J’aime les trains. J’y vois toujours une bonne occasion de passer agréablement le temps : je lis, je découvre de nouveaux paysages. Une sorte de parenthèse dans le temps. J’avais donc décidé de nous faire des vacances “road trip en train” grâce à l’interrail mais au vu du menu, celui-ci ne m’arrangeait plus. Nous ne prenions le train que pour deux trajets : 4h de Prague à Budapest et une nuit de Budapest à Split.
Le premier trajet m’avait enchanté : non seulement les wagons sont emménagés de sorte que nous ayons chacun pas mal de place mais en plus, ils avaient un vrai wagon restaurant nous permettant de déguster un goulash en regardant défiler la campagne slovaque. Face à ce succès, j’avais hâte de tester le train de nuit surtout que nous avions réservé une cabine 3 places à deux avec de la chance, nous serions seuls… Mmmm.
J’avais, je l’avoue, une idée un peu romantique du train de nuit. Je l’ai pourtant déjà emprunté : un Toulouse-Paris (parti avec 1h30 de retard et où j’avais mal dormi) et plus jeune lors d’un voyage de classe pour aller à Berlin (on avait peu dormi mais c’était un peu le plan au départ). Je nous imaginais déjà nous aimer au rythme lancinant du train glissant sur les rails…
Retour dans la gare Keleti à Budapest, on se rend tranquillement jusqu’à notre train, j’admire les motrices flambant neuves et les wagons avec wifi qui nous entourent. Ah, voie A, c’est le nôtre et… pourquoi ce train me rappelle vaguement les vieux train corail de quand j’étais petite ? Bon, il ne faut pas juger à l’enveloppe. Ok, bon, l’intérieur n’est pas ouf non plus, la banquette gratte et c’est vieux mais c’est pas grave, ne paniquons pas… Le train se remplit, pas mal de familles ou de jeunes vadrouilleurs mais personne ne vient compléter notre compartiment. Ce soir, nous serons seuls…
Le train s’ébranle après 20 mn de retard, je me plonge dans un courrier international tandis que Victor veut s’allonger sur la couchette déjà dépliée… Sauf que, ahah, il ne rentre pas : il est trop grand (il fait 1m80, c’est pas un géant non plus), il doit se plier pour pouvoir s’allonger. Autant vous dire que là, je commençais à regretter un peu mon plan “romantique”…
Le soir arrive, on grignote un bout de ce qu’il nous restait de notre séjour à Budapest (du houmous et du pain qui s’est révélé moisi). Victor étant affamé, on essaie de trouver un truc à grignoter et la seule solution : acheter un snack au contrôleur soit, dans notre cas… des croissants industriels avec une noix de faux nutella. On demande à avoir notre couchette dépliée, on n’en demande qu’une, se disant qu’n allait se serrer pour dormir ensemble dessus. Sauf que :
- c’est vraiment étroit
- le bord du lit est en fer (et incrusté dans ma hanche)
- y a pas la clim, le train est trop bruyant pour qu’on puisse ouvrir la fenêtre.
Oh la belle nuit que l’on va passer…
23h, on éteint la lumière, on se love l’un contre l’autre quand je sens quelque chose de dur… Tiens, tiens, Victor est d’humeur coquinette. Le train s’arrête en gare quand soudain, ça tambourine méchamment à la porte “Passport !! Passport !!” Oh putain, la douane… Branle (sans mauvais jeu de mot) bas de combat, on renfile vite un t-shirt, on s’enroule dans les draps, la tension monte, ça continue à taper à la porte… On finit par ouvrir, un peu gênés, beaucoup saoulés, on file nos passeports. Les douaniers nous dévisagent, checkent nos passeports puis repartent. Alors qu’on commençait à se dire que ce voyage en train devenait compliqué, ça recommence : coups à la porte “Passport ! Passport !” mais oh ! Oui donc on a eu droit à la visite de la douane hongroise et de la douane croate et je ne sais pas de quelle nationalité était la dernière mais la dame a bieeeeeen regardé nos têtes et bieeeeeeeeen feuilleté mon passeport (parce que j’ai quelques tampons arabes, oui, mais j’ai pas trop la gueule d’une terroriste Daesh telle qu’on se l’imagine). Les douaniers repartent, on est blasés. Victor remonte sur l’autre couchette pour s’y plier comme il peut, j’essaie de fixer tout ce qui bouge dans le wagon et tape contre les parois. Ca tangue, ça fait du bruit, ça s’arrête tout le temps pour laisser passer d’autres trains… Et je passe la nuit à regretter mon idée de génie.
Bref, que retenir de positif de ce voyage : le moment où on a longé le lac Balaton en Hongrie car ça avait l’air joli et un peu l’arrivée sur Split (avec une heure de retard). Et la promesse que la prochaine fois, on prendra l’avion.