2016 débute sur les chapeaux de roue avec non pas un mais deux décès de people. A ma gauche, Michel Delpech, chanteur gravement malade depuis des années et à ma droite, Michel Galabru, 93 ans. Deux disparitions qui sont donc loin d’être surprenantes ou choquantes contrairement à celle de Jules Bianchi, par exemple, décédé à 25 ans en pleien course. Et pourtant, tout le monde s’est mise à pleurer sur ses réseaux sociaux “oh non, il est mort !”. Heu, oui ?
En général, quand un people meurt, il y a une course à celui qui postera le RIP en premier, celui qui sera le plus rediffusé, qui gagnera trois followers parce qu’il a dit en premier que Jean People est mort. Du coup, se multiplient les “oh non Jean People !”, en espérant que personne dans votre entourage n’aura la primeur de l’annonce du décès.
Mais il n’y a pas que ça… Passées les 15 premières minutes (ça va très vite sur les réseaux sociaux), abandonnez l’idée d’avoir la primeur du RIP, à moins de pleurer sur un candidat éliminé au premier tour de The Voice Italie donc totalement inconnu par chez nous (déjà que je suis pas sûre que le nom des candidats des premiers éliminés de The Voice vous restent bien en tête…). Et pourtant, les RIP et autres “oh non” continuent de déferler dans votre timeline, accompagnés d’émoticônes qui pleurent. Pourquoi tant de rage et de désesoir ? Réponse : pour faire partie d’une communauté qui partage un sentiment à un moment donné, tout simplement.
J’ai toujours eu du mal avec l’expression de ce genre de sentiments sur les réseaux sociaux… et dans la vie de manière générale, d’ailleurs. Je n’ai jamais pleuré un people sur les réseaux sociaux et même lors des attentats, je n’ai pas donné mon sentiment parce que… dans le cas des attentats, je n’ai pas senti le besoin d’exprimer ma peine ni de la mettre en scène et pour les peoples… Ben ça me touche pas vraiment, en fait. Autant j’ai de l’empathie pour leur famille et je n’irai pas faire de jeux de mots dégueulasses pour gagner 3 RT et je me retiendrai de cracher à la gueule des cadavres des pires ordures (essentiellement parce que je vois pas trop l’intérêt de poster des “ah, il est mort Marc Dutroux, bon débarras”… oui, merci, c’est très intéressant), autant ces gens ne font pas partie de mon quotidien. Oui, ça pique parfois quand le décédé était jeune, oui il peut représenter une partie de mon enfance ou une partie de ma vie, ça peut me chagriner mais me rendre triste au point que je me sens obligée d’exprimer cet état sur les réseaux sociaux et communiquer avec les autres attristés, non.
Mais le point qui me fascine le plus, ce sont les fans de la dernière heure qui, soudain, se sentent triste de la mort d’un people dont ils n’avaient strictement rien à faire 2 jours plus tôt. Je veux dire, je suis tout à fait certaine que beaucoup estimaient que Michel Delpech était un monsieur très sympathique mais si je vous demande de citer un de ses titres, vous allez me dire “Pour un flirt” puis… ? C’était un peu pareil pour Michaël Jackson, j’avais légèrement été fatiguée par les “han non, trop triste, je vais réécouter ses chansons” de la part de personnes n’ayant pas écouté du Jackson depuis des années. J’ai tellement été saoulée que j’ai plus écouté de titres du monsieur pendant au moins deux ans. A se demander s’il n’y a pas une sorte de hype de la mort : pour relancer la vente de tes disques… ben meurs.
Bref, pourquoi exprimer sa tristesse suite à un deuil sur les réseaux sociaux ? Pour gagner un peu de visibilité ? Pour intégrer une communauté (certe éphémère) ou parce qu’on n’ose pas dire qu’on s’en fout car faut pas dire du mal des morts ?
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Une réflexion sur “Le deuil sur les réseaux sociaux”