En furetant sur Facebook l’autre jour, je tombe sur un groupe hilarant créé par le concierge d’une de mes anciennes agences. Le principe est simple : il y publie ces meilleurs mails coups de gueule. Au menu : vol de dosettes nespresso, vols d’objets divers et variés, culotte oubliée dans les toilettes (??), toilettes retapissées et même étrons dans la poubelle des chiottes. Je ris en me disant que dans mon agence, ils sont mieux élevés. Oui mais non : c’est surtout que dans mon agence, on n’a pas de concierge avide de mails. Et nous effleurons là le problème crucial de notre société dont j’ai déjà parlé mais dont je ne me lasse pas : rien à foutre des autres.
Une scène typique que j’ai vécue dans chacune des boîtes où j’ai bossé. Après avoir avalé mon mug de café, voilà l’heure de lui rendre sa liberté, je me dirige donc, insouciante, vers les toilettes. Je rentre dans l’un d’eux et là : grosses traces de merde sur la cuvette. Donc 2 possibilités : où je prends un autre WC ou je prends celui là en nettoyant avant parce que moi, je suis pas une porcasse (et que, oui, ok, j’ai pas envie qu’on puisse penser que c’est moi qui ai tout dégueulassé). J’ai eu droit à tout, de la solide trace au gros étron qui te laisse une pensée admirative quant à la possibilité de dilatation d’un anus jusqu’aux traces de sang sur la cuvette… au niveau des fesses. Ca, ça reste franchement un mystère mais quoi qu’il en soit, ma maman m’a appris à toujours laisser les lieux tels que je les ai trouvés alors pourquoi, dans toutes les boîtes, y a toujours au moins un-e dégueulasse qui retapisse la cuvette et laisse son petit forfait en l’état, tranquille ?
L’entreprise est un formidable terrain pour mesurer à quel point l’intérêt personnel passe toujours au dessus du bien commun. Regardez dans votre open space, je parie que vous allez y trouver :
- celui/celle qui écoute sa musique trop fort ou balance des vidéos sans mettre de casque parce “ça va, j’en ai pour 2 minutes”
- Celui/celle qui se lave pas malgré les remarques récurrentes de ses collègues
- Celui/celle qui mange à son bureau et que des trucs qui puent
- Celui/celle qui a transformé son bureau en porcherie. D’ailleurs, quelque chose semble avoir pris vie, on voit bien les feuilles bouger toutes seules, parfois
- Celui/celle qui met la clim à fond et gueule si tu oses la relever car 15°, c’est quand même un peu froid
- Celui/celle qui retient l’ascenseur pour finir sa conversation
- Celui/celle qui fait automatiquement disparaître un stylo ou un bloc de post-it de ton bureau dès qu’il passe
- Celui/celle qui fait du bruit, tout le temps et qui râle si tu lui fais remarquer
- Celui/celle qui passe ses coups de fils perso bruyamment
- Celui/celle qui a une notion très relative de la propriété : ce qui est à lui/elle est à lui/elle, ce qui es à toi mais posé dans le frigo commun appartient à tous donc il/elle se sert…
- Celui/celle qui se vernit les ongles en plein open space (ça pue)
Etc. etc. Et je suis sûre que j’en oublie !
Le brave concierge sus nommé se fend donc de quelques missives, certes très drôles, pour rappeler donc à l’ordre les petits mal élevés qui sévissent dans les murs de l’entreprise mais entre deux éclats de rire, je ne peux m’empêcher de me questionner : à quel moment t’en as rien à foutre des autres à ce point. Ok, j’ai déjà imprimé des documents persos au boulot et je suis repartie de mon dernier taf avec une demi douzaine de stylos quasi neufs (un peu entamés quand même) mais à côté de ça, j’ai jamais eu l’idée de piquer les dosettes de café, de la bouffe ne m’appartenant pas dans le frigo, d’abandonner ma petite culotte ou d’aller chier dans les poubelles (seules explications possibles : une très mauvaise drogue ou une fin de contrat qui se passe très mal). J’essaie de faire en sorte de pas emmerder le peuple en écoutant la musique à volume mesuré (bon, pour le coup, j’ai pas grand mal, j’aime pas quand c’est trop fort, ça me casse les oreilles), de ne pas manger de trucs qui puent, de laisser mon bureau dans un ordre assez relatif, pas de coup de fil perso et je nettoie si je salis. C’est pas hyper compliqué, si ?
Du coup, est-ce que cette volonté de foutre le bordel vient-elle d’un besoin d’attention, tel mon neveu de 2 ans et demi qui fait systématiquement le contraire de ce qu’on lui dit pour qu’on prenne conscience de sa présence ? Grosse immaturité ou grosse impolitesse ? Ou c’est juste plus simple de s’en foutre ? Telle est la question…
Mais quand même… Il se passe quoi dans la tête des gens pour qu’ils chient dans une poubelle à quelques centimètres d’un WC dédié à cette activité ?