Episode 12

Oceany referma la porte de la cellule avec le cadenas et rejoignit tous les autres qui s’affairaient, ne se préoccupant absolument pas d’elle, à
l’exception de Mai-Li qui l’attendait un peu plus loin, assise sur un vieux fauteuil à moitié défoncé. Depuis quelques temps, la Chinoise semblait fatiguée et Oceany s’inquiétait pour elle. Si
elle était malade, elle ne pourrait pas consulter de médecin : elle était une fugitive. La jeune Chinoise lui sourit et fit un signe de la tête en direction d’un siège voisin, l’invitant
ainsi à s’asseoir.
« Alors ?
– Je crois que c’est mal parti, il est complètement endoctriné. J’arrive pas à comprendre comment des gens intelligents, comme lui, peuvent se
laisser embobiner comme ça . Même ma mère est en train de changer de camp : plus le temps passe, plus on est seuls. Il faudrait peut-être accélérer le mouvement.
– Non, il ne faut pas se précipiter, on risquerait d’échouer et tu sais bien qu’on n’a pas le droit à l’erreur.
– Mmm. J’aimerais quand même bien savoir comment ils font. A propos, nous avons une mission spéciale, ce soir : libérer une nouvelle
esclave.
– Je ne crois pas que ce soit une bonne idée. Ils ont installé un nouveau système de sécurité à la prison et on va avoir énormément de mal à
passer.
– Oui, mais l’esclave dont je parle n’est pas en prison, mais chez Bill Oxford.
– Quoi ? Tu es folle, on ne peut pas faire ça !
– Enfin, Mai, on ne peut pas laisser faire ça ! Toi qui a été esclave, ça devrait te révolter encore plus que moi : ils la traitent comme
un animal, c’est vraiment atroce, on doit agir.
– C’est trop dangereux, Oceany, tu vas te faire attraper.
– Qui ne tente rien n’a rien, je veux y aller.
– Aller où ?  »
Maria se tenait à présent devant elles et les regardait d’un air interrogateur, se demandant sans doute ce qu’elles étaient en train de
manigancer.
« J’ai découvert cet après-midi que Bill Oxford avait une esclave et je veux, non, je dois aller la libérer, parce qu’il n’a pas le droit de
traiter un être humain de la sorte. Mais Mai ne veut pas que j’y aille.
– Elle a raison, tu ne dois en aucun cas te faire prendre. Juan et moi, on va se charger de cette histoire. Tu as pu accéder à la
mairie ?
– Oui et j’ai pu leur voler pas mal d’informations, mais je n’ai pas encore eu le temps de voir de quoi ça parlait.
– D’accord. Raison de plus pour que tu n’y ailles pas : si tu te fais attraper, on ne pourra jamais avoir accès à ces informations. Bon, on va
attendre une heure pour être tranquille, puis on va s’occuper de cette fille.
– Je vais vous faire un plan pour vous expliquer comment accéder à sa chambre…si on peut appeler ça comme ça. »
—–
            Oceany regarda sa montre et soupira. Ils mettaient beaucoup de temps pour libérer
Kirstie, ça devenait inquiétant. Et s’ils s’étaient fait attraper ? Elle espéra que ce n’était pas le cas, mais ça ne la réconforta pas vraiment. Ce n’était pas en restant les bras croisés
dans cet entrepôt qu’elle pourrait les aider. Mai-Li vint s’asseoir à côté d’elle et lui passa la main dans les cheveux.
« Ne t’inquiète pas, je suis sûre que tout se passe bien, ils ne vont pas tarder à rentrer.
– J’espère vraiment que tu as raison, mais j’ai des doutes. Je n’aurais jamais dû les envoyer là-bas.
– C’est une mission risquée mais nécessaire. L’esclavagisme est tout simplement inadmissible et nous sommes les seuls à pouvoir y mettre un
terme.
– Comment ça se fait que nous soyons si peu nombreux à nous rebeller ? Ca m’échappe, ça : je ne peux pas être la seule élitaire à me rendre
compte de la situation.
– Ils sont tous heureux, dans leur petit appartement luxueux, que demander de plus ?
– De l’air pur, de pouvoir regarder les étoiles, de pouvoir sentir l’odeur de la pluie…J’ai l’impression d’être la seule à qui ça manque, tout ça…ils
préfèrent vivre dans leur bulle géante, bien tranquilles. Moi, je ne rêve que de sortir de là.
– Patiente un peu, ce sera bientôt possible.
– Mmm…cet air en conserve n’est pas bon : tu as mauvaise mine depuis quelques jours, et plus vite on aura fini, mieux ce sera pour toi. De toute
