Il y a quelques années, j’avais parlé du baiser. Et j’ai envie de remettre le couvert car je dois le confesser : j’adore ça, embrasser. Je crois que je préfère le baiser à la baise. Autant je pourrais me contenter de baisers sans baise, autant je ne conçois pas la baise sans baisers.
Arrivée, légèrement précoce, du printemps ou heureux hasard, les baisers retrouvent le haut de l’affiche dans mes actualités Internet. D’abord, il y a le site Internet Ici sur la bouche qui vient de voir le jour, un projet de géolocalisation de baiser assez chouette sur le principe. Et il y a la fameuse vidéo où 20 inconnus s’embrassent pour la première fois. Le premier baiser… Ca me rend toute chose.
J’ai repensé récemment à ces premiers baisers, à ces baisers tout court, ceux qui comptent, ceux qui te marquent, ceux qui te font exécuter une danse de la victoire mentale tellement tu attendais ça, tellement c’est parfait, tellement le monde a complètement disparu tout autour de vous. On s’en fout des autres, on s’en fout du lieu, on s’en fout de tout, c’est juste toi et moi. Le décorum, c’est juste pour faire joli dans les films. C’est doux un baiser, ce sont deux lèvres qui s’effleurent, deux langues qui se caressent. Ca donne beaucoup de choses un baiser. Ca ouvre des portes, ça crée une intimité. Il y a un avant et un après le baiser, pour peu qu’on y mette un peu de sentiment et d’envie dedans.
Je me souviens de baisers. Celui échangé pour la première fois avec l’English one dans les couloirs d’une station de métro avec commentaires aigris de quelques passants. Celui échangé avec un chouette garçon à la fin d’un documentaire au forum des images. Celui échangé avec ce garçon étranger dans une petite rue entre République et le Canal Saint Martin rythmé par les cris de manifestants défilant dans l’artère voisine. Même ceux échangés pour la première fois devant et dans mon ascenseur avec ce garçon dont j’avais envie depuis plusieurs mois. Même si, à défaut d’avoir tiré le gros lot, j’ai tiré un connard, ça reste un moment intense, exaltant. Si j’ouvre ma boîte à souvenirs, il y a sans doute plus de baisers que de nuits torrides. Parce qu’il est un signal de départ, un « oui, toi et moi, on va pas en rester là ». Même si on en reste là, d’ailleurs, ça reste un joli moment, un souvenir offert.
J’aime le baiser, oui, j’en aime la sensation, la chaleur, ce que ça augure. J’aime regarder les gens s’embrasser dans la rue (tant que ça ne ressemble pas à un pré coït cependant), j’aime imaginer leur histoire. Est-ce le début d’une histoire ou juste une démonstration entre deux amants, deux amoureux de longue date ? Au milieu de la foule agressive et maussade, une jolie scène de baiser, pardon mais ça fait plaisir. Pendant quelques secondes, au moins deux personnes étaient heureuses.