Mi septembre, j’ai décidé d’inaugurer comme il se doit mon nouveau CDI en posant direct mon 2e lundi (le premier, je suis partie en séminaire avec mes petits camarades. Ouais, je commence direct, moi) car j’avais prévu de m’envoler voir mes potes d’Irlande, Isa et Joy. Avec ma fidèle Anaïs sous le bras, nous nosu frottions les mains : après Dublin et le Connemara la dernière fois, nous voici parties pour Belfast.
Evidemment, pour moi, Belfast restait la capitale sinistrée, impitoyablement déchirée par une lutte fratricide entre les Irlandais anglicans fidèles à la couronne d’Angleterre et les Irlandais catholiques rêvant de rejoindre la mère Patrie l’Eire. Comme j’avais en plus écrit un petit mémoire sur le sujet (j’avais dans ma prime jeunesse, une passion pour les indépendantismes. Aujourd’hui aussi mais j’ai moins de temps à y consacrer (enfin, à la recherche et écriture, je veux dire)). Du coup, ça me faisait un peu frétiller. Sauf qu’en fait, Belfast n’a pas grand chose à voir avec que j’imaginais. Voici donc pour vous, lecteurs, le récit de mon petit périple dans le fief de l’indépendantisme irlandais (ou ce qu’il en reste). Mais globalement, point de traces de lutte si ce n’est les barbelés omniprésents dans la ville et le quartier catholique dont je vous parlerai plus tard dans l’article.
Belfast, capitale du street art
Si je devais résumer Belfast, je dirais “briques rouges et street art”. Errant de rues en rues, on croise de jolis bâtiments en briques rouges et des fresques. Comme disait Isa, à un moment “en fait, ici, tout est prétexte pour faire de l’art”. Capitale dynamique à la Berlin ? Non, pas du tout mais on note quand même une culture prégnante de la fresque murale. Dans de petits dédales discrets, on découvre de charmants quartiers, cachés des grandes artères. Ca, c’est un peu ce que j’ai particulièrement adoré dans Belfast, ce côté “garde les yeux ouverts, t’es pas à l’abri de découvrir un endroit absolument charmant”. Alors on guettait le moindre passage pour tenter d’y découvrir un passage quasi secret.
Le jardin botanique, l’université et le marché St George
Si la mairie est un bâtiment assez remarquable pour ce que nous en avons vu (on est tombées en plein Week-end du Téléthon local), j’ai surtout retenu le charmant jardin botanique et l’université de Belfast. A l’instar du notable Trinity College de Dublin, le campus de Belfast offre cette même sensation de charmant campus aux dimensions humaines et à la pelouse impeccable. Une architecture un peu lourde et austère ou tu t’attends presque à voir un fantôme passer aux fenêtres.
Autre gros point fort de Belfast : le jardin botanique. Entre la serre tropicale pleine de rouille (j’aime prendre la rouille en photo), les allées impeccablement entretenues et les rosiers à foison, ça te fait ta petite bulle d’oxygène. On a cherché des écureuils car Isa nous a dit en avoir vu quand elle était venu mais à part celui qu’on a imaginé pour faire une blague à cette dernière pendant qu’elle était aux toilettes (oui, à Belfast, y a plein de toilettes en préfabriqués aux endroits stratégiques), point de petits rongeurs.
Autre point de la ville que j’ai bien apprécié : le marché St George où nous sommes passées le dimanche matin. Entre poisson frais, cupcakes, petits bouquins, stand steam punk et brocantes, je ne savais plus où regarder. Et je me suis offert un petit roman : lire en anglais, c’est bon pour ce que j’ai.