façon, toutes ces ondes électromagnétiques doivent être néfastes, à la longue.
– Ne t’inquiète pas pour moi, je vais bien. Si j’ai l’air fatigué, ces derniers temps, c’est parce que…je suis enceinte. »
Oceany regarda son amie, muette de surprise et partagée entre deux réactions : d’une part, elle était heureuse pour son amie et son compagnon,
mais d’un autre côté, ce n’était pas du tout prudent, compte tenu de leur situation actuelle.Mais elle ne voulait pas inquiéter la future maman et décida donc de lui manifester sa joie. Elle la
prit donc dans ses bras et la serra fort.
« C’est formidable ! Ca fait combien de temps ?
– Trois semaines.
– Et tu me le dis que maintenant ?
– Je ne savais pas comment tu réagirais parce que…nous sommes des fugitifs et on ne peut pas s’encombrer d’une femme enceinte, et…
– Arrête ! Tu es notre amie et on t’aidera à te sortir d’ici, enceinte ou pas. Je… »
Elle fut interrompue par le vombrissement des motos, annonçant le retour de Maria et Juan. Quand elle les vit entrer dans le hangar en compagnie de
Kirstie, elle se sentit profondément soulagée. Elle alla à leur rencontre et se chargea d’accueillir Kirstie.
« Je suis heureuse de vous revoir, Kirstie ! Je vois que tout c’est bien passé.
– Ca a été juste, expliqua Juan. Oxford ne traite pas sa propre sécurité à la légère. On a dû semer tout un groupe de vigiles, ça n’a pas été facile,
mais tu sais bien qu’on est les plus forts ! Apparemment, M Oxford a installé un système d’alarme qui prévient immédiatement la police. Bon, je vais m’occuper de Kirstie, lui présenter tout
le monde et lui montrer sa nouvelle chambre, si on peut appeler ça comme ça. Tiens, je t’ai volé ça pour toi, chez Oxford. »
Il lui jeta quasiment l’objet à la figure et partit sans même attendre qu’elle ait regardé ? elle regarda le cadeau et soupira : il
s’agissait d’une photo de Mark. Il avait apparemment du mal à accepter ses futures fiançailles, mais elle n’y pouvait rien, il ne fallait pas la blâmer. Il ressentait cette alliance comme une
sorte de trahison : leur amie qui se lie à l’un de leurs pires ennemis, ça paraissait peu concevable. Maria passa à côté d’elle et la bouscula légèrement, mais ne s’excusa pas ; il
devenait urgent de calmer les esprits. Mais ce soir-là, elle était trop fatiguée pour ça, elle n’avait aucune envie de subir ce genre d’épreuves. De toute façon, elle n’était pas à un jour
près : tant qu’ils ne se lançaient pas à l’attaque de Technopolis, ils n’avaient pas besoin d’être absolument soudés. Mais dès que la mission commencerait, la moindre erreur aurait d’énormes
conséquences.
Elle abandonna la photo sur une table, pour indiquer à Juan qu’elle ne ressentait rien pour le jeune homme et retourna au centre du hangar, à côté de
Mai qui étudiait un plan de la ville. Elle regarda longuement la porte de la cellule d’Ethan : quel camp allait-il choisir ? Elle ne pourrait pas le forcer à être de leur côté. Au
contraire, ça ne le rebuterait qu’encore plus. Mais il était nécessaire de le convaincre de rejoindre leur camp : ça leur ferait un allié de taille. De plus, elle ne pouvait pas le libérer
tant qu’elle n’était pas absolument certaine qu’il ne révélerait pas son secret mais ils n’étaient pas en mesure de le garder prisonnier indéfiniment. Déjà, ils n’avaient jamais envisagé la
possibilité de retenir quelqu’un et avait dû sacrifier une chambre pour en faire une cellule.
Mais ce n’était pas pour ces raisons qu’elle aurait aimé qu’il les rejoigne, mais parce qu’elle l’appréciait et qu’elle savait qu’il se donnerait
corps et âme pour leur cause. Ils avaient besoin de gens surmotivés car d’un point de vue objectif, ils n’avaient quasiment aucune chance. Mai-Li lui montra quelque chose sur la carte en lui
faisant un bref exposé de la situation, mais elle ne l’écouta pas, perdue dans ses pensées, essayant de se convaincre qu’Ethan Wadeker allait les rejoindre. Mais il était si endoctriné, comment
faire pour le convaincre qu’il avait tort ? Mais elle n’était pas prête de baisser les bras, elle avait encore quelques arguments dans la poche.
 
