Maria jeta un coup d’œil furtif autour d’elle. Quand elle se fut assurée qu’il n’y avait personne, elle sauta dans la pièce. Elle se trouvait dans
les entrepôts à l’intérieur de l’ange Est, qui servaient à stocker les vestiges des civilisations passées en attendant l’ouverture du Musée municipal qui ne verrait probablement jamais le jour.
Les gens voulaient oublier le passé et étaient résolument tournés vers le futur. D’après ce qu’Oceany lui avait dit, il suffirait de faire exploser ces quatre statues pour faire disparaître la
ville, rien ne serait plus facile. Elle avait toujours été douée pour les explosifs et elle avait fabriqué quatre bombes de forte puissance télécommandées à distance, plus une moins importante
mais qui ferait quand même pas mal de dégâts qu’elle poserait sous la salle de réception. Puis elle la programmerait pour qu’elle explose en premier, pour être certaine que ses sales élitaires
crèveraient avant les autres.
Elle se dirigea vers un mur, accrocha sa bombe grâce à un système de ventouse et entra un code pour l’activer : à présent, personne ne pourrait
l’enlever sans tout faire exploser. Elle n’avait plus qu’à appuyer sur un bouton pour tout faire sauter. Elle les avait tous devancés ! Un agréable sentiment de victoire et de vengeance
l’envahit : elle avait eu le dessus sur Oceany, ce qui prouvait que le prestige ne pesait pas lourd dans la balance, seule la combativité et le courage comptait. Pourtant, elle avait un peu
peur pour Juan, mais elle ne pouvait pas le prévenir. Si elle lui avouait ses projets, il allait mettre en garde Oceany et elle refusait de faire quoi que ce soit pour la sauver. Elle devait
mourir avec les autres élitaires. De toute façon, elle n’avait jamais été de leur côté, elle les avait rejoint juste pour assouvir son besoin de dominer et contrôler les plus
faibles.
Elle ressortit de la pièce et enfourcha la moto qu’elle avait volée quelques jours plus tôt à la police, puis fonça en direction des sommets.
Avant de quitter le groupe de rebelles, elle avait pris soin de prendre un passe pour les sommets qu’Oceany avait volé, elle avait su que ça lui serait utile et elle ne s’était pas trompée.
Heureusement, elle avait bien écouté Juan quand il lui avait raconté son expédition à cette fameuse salle et elle se souvenait parfaitement du chemin, ce qui lui fit gagner un temps précieux.
Elle mit son engin en mode lévitation et grimpa sur le balcon, comme l’avaient fait Oceany et Juan tantôt, puis elle trafiqua la serrure pour entrer. Elle était aussi forte que sa pire ennemie en
informatique et technologie, si bien qu’elle avait pu, elle aussi, fabriquer son propre passe, ce qui lui fut très utile. Elle entra dans la pièce et resta un instant à étudier le lieu :
c’était très beau, ces grandes baies vitrées et ses peintures au plafond, une excellente copie des œuvres de Michel Ange à la chapelle sixtine. Elle avait toujours aimé l’art et ne put s’empêcher
d’admirer la fresque pendant quelques instants. L’imitation était si parfaite, quel travail admirable !
Elle fut interrompue par un bruit qui la fit sursauter : il devait y avoir quelqu’un près d’ici, elle ne devait pas s’attarder. Elle s’avança
vers la porte d’entrée quand celle-ci s’ouvrit brutalement et une vingtaine d’agents-robots fondirent sur elle. Elle resta un court instant immobile, paralysée par la surprise et la peur, puis
elle prit ses jambes à son cou. Mais ils la rattrapèrent facilement et, malgré sa lutte acharnée pour échapper aux griffes des policiers, elle ne put s’échapper. Ils la poussèrent vers l’entrée
où se tenait un homme brun, très séduisant, vêtu d’un grand manteau en cuir et d’un jean noir. Il se pencha vers elle et prit le menton de sa prisonnière entre ses mains et attira ce joli visage
vers le sien.
« En voilà un joli oiseau, il égaiera un peu ma cage. Amenez-la à la Mairie et enfermez-la, M Oxford l’interrogera demain.
– Voyons, que ces mots sont laids quand ils sortent de votre jolie bouche. Gardez plutôt votre salive pour demain, vous en aurez besoin. Allez-y,
amenez-la, elle me fatigue.
– Salaud ! Tu vas payer, je te le jure, je vais éclater ta sale gueule de frimeur !
