Je l’avoue : je suis une râleuse. A dire vrai, j’aime bien ça car, comme je le dis toujours « ça va mieux en le disant ». Parfois, un truc m’agace, je le verbalise et hop, je passe à autre chose, merci, au revoir. Mais parfois, c’est plus profond, insidieux, je me dis que la vie est trop injuste, qu’une situation me pèse… Oui, ok, très bien mais à un moment, ne reste qu’une solution : bouge ton cul.
Tout a commencé peu avant Noël, alors que je suivais distraitement la détox 21 jours d’Anne Ghesquière sur Feminin Bio (qui m’a permis entre autre de découvrir le jus d’herbe, mon geste beauté du matin, et la monodiète à laquelle je recours de temps en temps. Mais aussi l’existence des bains dérivatifs* qui me font un peu peur). En jour 3, Anne énonce l’évidence : tes bourrelets, soit tu les acceptes, soit tu t’actives vraiment pour les faire disparaître mais râler dessus ne sert à rien. Mais oui, tu as raison, Anne.
Comme je l’expliquais un peu sur mon article de résolutions, je veux être une femme parfaite (enfin, selon ma propre définition). Y a Nina la vraie, celle du quotidien qui a sa belle panoplie de défauts plus ou moins gérables, plus ou moins avouables ou carrément honteux et y a la Nina idéale, celle à qui je rêve quand ma vie me saoule. Une Nina plus mince, avec des fringues et bijoux de malade qu’elle réaliserait elle-même pour un style unique, une Nina qui se lèverait plus tôt le matin, aurait un appart bien rangé et joliment décoré, qui écrirait beaucoup et finirait enfin un de ses putains de romans arrêtés à la page 37 et aurait l’audace insensée de l’envoyer à des éditeurs. Une Nina qui se bougerait le cul pour obtenir des freelances pour partir en voyage plus souvent. Oui, la Nina idéale a aussi des journées de 36h, c’est sans doute là où le bât blesse.
En progressant dans la vie, j’ai bien conscience que je peux pas être tout à fait la Nina parfaite puisque, donc, la Nina parfaite a de trop longues journées et que je peux pas suivre. Moi, mes journées ne font que 24h dans lesquelles j’essaie de caser le boulot (enfin, ça, « j’essaie » pas, je suis pas sûre que mes N++ trouveraient cool le concept de « non mais aujourd’hui, je viens pas, je voudrais me coudre une super tenue plutôt. A demain ! »), le sport, mes amis, mes amants, écrire un peu (au moins pour le blog), lire (je termine l’intégrale III de Game of thrones pour vite lire le 04 avant le début de la 4e saison et comme ça, vous pourrez bien aller vous faire foutre, les spécialistes du spoil)(en 2014, je ne suis pas résolue à être moins vulgaire), dormir, essayer de me cuisiner des trucs qui cultivent pas trop mon gras. Et c’est déjà beaucoup. Quand je racontais ma vie à la naturopathe, elle m’avait rappelé mon droit à la paresse. C’est pas tout à fait tombé dans l’oreille d’une sourde. Maintenant, le soir, si je suis claquée, j’essaie plus d’écrire des articles à tout prix, je me contente de glander sur tumblr ou pinterest. C’est pas grave, j’ai aussi le droit de souffler. Puis il est marrant ce gif…
Mais je continue de râler. Parce que je voudrais être Elle quand même, la Nina idéale. Puis ce fameux article sur la râlerie et je remets les choses en place : bouge toi le cul ou renonce mais arrête de vivre dans l’ombre de cette fille idéale qui n’existera très certainement jamais. Arrête d’attendre sagement dans ton coin que l’on reconnaisse ton talent, va l’exposer, ouvre ta gueule, sors les griffes. Enfin, dans le bon sens du terme, l’eye du Tiger qui se bat dans son intérêt mais sans aller croquer d’éventuels alliés quoi.Personne ne nous attend jamais. Travailler bien est une bonne chose, avoir du talent aussi mais techniquement, ça ne suffit pas. Dans toute la masse de vos collègues, vous en avez certainement de très bons mais peu mis en avant et des moins bons qui progressent vite. Non pas parce qu’ils ont couché (enfin, je suppose que ça dépend des cas mais ce n’est pas le sujet) mais parce qu’ils se sont bougés le cul. Idem pour n’importe quelle success story : personne ne se fait découvrir par accident. A part peut-être Laetitia Casta. Mais regardez, mettons, les blogueurs qui réussissent, qui « grâce à leur blog », ont réalisé un rêve, ont pu faire un voyage idyllique, sorti un livre ou je sais quoi. Ils n’ont pas attendu dans leur petit coin virtuel, ils ont pénétré les cercles des blogueurs, rencontrés, démarché, pour se faire leur place au soleil ou du moins près du buffet. Ca marche pour tout. Si tu veux devenir une star de la chanson, ça fonctionnera peut-être mieux si tu tentes des castings plutôt qu’en chantant dans ta salle de bain.
En fait, la question n’est pas « pourquoi eux et pourquoi pas moi » mais « es-tu prêt(e) à te bouger le cul pour tenter ta chance ? ». Si la réponse est oui, procède, si la réponse est non… Arrête de râler. C’est pas bon pour le teint de toute façon. Même si, ok, on a le droit aux mouvements d’humeur, faut pas déconner non plus !
* les bains dérivatifs nécessitent le port de poches de gel à l’entrejambe parce que les animaux ont le pubis à l’air et pas nous et c’est pas bien. Perso, je suis pas sûre d’être prête à me glisser du froid là…