Errant au milieu des rayons de la FNAC, mes yeux traînent joyeusement sur les livres. Oui, je suis en pleine fièvre acheteuse, j’ai besoin de nouveaux livres. Besoin, non, envie. Oh tiens, un titre m’accroche l’oeil : le front russe. Et hop, direct dans mon panier.
Le front russe ne parle pas vraiment de Russie, en fait. Non. C’est l’histoire d’un jeune fonctionnaire qui se retrouve nommé au Quai d’Orsay. Mais comble de malchance, il fait chuter une huile du service qui l’envoie direct dans le pire bureau parisien, celui des pays en voie de création / Section Europe de l’Est et Sibérie. Le placard miteux. Notre héros se retrouve donc dans une cellule de 6 personnes avec un chef se croyant toujours en guerre, une secrétaire fabriquant (mal) ses vêtements elle-même, une autre plutôt jolie, un collègue très appliqué mais très limité et un informaticien s’inventant des voyages à travers le monde.
A peine arrivé, notre protagoniste décide de remuer un peu les choses. Il ramasse la jolie secrétaire et commence à bien se faire voir du Quai d’Orsay, obtient quelques missions qui ne se passent pas toujours très bien mais il passe entre les gouttes. Jusqu’à une mission en Georgie. Là, je commence à grimacer. Le roman était bien sympathique jusque là mais cette histoire de Géorgie me fait furieusement penser à”Nos amis les journalistes” de François Reynaert, livre que j’ai adoré. Mais la mission en Georgie ne dure que quelques dizaines de pages et notre ami retourne en France où la voie royale s’ouvre à lui… jusqu’à la chute.
Et là, ce livre justifie parfaitement mon credo : toujours finir un livre car la fin peut en changer la perception. Là, c’est la dernière phrase qui vous explose à la figure et transforme ce petit roman rieur en incroyable vision pessimiste de la vie et agite sous notre nez la vacuité de l’existence. Une phrase. Soudain, le livre gagne tant de profondeur qu’on a presque l’impression que ce qu’on a lu jusque là, les quelques 208 pages dévorées avec plaisir, n’étaient en fait qu’un prélude à cette phrase. Cette phrase que je ne vous dévoilerai pas, zavez qu’à lire le livre. Parce que les 208 premières pages mélangent une gentille satire du fonctionnariat (cf la lutte de notre héros pour faire évacuer le cadavre d’un pigeon échoué sous sa fenêtre), les portraits des personnages dignes d’un film de Chatilliez, quelques anecdotes amusantes. Parce que la dernière phrase est une véritable gifle qui te fait refermer le livre pour y réfléchir un peu. Et c’est assez rare pour un roman…
Hum… Fils de Catherine Lalumière ? Google is not my friend.
En « bonne fonctionnaire », qui plus est dans le domaine qu’entend décrire l’auteur, j’espère qu’il a de solides sources pour ce qu’il décrit sinon ça risque de me déplaire. Et c’est dommage, la critique que tu en fais est cool et donne envie de le lire… j’ai peur que mon syndrome de Stockholm ne me lâche pas pendant la lecture.
Chère Loxy,
Je réponds tant d’années après à votre message que ma démarche est sans doute vaine. Mais bon, il me faut bien corriger vos sous-entendus : ma mère s’appelait Jeanine et Le Front russe est nourri de ma propre expérience de bon fonctionnaire dont j’ai tiré cette fiction.
J’en oublie le plus important : merci à vous Nina pour ce billet (il n’est jamais trop tard, n’est-ce pas ?)
Merciiiiiiiii <3 Effectivement, il n'est jamais trop tard 🙂