– Tsss ! Plus elles sont jolies, plus elles sont vulgaires. »
Oceany posa sa tête sur le torse de son compagnon et regarda par la fenêtre. Le
ciel s’éclaircissait et le soleil n’allait pas tarder à se lever. La nuit lui avait paru si courte, elle était étonnée de voir qu’il était déjà si tard.
Ethan bougea légèrement et le changement de sa respiration lui indiqua qu’il venait de se réveiller, mais elle ne bougea pas. Elle était si bien près
de lui, elle aurait aimé y rester pour toujours. Il passa son bras autour de ses épaules et lui caressa doucement la peau nue de son avant-bras.
« Bonjour, fit-il. Bien dormi ?
– Peu mais bien. C’est étrange.
– De me réveiller à tes côtés, je n’aurais jamais cru ça possible. Il y a quelques temps, je te considérais comme un ennemi et
maintenant…
– Oui, c’est vrai, la vie nous réserve de drôles de surprises. Neve serait folle de jalousie si elle savait que j’avais partagé mon lit avec un des
meilleurs partis de la ville.
– Ah, Neve…toi, tu es fiancé avec elle, moi je vais l’être avec Mark et on ne peut rien faire pour changer ça, alors que ça nous emmerde tous les
deux. Tu imagines, si on était nés 20 ans plus tôt, on aurait pu s’aimer tranquillement, avoir une jolie maison près de l’océan et se prélasser sur la plage… Alors que là, on ne peut plus voir
l’océan qu’à l’horizon et les rayons du soleil sont déviés par cette sale vitre géante pour éviter l’effet de serre. Tu t’es déjà baigné dans l’océan ?
– Moi, j’ai jamais pu : pendant la guerre, on se terrait dans des camps éloignés de la mer en cas de débarquement aquatique et après, l’eau
était polluée par le virus, c’était trop risqué. Maintenant, je sui sûre que les germes sont morts et qu’on pourrait se baigner sans risque, mais on ne peut pas sortir de cette foutue ville.
Oxford veut pouvoir nous contrôler en permanence. Que nous reste-t-il ?
– Même pas. Si je ne t’avais pas rencontré, je n’aurais jamais su ce qu’était l’amour ; tout le monde reste chez soi, les ordinateurs nous
apportent tout ce dont nous avons besoin, plus personne ne sort et si on ne sort pas, on ne peut pas rencontrer l’amour. Nous ne sommes plus que de pauvres âmes solitaires, c’est horrible. Je ne
veux pas qu’Oliver grandisse dans cet univers, sans amis, isolé dans son coin et je ne veux pas…que ma mère finisse sa vie ici, je veux partir avec elle voir l’océan.
– Il le faut, je dois le faire pour ma mère et mon frère, tout ce que je fais, je le fais pour eux.
– Moi, maintenant, je me battrai pour toi. Je veux que tu vois l’océan et nous irons nous baigner tous les deux, je te le jure. »
Elle ne répondit pas, touchée par cette déclaration. Ce matin resterait sans doute l’un des plus beaux de sa vie, tout annonçait que le bonheur était
à portée de main. Comme pour être le témoin de la promesse qu’Ethan venait de lui faire, le soleil apparut au-delà des immeubles et ils le regardèrent s’élever en silence, jusqu’à ce qu’un des
rayons vint frapper la bulle de verre et les éblouit.
« On ne peut même plus regarder un lever de soleil sans risquer de devenir aveugle, c’est atroce, gémit-elle.
Courage, on trouvera un moyen de sortir de là, promis. Comme ça, on pourra aller prendre un bain de minuit dans le pacifique, tous les
deux !
Elle attrapa un oreiller et lui jeta à la figure, ce qui le fit rire. Il n’hésita à riposter, donnant le coup d’envoi d’une joyeuse bataille
d’oreiller qui stoppa quand ils n’eurent plus de munitions. Alors le jeune homme plaqua son adversaire sur le matelas et lui administra son arme secrète pour la faire capituler : un baiser
fougueux qui fit totalement fondre sa partenaire.
Kelly entra dans le bureau de son mari et l’observa un instant : il était
plongé dans la contemplation de sa ville et semblait béat. Quel crétin ! Il s’imaginait qu’ils étaient tous à ses pieds, mais il n’était qu’un pantin et elle avait hâte de se débarrasser de
lui. Mais le grand patron n’était pas d’accord avec elle : Oxford avait encore toute son influence et sa popularité, personne ne voulait le voir quitter son poste hormis un minuscule groupe
de rebelles. Et tant qu’il en serait ainsi, il resterait à sa place.
