Et je ne t’envie pas. Mais vraiment. L’autre jour, en faisant un rapide tour sur LinkedIn (réseau qui m’insupporte de plus en plus… enfin, pas le réseau mais l’attitude des gens dessus), je tombe sur le CV de Marissa Mayer, présenté comme à peu près parfait. Je le mate et effectivement, la présentation est bien jolie mais… que vois-je ? Marissa met en scène son côté bosseuse “je bosse 18/24”. Et tu en es fière en plus ?
Bon déjà, j’ai un peu envie de dire “mytho” ! Parce que cette déclaration rentre en conflit direct avec ça :
Si on considère que Marissa s’octroie 6h de temps libre sur sa journée de 24h (soit 25% d’une journée), comme se fait-ce que sur ce joli graphique, les moments vie privée (dormir, jouer avec ses 35 gosses et cuisiner) représentent visuellement près de 40% ? Et encore, je suis sympa, je considère ses activités dans les ballets de New York et de San Francisco comme du travail. Alors oui, elle dit qu’elle rêve du travail mais moi aussi, je rêve des fois de travail et ça donne “j’ai eu un putain de slogan : la tomate, ça tue mate !!””. Donc non, ça compte pas. Et puis même, si Marissa travaille 18h/24h, j’imagine qu’elle ne rentre pas chez elle à 16h… donc si je regarde le temps passé avec sa petite famille, une question s’impose : ils vont se coucher à quelle heure, ses mouflards ? Oui, la question du dodo pour adultes et enfants est l’une de mes grandes préoccupations dans la vie.
Bref, si je soupçonne Marissa d’être une petite menteuse et que ça se voit direct sur son CV (et puis on sait bien comment ça finit, les perfect Mums aux USA), je reste à m’interroger sur cette affirmation “moi, je passe les ¾ de mon temps au travail”. Mais qui ça fait rêver, sérieux ? Pas moi, je vous le dis direct et je recevrais quelqu’un m’annonçant ça, j’aurais tendance à pas le recruter. D’abord, je considère que passer 18h à bosser, ce n’est pas sain, au sens médical du terme mais surtout, comment tu veux être bon quand tu es physiquement cramé et que tu prends pas de respiration. Concrètement, comme je disais, je suis en train de glisser vers les études mais j’apprends un peu par moi-même, je teste, je tente (bien aidée par une formation excel qui m’a résolu pas mal de soucis, j’avoue)… Et des fois, je bloque. J’essaie mais j’y arrive pas. Alors que faire ? A un moment, faut sortir du truc. Selon l’heure, je descends faire une pause où je rentre chez moi. Le must neurones de mon côté, c’est d’aller faire du sport ou de prendre une bonne douche voire d’aller dormir, selon l’heure, évidemment. Parce que souvent, le problème n’en est pas vraiment un, c’est juste qu’à avoir le cerveau trop encombré de données qu’on cumule depuis le début de la journée de travail, on ne voit pas la solution. On sort de l’écran, on s’oxygène la tête et pop, ça vient tout seul.
Et puis le travail n’est pas toute la vie. Comment s’enrichir quand on n’est que consacré à son boulot. Oh oui, le travail est une source d’apprentissage, bien sûr, mais pas que. Parce que si je regarde la journée de Marissa, je note qu’elle ne lit pas, ne va pas au cinéma ni au musée (et je ne parle pas de sports, apparemment, pas d’oxygénation du corps), ses seules bulles d’oxygène sont son bénévolat pour les ballets (et je pense qu’elle reste dans l’administratif), cuisiner (à la limite, pourquoi pas) et faire des trucs en famille. Alors tu vas me dire, chacun sa conception de la vie mais ça pue le métro-boulot-dodo et le cerveau qui s’atrophie, cette histoire.
Les recruteurs sont, paraît-il, assez attentifs à la rubrique “loisirs” qui donne un éclairage différent à la personne. Je sais que, pour ma part, je manquais d’un sport collectif, mes loisirs étaient très individuels, voire solitaires (fitness, marche, plongée, yoga, lire, écrire… Que des trucs où on me fout la paix, quoi). Heureusement que je me suis mise au foot à 5 ! Mes loisirs ne sont pas là pour me faire devenir une meilleure salariée, je ne consacre pas mon temps libre à ma carrière (vision assez classique aussi du “je profite de mon temps libre pour monter ma propre boîte”… mais va te faire voir, sérieux), j’ai juste besoin de sas de décompression… et de vivre ma vie en fait. J’ai besoin d’être multiple : salariée, blogueuse, aspirante écrivaine de quand je m’y mettrai, tricoteuse très occasionnelle, grande rêveuse, globe trotteuse 5 semaines par an, footballeuse du dimanche, yoggi amatrice, tatie gaga…
Et vous savez quoi ? Non seulement je trouve ça sain mais je reste persuadée que le secret du bonheur, c’est de ne consacrer que 8h de sa journée à sa subsistance et le reste à se faire plaisir.
Une réflexion sur “Moi, je suis une bosseuse, je travaille 18/24 !”