Il y a des fois où le comportement de mes congénères m’échappe un peu. Un exemple au hasard : hier soir, coupe du monde de football, finale au sommet entre l’Espagne et les Pays-Bas. Comme nous étions dans la voiture avec Vicky et que nous étions épuisées par 3h de bouchon, nous avons décidé d’écouter la finale à la radio, pour voir. Premier essai, Europe 1 avec un commentateur hystéro, ça donnait à peu près ça :
« Radio : Ahlalalala, Villaaaaaaaaa, Villaaaaaaaaa, Puyoooooooooool, raaaaaaaaaaaah !
– Heu, il a marqué tu crois ?
– Je sais pas, on dirait non ?
– Passe rrrrrrrratée de Villa surrrrr Puyol, la RRRRRRRRoRRRRRa est très offensive
– Ah non. »
Donc comme on en avait marre de ne rien comprendre aux cris fous furieux du commentateur, nous sommes passées sur RTL pour suivre cette finale et en fin de compte et là, nous avons pris parti pour l’Espagne car ils se prenaient des coups de karaté et que c’était trop injuste. Oui, nous avons des raisons très réfléchies de choisir un chouchou.
Sauf que voilà, au moment du but espagnol, nous étions au pied de son immeuble. Celui-ci s’est littéralement embrasé, on a entendu des cris de joie. Ah tiens, l’Espagne a dû marquer. Un coup d’oeil au report live de 20 mn (qui était quand même pas mal drôle) me confirme la nouvelle. Ouais ok. Là, ça devient de la pure folie, des gamins sortent dans la rue pour gueuler leur joie, on croise des voitures qui klaxonnent. La nuit, alors que j’essaie de dormir malgré la chaleur et deux chats qui foutent le souk (je garde celle de Vicky), j’entends des gens se mettre à gueuler dans la rue des « olé », « viva España » et autres conneries. A 2h30 du matin, je ne suis pas très motivée à l’idée de partager leur enthousiasme, étrange, hein ? Surtout que je commence un peu ma nouvelle vie aujourd’hui, j’ai besoin de dormir, merci. « Heureusement », il s’agissait des trois saoulards restés jusqu’à la fermeture du bar en face, celui là même où
quand les gens ont trop bu, ils chantent les Beatles. J’ai parfois la sensation que ma vie n’est pas réelle.
Là, j’ai un peu froncé les sourcils. C’est quoi ce bordel ? Je suis un peu contente que l’Espagne ait gagné mais au fond, je m’en fiche quand même pas mal. Certes, je n’ai aucune origine espagnole (enfin, mon père est Catalan mais Catalan français et je ne parle pas un mot de la langue de Calderòn) mais quand même, d’où vient cette ferveur qui va jusqu’à provoquer des incidents ? En 98, j’ai pu comprendre l’euphorie générale et pour être tout à fait honnête avec vous, j’étais pas mal emmerdée d’avoir passé le 12 juillet 98 chez Rachel qui n’a pas voulu voir le match, dans le fin fond de la campagne où, j’en suis sûre, la 3g ne passe toujours pas. Mais là, faut pas déconner, y a pas tant d’Espagnols que ça en France. Si ? Moi, je vois dans cette légère hystérie collective un opportunisme sportif, ni plus, ni moins. Puisque notre équipe a perdu (lamentablement et on ne sait toujours pas qui est la taupe, d’autant qu’il semble y en
avoir plusieurs, huhu, on se marre), il nous en a fallu une de substitution. Pas l’Italie, nos ennemis jurés en foot et de toute façon, ils n’ont pas passé le premier tour. Dans mon univers où je n’aime pas que ce soit toujours les mêmes qui gagnent, voir le champion du monde et le vice champion en titre se faire dégager au premier tour m’a méchamment fait plaisir, au passage. Bon, alors le Brésil (les censément plus forts) ? L’Argentine (pour Maradona ? Mais je l’aime pas, Maradona) ? L’Angleterre ? Ah non, eux, on ne les aime pas non plus. Enfin, moi si, de façon générale, surtout Colin Firth qui me fait frémir la culotte. L’Allemagne, les autres plus forts ? Ou alors les Espagnols, tiens, nos voisins qui ont aussi un tempérament latin. J’étais en vacances donc j’ai pas lu les médias pendant quasi 15 jours mais j’avais la sensation que les Pays-Bas n’avaient pas trop la côte en France. Bref, on change de favori au fur et à mesure des éliminations et des prévisions de Paul le Poulpe et là, enfin, on a choisi la bonne équipe. Bon, on avait qu’une chance sur deux de se planter. Du coup, après un mondial frustrant à voir notre équipe boire la tasse, perdre ses paris sportifs, enfin, oui, enfin, on a fait le bon choix donc on se lève et on va crier notre joie.