 
Chapitre 8
 
            Bill s’étira longuement puis observa un instant sa femme qui était en train de
dormir à ses côtés. Elle était si belle, si désirable…elle ne l’aimait pas, il le savait, elle était uniquement attiré par son pouvoir. Mais il ne voulait pas se séparer d’elle, car il avait
besoin des rares moments d’amour qu’elle consentait à lui accorder. De plus, cette relation l’excitait particulièrement et lui prouvait chaque jour que le pouvoir pouvait tout lui offrir. Le
pouvoir. Rien qu’à entendre ce mot, il entrait quasiment en transe : il contrôlait toute cette ville et les idiots qui y vivaient et qui lui accordaient une confiance aveugle.
Au bout d’un instant, il se leva enfin du lit et enfila une robe de chambre pour descendre dans la cuisine, où il s’installa tranquillement, mais il
remarqua immédiatement l’absence de Kirstie. De toutes les esclaves de Technopolis, il avait fallu qu’il tombe sur la plus feignante de toutes. Il se leva brusquement et se rendit jusqu’à la
chambre de la jeune femme, pour lui apprendre l’exactitude. Il ne supportait pas de se lever le matin et de constater que rien n’était prêt, ça le mettait de mauvaise humeur pour toute la
journée.
Il appuya énergiquement sur le bouton de la porte de la chambre pour l’ouvrir et quand le passage fut libre, il entra dans la pièce et commença à
crier, mais il s’arrêta instantanément : elle était vide. Où était passé son esclave ? Il inspecta rapidement la maison en l’interpellant, réveillant au passage sa femme et son fils,
mais il ne trouva trace de la jeune femme : était-il possible qu’elle se soit enfuie ?
Kelly le rejoignit, visiblement agacée par tout ce remue-ménage et lui demanda ce qu’il se passait.
« Kirstie a disparu.
– Quoi ? Qu’est ce que tu racontes ?
– Quel mot tu n’as pas compris dans la phrase : Kirstie a disparu ? Elle s’est échappée.
– Voyons, c’est impossible ! Cette maison est surveillée nuit et jour, elle n’a pas pu s’enfuir sans être repérée.
– Et pourtant…je vais consulter la police pour voir ce qu’il s’est passé. Ces maudits robots ne sont pas fiables, il va falloir y
remédier. »
Il se précipita vers le visiophone et demanda un compte-rendu de la soirée ; il apprit ainsi que des intrus s’étaient introduits chez lui et
avaient fui avec deux motos qui avaient été volées quelques temps auparavant. Il demanda à voir la vidéo surveillance des robots qui avaient poursuivis les fuyards et reconnut parfaitement
Kirstie, mais les deux autres portaient d’étranges masques, empêchant toute identification. Quand il eut fini de consulter les images, il raccrocha et retourna à la cuisine où il retrouva Kelly
et Mark, qui semblait avoir été mis au courant de la situation.
« Ce sont des rebelles qui ont fait le coup, avec des motos volées à la police. Cette histoire est profondément humiliante, que vont penser mes
citoyens ?
– Ils n’en penseront rien car ils ne sauront rien : qui pourrait parler ? Peu de gens savent que nous avons une esclave et ceux qui
remarqueront la disparition de Kirstie, nous dirons que nous l’avons changée parce qu’elle n’était pas assez compétente et travailleuse. Quant à la police, ce ne sont que de vulgaires robots, à
qui veux-tu qu’ils racontent ça ? Et tu n’as aucun soucis à te faire pour la presse, puisque c’est toi qui la contrôle. Personne ne sera au courant de cette histoire.
