Je vous parle d’un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître. En ce temps là, dans les rues de Paris, tous se saluaient à coup de bonjour, bonjour, bonjour, le boulanger porte son plateau bien garni du bon vieux pain de son fournil, bonjour, bonjour, salue ta famille ! . Mais hélas, avec le temps va, tout s’en va et aujourd’hui, les gens ne se parlent plus.
“Dans le métro, les gens sont tous sur leurs smartphones et ne se parlent plus”, “Pokemon Go, c’est nul, les gens sont scotchés à leur jeu et ne se parlent plus”, “on peut plus draguer les meufs dans la rue, dès que tu leur adresses la parole, elles fuient. Comment tu veux que les gens se parlent, après.” Alors pour le dernier (vrai argument déjà entendu, je.vous.jure), j’ai envie de lui dire que “draguer” n’est pas synonyme de “parler”, je réponds très gentiment aux gens qui me demandent leur route, j’ignore les “hé mademoiselle”, par contre. Mais pourtant, ça pleure, ça chouine parce que plus personne ne se parle. Très bien. Mais c’était quand que les gens se parlaient spontanément comme ça ?
N’ayant vécu qu’une trentaine d’années et uniquement en France, mon expérience est certes limitée mais déjà enfant, je n’ai pas de souvenirs de gens commençant à deviser spontanément dans la rue, comme ça, pour le plaisir… Je me souviens même qu’à une époque, j’avais décidé, je ne sais plus pourquoi, de dire bonjour à ABSOLUMENT tout le monde dans la rue. Je vous parle de quelque chose qui a dû se dérouler en 85, max 86, donc bien avant les smartphones, Tinder et Pokemon Go, on avait déjà à peine des téléphones sans fil (je suis quasi sûre que j’avais encore un téléphone à écran, peut-être à touche à ce moment là, avec le gros fil qui s’emmêle) et déjà, quand je faisais ça, je sentais souvent de l’indifférence, parfois de la gêne… En fait, le seul endroit où je vois des inconnus se saluer spontanément, c’est dans les salles d’attente et sur les sentiers de promenade… Même dans mes cours de yoga où on est censés être tous zen et bienveillants, beaucoup entrent et sortent sans dire bonjour ou au revoir.
L’ignorance de l’autre, un mal typique de la fin du XXe- début XXIe ? Et bien… non pas du tout. Je n’ai pas lu tous les romans qui existent mais il me semble que les gens inconnus qui viennent vous parler comme ça, dans la rue, ça n’a jamais été très bien tolérés, c’est plus vu comme un signe de folie que de politesse… ou alors, c’est quelqu’un qui veut vous vendre ou réclamer quelque chose. Bref, pas la grande conversation chaleureuse ou enthousiaste.
Alors je sens déjà qu’on va me rétorquer “mais attends trop pas, dans tel roman, à un moment, y a un personnage qui est seul et on vient lui parler”. Sans doute mais ça, ça arrive dans la vraie vie. Je veux dire, soyons honnêtes trente secondes. Non, je ne parle pas aux gens spontanément dans la rue ou dans le métro parce que j’ai le nez sur ma liseuse ou que je suis en train d’écrire mais il arrive parfois quelque chose, un détail insignifiant qui va engager une conversation. Encore l’autre soir, je terminais une conversation téléphonique dans le bus (et je mérite le bûcher pour ça, je déteste entendre les discussions des autres) avec ma maman, je claque donc le traditionnel “bisous, mamoune!” puis raccroche. Là, une femme est venue vers moi “oh ben ma fille aussi, elle m’appelle Mamoune, je croyais que c’était la seule !” Hé non, Sud ouest power, qu’est-ce que tu crois ! Rien, juste ce petit rien, la dame est descendue après en me disant bonne soirée. C’était à la fois mignon et un peu flippant et j’ai compris pourquoi Victor me dit que je parle trop fort au téléphone.
Alors on va arrêter un peu avec ce “c’était mieux avant, les gens se parlaient” parce que désolée mais non. Pas plus que maintenant, en tout cas. Et ce n’est pas une histoire de smartphone, de malséance ou je ne sais pas quoi, juste que… pourquoi on irait parler spontanément à des gens à qui on n’a rien dire. C’est des fois galère de soutenir une conversation avec des connaissance, pourquoi tenter avec des gens qui ne nous demandent rien et ont peut-être juste envie de calme et de rester dans leurs pensées. Oui parce qu’on n’a pas attendu les smartphones pour ne pas avoir envie de causer tout le temps, partout, voyez… Des fois, on a juste besoin de… enjoy the silence
J’ai moins de 20ans et je viens à l’instant de saluer un passant (inconnus).. Après réflexion je me demande si nous nous saluons pas plutôt pour nourrir ce vide dans le regard, c’est vrai qu’on ne sait pas trop quoi penser quand notre regard croise celui d’un autre. Peut être s’agit-il d’un instinct que nous héritons de nos ancêtres pour établir une confiance (pour s’assurer qu’il n’y a pas de danger).