Après tout, pourquoi pas, allez-vous me dire, y a pas de mal à être joyeux, surtout avec la sinistrose ambiante, bla blabla. Oui, pourquoi pas mais bon, déjà, j’aimerais assez qu’on programme les finales de coupe du monde les samedis soirs pour qu’on puisse dormir le dimanche matin et ne pas pester contre des cris à 2h30 du mat. Mais surtout, je ne peux m’empêcher de m’interroger sur notre santé. Non mais c’est vrai, quand on en vient à profiter de la moindre occasion pour faire une fête et se mettre minable (comme les mecs du bar en face), c’est qu’on n’a pas trop le moral. Faut dire que quand j’ouvre le journal le matin, j’ai plus envie d’aller me jeter sous le métro que de danser la vie. Entre la crise, l’affaire Woerth-Bettencourt (qui pourrait être assez drôle ceci étant dit), les faits divers meurtriers qu’on nous relate à longueur de journée, les milliers de produits qu’on ne devrait même plus regarder tellement ils sont mauvais pour nous, le fait qu’on va tous mourir bientôt (selon un scientifique spécialisé dans l’évolution des espèces, dans un siècle, l’être humain n’existera plus. You-pi)… Bref, y a pas besoin d’être fin psychologue pour se dire que c’est pas la joie. Alors oui, je trouve les réactions de joie hier assez disproportionnées vi qu’aux dernières nouvelles, nous ne vivons pas en Espagne et que même si on les aime bien, nos voisins ibères, y a peut-être pas de quoi se rouler par terre de joie, boire jusqu’à fermeture du bar et se la jouer Gipsy King sur mon trottoir. A moins qu’on aille vraiment très mal…
Ou alors juste parce qu’on a la fête dans le sang et que la moindre occasion fait le larron.
On peut penser que les gens supportent une équipe au gré des vents favorables, ou bien tout simplement que certains amateurs de football sont capables d’aimer ce sport pour le beau jeu. ce qui amène parfois à changer de favori tout simplement parce que l’une ou l’autre des équipes étonne ou déçoit. Et puis il y a toujours des valeurs sûres, des joueurs qui évoluent dans de grands championnats (le championnat espagnol, anglais, italien) et que l’on attend de voir briller avec leur équipe nationale. D’où peut-être l’indécision. Si cela explique les changements de camp en cours de route, ça n’explique pas forcément l’effusion de joie disproportionnée à la victoire de l’Espagne …
Je rejoins en partie Sheena, c’est une explication!
C’est ptêt aussi qu’on a juste envie d’être heureux avec les autres! Tu vois les gens heureux t’es content! 🙂
Pour le cas précis d’hier, je pense qu’il y a aussi eu de l’empathie pour l’Espagne du fait qu’ils s’en soient pris plein la gueule par les Hollandais du coup je pense que les gens étaient contents que les « gentils » aient gagné.
Sinon le commentateur quand t’en parles, ça me fait penser à Eugène Saccomano, il est mythique! 🙂
Et les incidents c’est juste les crétins habituels qui croient qu’ils peuvent agresser des gens tranquilles parce qu’une équipe de foot gagne ou perd (on s’en fout tous les prétextes sont bons), parce qu’on les laisse pas resquiller dans une file, parce qu’on leur distribue pas d’argent à partir d’un bus etc etc…en Espagne y’avait beaucoup plus de monde dans les rues y’a pas eu ce genre d’incidents c’est donc bien que ce n’est pas l’exaltation qui provoque les incidents…
Moi la coupe du Monde ça me fait plaisir, justement y’a une sorte d’exaltation mondiale, moi aussi j’ai changé d’équipe au fur et à mesure, la France (malgré tout) puis l’Allemagne puis l’Espagne par dépit, c’est plus marrant d’avoir un favori quand on regarde un match!
Enfin bon, je pense que basiquement le truc c’est que moi j’aime le foot depuis toujours et toi non donc il est normal que tu ne sois pas dans le même ressenti, tu es trop rationnelle en fait! 🙂
Ca a été le changement de vie?
Je me disais exactement la même chose que toi à 2h30 quand j’entendais les vuvuzelas et les coups de klaxons dehors… Et que je maudissais le foot, l’Afrique du Sud et tous ces cons qui hurlaient.
On a le droit de faire la fête, mais qu’est-ce que ce sera quand on aura vraiment une bonne raison ?
c’est Torres et Kuyt qui jouent ensemble à Liverpool. Et sinon, c’est comme partout, les affinités, c’est assez personnel. Des joueurs peuvent ne pas s’entendre au sein d’une sélection nationale (on en a de beaux exemples …) ou au sein d’un club. c’est certain que faire jouer Materazzi et Zidane dans le même club après la CDM 2006 aurait été délicat, mais le salaire reste une bonne raison de se comporter de façon à peu près civile en club (sans parler des primes de but, de résultat, … qui motivent à jouer ensemble!) à mon avis, il est plus compliqué de créer des émulations de groupe dans les sélections nationales aujourd’hui (moins d’intérêt financier, moins de temps passé ensemble, peu de patriotisme pour la plupart des pays et niveau souvent décevant par rapport aux clubs qui sont des concentrés de grands joueurs – pour les meilleurs) qu’en club où la pression est maintenue à longueur d’année, les joueurs vivent dans la même ville, et puis, le pognon …. c’est pas forcément joli, mais c’est la manifestation du libéralisme dans le foot.
Nina : je reconnais le bordel à 2h30 c’est abusé mais tout le monde n’a pas eu la chance d’avoir une éducation! 😀
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On commence par là mais s’il le faut on peut aller beaucoup plus loin, à bon entendeur …
(et mon petit mickey, si tu penses qu’un dslam qui n’est peut être pas celui de ta ville te protège, continue pour voir)
Ce jours là, j’étais en Allemagne. et bien crois moi, l’ambiance n’était pas la même. Non contents d’avoir été sorti quelques jours plutôt, les Allemands s’étaient plutôt rallié aux Hollandais. Alors ce soir-là, s’était pas la joie en pays Teuton!
Je veux l’adresse du bar où les gens chantent les Beatles quand ils ont trop bu !