur elles auprès de Big boss et c’est à peu près tout. Demain j’ai un entretien dans une école (l’ISCOM) donc ce sera une journée courte.

4 réflexions sur “Dressing room

  1. Ce qui est un poil dommage, c’est que tu mélanges contenu et contenant. Du coup ton propos semble perdre en objectivité, on a l’impression que tu rejettes tout (bon, c’est le cas tu me diras) : le job et l’environnement, et ta description de l’environnement perd forcément en mordant…

    Sinon, pour le langue-de-putage acharné, je ne crois malheureusement pas que ce soit spécifique au monde de la mode. C’était « à ce point là » ? Par rapport à d’autres expériences pro que tu as pu avoir, qu’en penses-tu avec le recul ?

    (enfin je critique je critique, mais c’est parce que je trouve ça passionnant ^^)

  2. Suis d’accord avec melaniec, iscom et efap, meme combat de PP (petasse parisienne) VS PdN (Petasse de Neuilly). Mais on va pas s’arreter non plus à ça pour un choix de carrière…

    Rah c’est avec bonheur que je me rappelle le monde des RP en te lisant… et c’est avec bonheur que je me rappelle que je l’ai quitté pour aller dans un monde plus normal ! Hate de savoir la suite !!

  3. __El__ > mon point de vue ne se veut pas objectif (enfin je pense). Pourl e langue de putage c’est à ce point là et j’ai vu d’autres milieux professionnels donc je peux comparer.

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