C’est intéressant ce point d’établir une confiance. Je suis de nature souriante, j’adresse naturellement des sourires aux gens pour des raisons diverses (on me cède le passage ou nous assistons à une scène amusante et ça crée une connivence). Je me souviens que j’avais été super déstabilisée au Japon quand les gens baissaient les yeux quand ils me cédaient le passage et que je leur souriais en remerciement… dans le vide. D’un autre côté, on avait remarqué avec mon copain qu’on saluait les gens en forêt par exemple. Est-ce parce que moins de monde ou justement ce côté « je ne suis pas un danger, nous nous sommes identifiés, tout va bien » ?
J ai connus une personne pendant 38 ans une personne avec qui j ai grandi et un jour cette personne a décidé de couper les ponts avec moi pire avec ma mere celle qui l a élevé comme un fils .je lui ai demandé par messenger le pourquoi du comment il les as lu mes textos mais ma répondus par son silence. Il m appelait frere mais derrière ça toutes ces années je pense quil a fait le faux semblant.aujourshui le monde d aujourdhui c est un monde d invidualisme .la vrai amitie jy crois plus trop .
Ça m’arrive vraiment pas tous les jours de prendre le temps d’écrire un commentaire sur un bloc, mais là ça me gonfle.
Facile de jouer sur la caricature d’un discours transformé en « c’était mieux avant » pour donner l’illusion d’une pensée critique. Les interactions sociales avec autrui ne relèvent pas de la pure sécurisation, y a autre chose, une envie d’aller vers l’autre en fait. « C’est des fois galère de soutenir une conversation avec des connaissance » -> ben si pour toi une interaction avec autrui est un effort, n’en fais pas une généralisation pour les autres. Personne t’obliges à te forcer, et pas la peine de faire tout un texte qui pour moi ne fais que suggérer que tu as du mal à gérer la rencontre avec l’inconnu (sans offense). Pour moi on est juste dans une espèce de projection : si c’est la norme pour toi et d’autres gens de notre époque de vous sentir en insécurité dès la première interaction non contrôlée, ça veut pas dire que c’est quelque chose qui devrait être bizarre. Et peut être qu’en fait ça vient un peu de vous le problème. Et en fait pourquoi ? Ben parce que au fond y a pas de problème, en fait c’est vous qui établissez qu’il y a un problème dès qu’un peu de vie se manifeste autrement que dans « ce que je veux dans mon monde idéal ou je contrôle tout ». C’est juste ouf, à croire que y a limite du harcèlement de la part des autres humains à la lecture de la fin du texte.
« Encore l’autre soir, je terminais une conversation téléphonique dans le bus (et je mérite le bûcher pour ça, je déteste entendre les discussions des autres) avec ma maman, je claque donc le traditionnel “bisous, mamoune!” puis raccroche. Là, une femme est venue vers moi “oh ben ma fille aussi, elle m’appelle Mamoune, je croyais que c’était la seule !” Hé non, Sud ouest power, qu’est-ce que tu crois ! Rien, juste ce petit rien, la dame est descendue après en me disant bonne soirée. C’était à la fois mignon et un peu flippant et j’ai compris pourquoi Victor me dit que je parle trop fort au téléphone »
Je trouve ce paragraphe juste hallucinant. Sans commentaire sur cette formulation ironique douteuse du « je mérite le bûcher ». C’est ok d’être un peu naturel(le) et spontané(e) dans la vie tu sais. Non seulement tu condamnes les gens de parler trop fort au téléphone (qui vivent leur vie en fait comme ça arrive des fois à tous), mais en plus tu te condamnes aussi toi même (ce qui est paradoxal étant donné qu’en même temps tu reconnais le faire sur le moment, donc la condamnation n’a aucun sens puisque tu retrouves cette action aussi en toi). Mais ce « un peu flippant » ça me fait vraiment halluciner. La vie c’est aussi le hasard, la spontanéité, le partage des émotions sur le moment, c’est pas parce que quelqu’un va te parler spontanément qu’il va vouloir devenir ton pote, ça me rend ouf de lire des trucs pareil. À moins que ce ne soit flippant seulement parce que tu ne t’es pas rendue compte que tout le monde avait entendu ta conversation, ce qui est là autre chose.
Cela dit cette histoire de Être porté sur l’autre, c’est quelque chose de naturel pour beaucoup. Rien de malsain, rien à vendre, c’est juste de l’humain. Beaucoup de nos normes sociales d’aujourd’hui en particulier en France reposent sur les restes des manières de cour, ainsi que sur les notions bourgeoises de retenue. C’est pas mal d’y réfléchir un peu des fois. Après si t’aimes pas les gens que tu connais pas tu peux écrire un texte intitulé « j’aime pas les gens que je ne connais pas » et ça peut mieux marcher aussi.
