Travailler dans sa passion, ce n’est jamais vraiment travailler

Proverbe à la con ou à peu près certainement croisé trente fois sur LinkedIn. On a quand même un rapport bizarre au travail si on y réfléchit bien. Parlez autour de vous, tout le monde va trouver à se plaindre de ce quotidien répétitif, peu épanouissant et souvent humiliant. Pourtant, notre métier, pour certains, on l’a choisi, non ? Alors pourquoi travailler dans sa passion, ce n’est pas tant le paradis que ça ?

Endroit parfait pour travailler - travailler dans sa passion

Il y a quelques années, j’avais cotoyé rapidement un mec qui, tout mytho qu’il soit, m’avait posé une question intéressante : “pourquoi tu passerais pas ton rescue diving ? Comme ça après, tu pars vivre en Thaïlande pour devenir prof de plongée là-bas !”. Mmmm, vivre toute l’année au soleil et une bonne partie sous l’eau, j’avoue que ça fait rêver. J’ai d’ailleurs un ancien camarade de mon club de plongée qui vient de tout plaquer à 40 ans et quelques pour devenir encadrant dans le sud… Bon, un peu poussé par une rupture, certes, mais quand même. Alors allons demander son avis à Laurent, notre encadrant pendant notre voyage aux Philippines “Tu vois, j’ai pas le droit de me dire un jour “non, je plonge pas, j’ai pas envie”, je dois y aller tous les jours et là, j’en ai marre !”. Parce que la plongée, c’est en général très sympa mais parfois, ça peut juste être horrible : tu peux plonger avec des boulets qui vont gâcher la sortie de tout le monde, il y a les conditions météo qui ne sont pas toujours au top, le courant, le froid, la fatigue… La première chose que tu apprends en plongée, c’est de ne pas y aller si tu le sens pas. Sauf quand tu encadres.

Poissons clown dans leur anémone

Il y a l’écriture. Mon rêve de chichounette, le truc que je rêvais de faire petite en tapant à deux doigts sur la vieille Olivetti de mes parents. Sauf que… l’écriture est un loisir pour moi, une petite escapade hors de mon quotidien comme le serait une balade en forêt par exemple. Et j’ai peur qu’à partir du moment où ça devient une obligation, mon “petit tour en forêt” devienne une tannée de type “balade avec de la boue jusqu’au genoux, tout ça pour servir de buffet aux moustiques”. Ca fait de suite moins envie. Voyez si je prends en exemple ce blog qui n’est pas du tout mon travail vu qu’il me rapporte pas un cent, il fut un temps où je me forçais à écrire juste pour publier régulièrement… et plus je me force plus j’écris mal. Parce que des fois, j’ai pas envie. Parce que des fois, je suis fatiguée. C’est même pas forcément que j’ai rien à dire, juste que ce que j’ai à dire, ça sort pas. Si vous saviez le nombre d’articles abandonnés que je tente de reprendre parfois en me demandant ce que je cherchais à dire au moment où je l’avais débuté.

forêt sur le versant de la Soufrière Guadeloupe

Alors, oui, vous allez me dire que ce que je vous dis sur mes passions comme travail, c’est finalement comme n’importe quel job : y a des jours avec et des jours sans. Y a des jours où je vais pondre 3 recos avant le déjeuner et d’autres où, sur la même plage horaire, j’aurai juste écrit le titre de la première slide. Sauf que mon travail n’est pas ma passion : je le fais par hasard, y a des jours où j’aime ce que je fais, d’autres où je passe ma journée à chercher quelle formation je pourrais faire pour me tirer de là (ou des recettes de cuisine ou des cours de sport… ou n’importe quoi parce que j’ai pas envie). Peut-être que c’est juste moi qui ai une vision merdique du travail, un truc où tu dois t’y coller tous les jours, peu importe si c’est un jour plus ou un jour moins… En tout cas, depuis que j’ai mon rituel d’écrire dans le métro, j’écris un peu tous les jours, c’est facile, ça coule tout seul. Mais il est vrai qu’avoir ce métier à côté qui me ramène suffisamment de sous pour préparer actuellement mon projet voyage au Japon, peut-être ne suis-je pas prête à lâcher ça pour faire ce travail que j’aimerais tellement que j’aurais pas l’impression de travailler.

Le bonheur au travail

Peut-être ai-je choisi la mauvaise stratégie ?

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