Belfast la britannique
Ayant eu une petite expérience de la vie à Dublin lors de mon dernier passage, je suis assez étonnée par le changement de style : Belfast est carrément britannique. Même si on croise peu l’Union Jack, c’est plus dans l’attitude et la tenue des gens que ça se ressent : passé 18h, la moyenne d’âge des badauds baisse drastiquement, on croise des jeunes aux styles très différents, gothiques ou petites pouffes habillées mini riquiqui (mon moi enserré dans ma veste en cuir, mon écharpe et mon gros pull ne peuvent s’empêcher d’être fascinée par ce super pouvoir : se balader à moitié dévêtue quand on passe sous la barre des 20°). Les cheveux ont des couleurs pour le moins étrange, des tie and dye pour le moins hasardeux. Mais apparemment, tout le monde s’en fout et ça, c’est LE truc british qu’on devrait récupérer en urgence à Paris. T’as une jupe qui s’arrête sous ta culotte et des cheveux fuchsia et violets. So whatever ? (non, à Paris, on la regarde avec condescendance et mépris). Quoi qu’il en soit, même si Belfast et Dublin n’offrent pas du tout la même ambiance, on s’y sent bien accueillis. Le soir, on s’arrête dans une petite cafétéria pour dîner. Léger pour Isa et moi qui avons eu quelques difficultés à digérer notre fish and chips du midi (il était très bon mais, pour une raison obscure, je ne digère plus trop le trop gras… Non, c’est pas une question d’âge, oh !). Mais avec une petite bouteille achetée à la supérette en face. En Irlande (les 2), tu n’as pas de droit de bouchon donc si le pub ne sert pas de vin, tu peux débarquer avec ta bouteille, tranquille.
Le difficile quartier catholique
Fin de séjour, nous voici donc dans le quartier catholique, celui des murs et là, comment dire… l’ambiance prend de suite quelques tonnes, on perd le côté gai de la ville. Rien qu’en traversant le périph, on se prend en pleine poire une certaine misère sociale à laquelle on ne s’attendait pas. Sur les murs se déroulent des messages politiques, des appels à la libération de prisonniers de guerre, des drapeaux Palestiniens un peu partout : il y a une forte assimilation entre le drame de Gaza et l’appartenance du peuple irlandais catholique à la couronne Britannique. Je ne suis pas super à l’aise avec l’analogie mais bon, vu que je ne vois pas les auteurs des fresques dans les parages, je me contenterai de garder mes réflexions pour moi. On se balade, on trouve une voiture plantée dans un poteau, les flics autour, un espèce de véhicule tanké de la police passe à côté… Mmmm, petite balade dans les environs : certains coins sont inaccessibles, d’autres transpirent la misère.
On atterrit dans un cimetière, Anaïs et Isa sont devant, je suis au milieu à tout mitrailler (je suis toujours un peu fascinée par les tombes oubliées, j’en parlerai peut-être un jour), Joy traîne un peu derrière. A un moment, on voit passer une poignée d’ados, une bouteille d’alcool vide à la main. Goût bizarre dans la bouche. Isa nous explique qu’ici, les jeunes sortent des cours tôt et n’ont rien à faire derrière, y a pas la culture des activités extrascolaires, même pour les plus aisés. On reste quand même un peu sonnées : si t’es déjà alcoolique à 12 ans et que tu passes ton dimanche soir à zoner dans les cimetières pour te la mettre à l’envers avec tes potes, c’est quoi ton avenir ?
Bref, malgré cette note désagréable, Belfast me laisse un joli souvenir. Et j’aime toujours autant la culture anglo-irlandaise, je m’y sens bien. Et je vais désormais militer pour qu’on trouve du cidre pression dans les bars : ça me permettrait enfin d’avaler ma pinte sans grimacer de dégoût. Même si certains bâtiments, et pas des moindres, sont un peu abandonnés, il n’en reste pas moins qu’on sent une bonne dynamique dans la ville.
Demain, je vous parlerai des deux musées que nous avons faits durant le week-end : le musée Titanic et le musée Guinness (à Dublin celui-ci). Bisous !
7 réflexions sur “Belfast : entre Irlande et Angleterre”