Il se retourna et appuya sur un bouton pour stopper la rotation de son bureau. Il adressa à sa femme d’un œil lubrique qui l’écœurait plus que tout.
Il la dégoûtait de plus en plus et c’était une véritable corvée de partager le même lit que lui, mais elle n’avait pas le choix. Quitter Bill revenait à signer son arrêt de mort.
« Kelly ? Je suis étonné de te voir ici. Tu veux quelque chose ?
– Oui : je veux assister à l’interrogatoire de la rebelle. Après tout, c’est grâce à mon plan qu’on l’a arrêtée, je veux savoir ce qu’elle va
dire.
– Oh…pourquoi pas, après tout ? De toute façon, quoi qu’elle dise, elle sera exécutée, je ne vois pas en quoi ta présence serait
gênante.
– C’est ce que je m’étais dit et… »
Elle n’eut pas le temps de finir qu’une douce sonnerie retentit, indiquant que quelqu’un voulait monter. Bill appuya sur un bouton et le visage de
ses visiteurs, en l’occurrence Bryan accompagné de la rebelle et d’une demi-douzaine d’agent-robots, apparut sur l’écran de son ordinateur ; il tapa sur autre bouton pour ouvrir la porte,
les autorisant ainsi à entrer, ce qui fit doucement ricaner Kelly. Son cher époux adorait ce genre de gadget totalement inutile, puisqu’on entrait dans son bureau comme dans un
moulin.
La petite troupe fit irruption dans le bureau et Bryan força la prisonnière à s’asseoir dans un fauteuil, où deux robots la menottèrent pour éviter
qu’elle s’échappe. Elle leva les yeux vers le couple le plus important de la ville et les défia du regard, croyant encore qu’elle allait s’en sortir, ce qui plut à Kelly. Elle n’aimait pas les
faibles et préférait triompher sur ceux qui avaient de l’énergie à revendre. Or cette femme semblait avoir un tempérament ardent. Bill, de son côté, remarqua la beauté de ses traits et il se
demanda un instant comment une femme aussi esthétique pouvait être une rebelle, une incarnation du mal alors qu’elle aurait pu faire un superbe modèle pour une statue de la madone. D’ailleurs,
quand elle serait morte, il ferait sculpter une statue à son image représentant la vierge, il mettrait cette œuvre dans son bureau comme symbole de son pouvoir illimité.
« Alors, mademoiselle, on vous a surprise dans la salle de réception de la ville en possession d’une bombe. C’est ce qu’on appelle du flagrant
délit, commença Bill.
– Appelez ça comme vous voudrez, vos beaux discours ne m’impressionnent pas.
– Je vois. Alors, mademoiselle…quel est votre nom ?
– Qu’est ce que ça peut vous foutre ?
– Elle s’appelle Maria Ramirez, elle vit dans les plus bas étages. C’est une exclue, indiqua Bryan.
– Vous avez trouvé ça tout seul où on vous a aidé ?
– Quel tempérament ! Je suis impressionnée, annonça Kelly. Vous deviez être un précieux atout pour votre groupe de rebelle, dommage que vous
ayez été capturée.
– J’ai du mal à vous croire, excusez-moi. Si nous faisions un marché, Mlle Ramirez ?
– Je ne traite pas avec des ordures de votre genre, surtout quand il s’agit d’une pauvre potiche.
– Donnez-nous le nom de votre chef et nous vous relâchons.
– Laisse-moi faire, Bill, je sais très bien ce que je fais. Alors ?
– Je vous ai déjà dit que je travaillais seule.
– Vraiment ? On a trouvé sur vous le passe d’une certaine Mme Margaret Thornton. Or ce passe a été volé lors d’une réception dans cette même
salle où on vous a arrêtée, hier soir. Comment vous l’êtes vous procuré ?
– Vous l’avez dit vous-même : je le lui ai volé.
– Vous n’avez pas pu avoir accès à cette salle, l’entrée était scrupuleusement surveillée et si vous avez ce passe maintenant, c’est que vous
n’en aviez pas avant. Sinon vous n’auriez pas pris le risque insensé de vous balader parmi les membres de l’élite pour voler ce malheureux passe. Vous ne pouvez pas être seule.
– Je n’étais pas seule, à l’époque, c’est vrai, mais c’est le cas maintenant, foutez-moi la paix.
– Alors, dites-nous qui était l’élitaire qui vous a fourni ce passe et on vous relâche.
