L’avantage des week-ends de 3 jours, c’est que tu as le temps de glander et de fureter sur tes réseaux sociaux préférés (Twitter, Facebook et Instagram pour moi, si tu veux tout savoir) et se laisser aller au picorage d’articles divers et variés. Et c’est ainsi que je découvre ça : le dad Bod. Qu’est-ce que donc allez-vous me dire ? C’est le petit bidon que se tapent les hommes et qui est le new sexy. Et ce nouvel atout séduction envahit les magazines féminins. Heu, vous vous foutez de nous ?
Avant de poursuivre, juste un point sur mon opinion avec le ventre des hommes : je m’en fiche. Je suis sortie avec des hommes très minces ou des hommes plus replets parce que c’est pas du tout un truc qui m’attire ou me révulse. Alors pourquoi je tique sur cette nouvelle mode ? Parce que si, moi, je n’ai aucun souci avec le ventre des hommes, le ventre féminin reste tabou et je vois une nouvelle arme de soumission des femmes.
Je suis ravie que ces messieurs soient désormais dispensés de nous déballer leur 6 pack à la plage. Parce qu’au fond, leurs bourrelets de daddy sont sexy, ça fait mec établi dans la vie, l’homme réconfortant comme un nounours en cas de gros chagrin et qui ne prend plus beaucoup soin de son corps, occupé à élever sa douce progéniture (d’où le “dad”). Bah oui, les hommes, quand ils deviennent pères, ont tendance à nous faire une petite couvade en solidarité avec notre propre grossesse, comme c’est charmant.
Sauf que voilà, si l’homme a le droit de s’épanouir passé la trentaine et d’exhiber au monde sa douce brioche, nous, nous restons condamnées à faire des régimes, encore et toujours. Alors même qu’en cas de grossesse, pour rappel, c’est la femme qui porte l’enfant, qui s’arrondit, qui délivre des petits bébés de plus en plus gros mais elle est priée de vite retrouver sa taille de guêpe. J’exagère ? Prenons Olivia Wilde, plutôt belle femme à la base. Un mois après son accouchement, la belle a eu l’audace folle de sortir dans la rue habillée court alors qu’elle n’a pas perdu tous les kilos pris pendant sa grossesse, exhibant ses “gros poteaux”, elle que l’on a connu “si bien foutue”, citations extraites d’un article de Première qui a fini par virer l’article mais vous pouvez le redécouvrir ici, un grand moment de poésie. Alors je veux bien éventuellement concéder que le corps des actrices est l’un de leurs outils de travail mais putain, elle est juste sortie dans la rue.
D’ailleurs, à propos d’actrice, comptons ensemble le nombre d’actrices replettes ayant obtenu un premier rôle. Là, vous allez me parler de Roseanne Bar (Roseanne) ou de Brooke Elliott (Deap drop diva) voire de Mindy Kaling (The Mindy’s Project*). Tiens à propos de Mindy Kaling, jouons ensemble au jeu des 7 différences entre la couverture qu’Elle lui a consacré et celles mettant en scène des femmes plus minces (et blanches…).
Voilà voilà. Et que dire de Lena Dunham et le scandale provoqué par le reportage photo et la couv de Vogue où elle est retouchée de partout ?
Mais si j’ai bien noté les noms que vous m’avez donnés, je fronce les sourcils : aucune de ces demoiselles n’a pu obtenir un premier rôle au cinéma. Non car les actrices over size (et même average size) obtiennent rarement les rôles titres à moins d’être des personnages en marge et souvent très dérangés (Kathy Bates dans Misery, éventuellement Kathleen Turner dans Serial Mother). Mieux, quand une actrice abandonne ses attributs de beauté en acceptant d’être enlaidie, on salue automatiquement son incroyable performance d’actrice (elle a accepté d’être enlaidie, incroyable !) alors même qu’elle pourrait jouer comme une patate. Pour jouer les filles rondes, on préfèrera une mince qui prend 10 kilos (coucou Renee Zellweger). Quant aux belles actrices sujettes à de grandes prises de poids, leur carrière se ralentira à la moindre prise de poids, cf Kate Winslet ou Liv Tyler. Alors qu’en parallèle, la carrière de Jason Segel, ce gros nounours rassurant qui fricote régulièrement avec la bombesque Cameron Diaz dans les films, ne cesse de croître. Et ne me parlez pas de J-Lo (je suis pas sûre qu’elle soit encore actrice d’ailleurs), la fille a un ventre ultra plat et un boule rebondi, seules rondeurs admises avec les seins.
Le corps de la femme est en permanence soumis à un diktat, il doit être mince et ferme quel que soit l’âge et les conditions, une grossesse ne justifie pas les capitons. Dès qu’une femme doit être agressée, ça part direct en attaque physique, bien plus souvent que les mecs. Les boutiques de fringues féminines s’arrêtent au mieux au 44 (et plutôt en province il me semble) alors que les hommes ont leur XXXL dans leurs boutiques sans partir dans les boutiques spécialisées grande tailles. Même quand on est conscientes de cette pression injustifiée et manigancée en partie par le marketing qui veut nous vendre du yaourt, du drainant et des crèmes anti gros cul (et on a beau savoir que ça ne marche pas, y a toujours un moment où on craque), les magazines qui nous rappellent en permanence qu’il faut maigrir, maigrir, maigrir. C’est un truc qui est intégré, on nous fait toujours croire que la vie est plus belle quand on est mince, qu’on nous donnera plus facilement du travail, qu’aucun homme ne pourra nous résister, qu’il faut souffrir pour être belle. IL.FAUT.SOUFFRIR.POUR.ETRE.BELLE. Jamais un magazine n’osera écrire que le bidou est permis pour les femmes car il est hors de question de nous libérer du joug de cette obligation de minceur…
Et je ne suis pas la seule à le penser, au fait, petite réflexion sur le double standard…
* Faut que je m’y remette d’ailleurs
3 réflexions sur “Le gras, c’est bien mais que sur les hommes”