– Comment savaient-ils que Kirstie était ici ? questionna Mark.
– Je n’en sais rien. Et comment ont-ils pu monter jusqu’ici ? Ils doivent avoir des alliés jusque dans l’élite.
– C’est ridicule : qui pourrait vouloir semer la pagaille ici ? C’est tellement merveilleux !
– Il y a toujours eu des anarchistes, des asociaux, des révolutionnaires…enfin des gens qui n’ont aucun respect pour le pouvoir et la société et font
tout pour tout détruire. Tu vois, Mark, mon but est d’éliminer ces gens pour que tous puissent être heureux et vivre sans crainte. J’espère arriver à mes fins avant ma mort, mais si j’échoue, je
souhaite que tu reprennes dignement le flambeau.
– Je te le promets, papa.
– Bien. Bon, je vais aller m’habiller, sinon je vais être en retard. »
Il quitta la cuisine et se rendit dans sa chambre pour enfiler un de ses costumes sombres, mais il n’eut pas le temps de finir de s’habiller que
Kelly le rejoignit.
« C’est elle, déclara-t-elle.
– Quoi ?
– Je parie qu’Oceany Antelwort Geller est mêlée à toute cette histoire.
– Qu’est ce que tu racontes, voyons ? C’est la future fiancée de mon fils, dont tu parles, je te le rappelle.
– Je sais, mais réfléchis un peu, Bill. Elle est venue ici hier et a fait la connaissance de Kirstie et comme par hasard, le soir même, les rebelles
viennent la libérer. Tu ne trouves pas ça bizarre ?
– Comme tu l’as dit, c’est un hasard. Oceany n’a aucune raison de faire ça, cette idée est ridicule.
– Vraiment ? Ils ont un complice parmi nous, sinon comment se seraient-ils procurés les passes ? Je n’ai pas de preuves mais pour moi, il
n’y a pas l’ombre d’un doute : Oceany est contre nous.
– Je n’ai pas le temps de partager tes délires, Kelly, je suis en retard. On en reparlera ce soir. »
Il acheva d’attacher sa cravate et passa à côté de sa femme pour sortir, sans même lui accorder un regard : il n’était pas question pour lui
d’envisager que sa future belle-fille puisse être une menace pour lui. Il avait le pouvoir absolu sur tous les élitaires et Oceany ne faisait pas exception à la règle.

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6 réflexions sur “Episode 12

  1. Ahlalala que c’est bon de régresser en jouant à c’est-moi-que-je-suis-la-premièreuuuhhh ! Bon j’admets, je suis quelque peu larguée quand à la continuité de cette saga chevaleresque made in Nina, mais je vais rattraper cette erreur, que dis-je ce crime Ô combien inexpliable (fayottage, fayottage)… Juré, mais pas craché, on risque de mal le prendre. Alors voici à présent un petit mot bien communément admis : ENCORE, ENCORE, ENCORE !! 🙂

  2. Toujours une aussi bonne trame 🙂
    Tres sympa a lire, peut etre que dans un autre format il serait potentiellement editable ^^
    BBonne continuation ^^

  3. Tout à fait d’accord avec Tutu… Ce roman se lit facilement et il est très agréable. L’histoire est prenante. Le genre de livres que j’aime bien acheter pour me détendre. J’attends la suite avec impatience…

    Bonne continuation Nina!

  4. ha enfin le retour de juan :d et il est balaise en moto en plus, dès qu’il fais des tucs avec oceany, je t’épouse nina hein (enfin je te pacs je suis contre le mariage)

    BAO et bonne continuation.

    BIsous
    juan

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