Il suffit de voyager pour se rendre compte que les gens se parlent.
Et ça c’est un peu plus instructifs que regarder des séries 😉
Heu… ok. Il faut se calmer un peu, cet article avait juste pour but de dire qu’il faut arrêter de croire que la technologie nous isole et qu’avant, les gens se parlaient mais qu’on ne le fait plus à cause de nos téléphones. Cependant, les gens qui m’imposent leurs conversations privées dans un espace où je suis enfermée avec eux restent des plaies à mes yeux. Tu as l’air d’apprécier que les gens aient conscience de ton existence. Le problème semble donc plu localisé au niveau de ton nombril qu’autre chose. Me pondre un commentaire plus long que mon article pour m’expliquer à quel point le fait de ne pas avoir envie de parler à des inconnus fait de moi une horrible personne, wah. Déjà, as-tu déjà envisagé que certaines personnes ont une énergie sociétale limitée du fait de leur introversion, par exemple ? Bah non vu qu’en vérité, ce qui semble te déranger, c’est qu’on t’ignore.
Mais sinon, tu sais, j’ai des amis et un tissu relationnel suffisamment dense pour pas avoir besoin d’aller causer avec des inconnus dans la rue. Essaie l’amitié, tu vas voir, c’est plus instructif que de regarder des séries et de s’inventer une vie où les gens kiffent qu’un random vienne briser leur tranquilité 😉
Je kiff grave votre commentaire j’aurais pas dit mieux
Bon il ne faut pas oublié qu’il y a beaucoup de personnes seules et qui en souffrent alors de parler de son réseau d’amis c’est un peu égoïste
Ouvrez vos portes accueillez l’autre
Personnellement je me suis fixée une règle de vie trouver toutes les occasions surtout dans une grande surface pour plaisanter ou encore râler de la hausse des prix avec la personne qui est à côté de moi et très souvent ça marche et on se sourit …
Pourquoi tant de personnes âgées viennent faire leurs courses aux heures de pointe …
Ceci dit certaines sont parfois désagréables et ne sont pas les 1ères à sourire et à être sympa avec les caissières elles sont dans l’air du temps qui est de je pousse mon caddie je me sers je ferme la porte réfrigérée je retrouve la même personne que je viens de croiser là dans un autre rayon et j’en ai rien à feutre d’elle
Tout cela m’attriste et je veux résister à ce qui se vit aujourd’hui
Hélène de libourne
Je pense qu’il y a une grosse différence entre établir un bref contact avec une personne et regretter un temps qui n’existe pas. Je suis la première à entrer en contact avec des gens de façon aléatoire, à échanger un regard complice s’il se passe un truc notable. Etre sur mon téléphone ou mon livre ne m’empêche pas d’être attentive à mon environnement. Mais après, l’injonction à être toujours ouverte aux autres, bah désolée mais non. Parce que y a des jours où ça ne va pas. Où j’ai épuisée toute mon énergie sociale et je n’en ai plus en réserve.
Mais sinon, jamais dans aucun univers, les gens se sont parlés spontanément en n’importe quelle circonstance. Croire que c’est l’air du temps de ne pas se parler, c’est juste un mythe.
Parler, ça fait parti de notre langage quotidien. Mais, en ces temps si les gens évitent de se parler et discuter des choses qui les intéressent ayant pour raison d’être incompris ou éviter tout malentendu. La plupart des gens trouvent le silence comme façon de communiquer lorsque le ressenti est difficile à exprimer. Parler, c’est dire des choses intimes et discrètes de soi, ce que les autres ne conçoivent pas et réagissent d’une façon agressive et violente. Parler, est devenu un mythe que les autres ignorent et refusent de omprendre. Alors, il vaut mieux garder son silence et son sang froid.
Moi je suis d’accord avec votre texte les gens sont incapable de parler spontanément (je ne les blâmes pas)Je suis un peu introverti ,mais c’est vrai que je ne serais pas contre discuter avec des gens spontanément,pourquoi je ne le fais pas ?simplement pour ne pas passer pour un extra terrestre alors je fais comme tout le monde
Mais est-ce quelqu’un a lu l’article avant de commenter ? Je parle du fait qu’on chouine sur les mobiles qui empêchent les gens de parler ensemble alors que jamais, dans l’histoire de l’humanité, des inconnus se mettaient à parler spontanément entre eux… Pourquoi tout le monde vient m’expliquer que c’est triste de pas se parler. De 1, ce n’est pas le sujet et de 2, si une conversation doit avoir lieu, elle aura lieu et de 3, c’est bizarre de vouloir imposer son envie de parler aux gens, sans tenir compte du fait que des fois, les gens n’ont pas envie de parler et c’est leur droit le plus absolu.