– Allez vous faire foutre, sale blondasse. »
Kelly toisa son adversaire du regard et lui colla une gifle. Elle ne supportait que cette exclue, cette moins que rien lui tienne tête, mais elle
allait le payer très cher. Elle allait mourir pour cet affront.
« Tous vos efforts auraient été vains, de toute façon, Mlle Ramirez. La fête aura lieu au Théâtre municipal et non pas à la salle de réception.
Nous avons fait exprès de donner de mauvaises informations pour piéger les rebelles en mal d’attentat et pour éviter tout risque d’explosion. Et grâce à vous, nous pourrons ajouter une nouvelle
attraction à cette soirée qui s’annonce déjà follement amusante.
– Grâce à moi ? Qu’est-ce que vous voulez me faire ?
– Vous exécuter publiquement. Alors, vous ne voulez toujours pas parler ?
– Non et quand mon petit feu d’artifice explosera, je serai heureuse de vous retrouver en Enfer.
– De quoi parlez-vous ? s’inquiéta soudain Bill.
– J’ai installé quatre bombes trois fois plus puissantes que celle que je voulais faire exploser à votre réception à la base des quatre piliers. Une
fois que les piliers auront sauté, Technopolis sera réduite en poussière.
– Comment savez-vous ça ?
– J’ai mes sources. Le premier qui les touche les fera exploser, c’est ennuyeux, non ? La seule façon de les désamorcer est d’entrer le code
d’accès et je suis la seule à le connaître.
– Et alors ? Si vous ne les déclenchez pas, elles n’exploseront pas, rétorqua Kelly.
– N’en soyez pas si certaine, starlette de pacotille. Je les ai programmées pour qu’elles explosent une semaine après la réception, au cas où il
m’arriverait quelque chose. Et si vous avez le malheur d’entrer le mauvais code d’accès, ça vous explosera à la figure. Nous sommes tous morts. »
Elle défia une nouvelle fois Kelly du regard, puisque ça ne se passait plus qu’entre elles, à présent et un immense sourire se dessina sur son
visage. Elle allait peut-être mourir, mais ils la suivraient tous en enfer, en particulier cette blonde qui tirait toutes les ficelles. C’était elle, le véritable ennemi et non pas Oxford qui
semblait totalement soumis à sa belle. Elle aurait peut-être pu sauver sa vie en dénonçant Oceany et même Wadeker, mais elle n’était pas une traîtresse. Elle avait trop de fierté pour s’incliner
devant ces pontes et, surtout, Oceany n’était pour rien dans cette histoire et les survivants expliqueraient que c’était elle, Maria Ramirez qui les avait sauvés de cette ville maudite. Elle
passerait pour une héroïne martyr, il lui avait bien pire comme mort.
La dénommée Kelly jeta un regard à l’homme de main d’Oxford et quitta le bureau. Le jeune homme ordonna aux robots de la ramener dans sa cellule et
s’éclipsa à son tour. Ca ne l’étonnerait pas si ces deux-là trafiquaient quelque chose ensemble.
Prems!! Chapitre 14!! ça avance ça avance…
bon ben deuz (j’aurais pu deuzer avant, j’en conviens, mais le deuz ne procure pas l’excitation du preum’s…)…
« starlette de pacotille » ? j’aime beaucoup, ça, c’est de l’insulte !
to be continued
ça me fait un peu penser à un mélange entre Le passeur et Artémis Fowl… c’est sympa ^^
arf c’est pas grave 🙂 oui c’est un compliment ^^
Le résumé du passeur: Jonas va avoir douze ans. Il vit dans une société où n’existent ni guerre, ni pauvreté, ni chômage, ni couleurs, ni animaux… Cette société est composée d’individus amnésiques et parfaits dont les vieux et les nourrissons, trop faibles, ont été éliminés. Personne ne se rebelle, tout le monde semble ignorer qu’il puisse en être autrement. Seul « le passeur » peut garder la mémoire. Et Jonas est désigné pour être ce passeur… Un récit qui ne dit qu’une chose, mais qui la dit si bien : « Méfiez-vous des sociétés idéales ! »
« Elle attrapa un oreiller et lui jeta à la figure, ce qui le fit rire. Il nhésita à riposter, donnant le coup denvoi dune joyeuse bataille doreiller qui stoppa quand ils neurent plus de munitions »
C’est ultra tendance le pillow fight… Il y en a eu notamment un le 20 mai à Paris. Pour les prochaines dates et rendez vous, n’hésitez pas à aller faire un tour sur:
http://www.pillow-fight.eu