Y a des trucs qui m’énervent et me donnent envie de concevoir une vraie machine à baffes. Et j’en ai marre, vraiment marre, du climat nauséabond dans lequel on évolue actuellement. Passons sur la xénophobie et l’islamophobie devenues une sorte de norme pour nos amis les plus droitistes pour en arriver au sujet que je souhaite évoquer : les droits des gays. Oui, j’ai évoqué le mariage homosexuel y a pas si longtemps mais là, j’ai besoin de comprendre cette quasi haine envers eux, ça me dépasse.
Reprenons les choses de façon raisonnée. Quel est le crime des homosexuels ? Ont-ils volé, tué, violé, torturé ? Non, ils aiment, tout simplement. Ils aiment une personne du même sexe, ce n’est pas là un mal, c’est juste un fait. Pourtant, du fait de cet amour pour une personne du même sexe, les homosexuels sont aujourd’hui des sous-citoyens. Comme les criminels qui perdent leur droit de vote, ils n’ont pas les mêmes droits. Ca, c’est un fait. La question est : qui ça dérange deux homos qui se marient ? Un mariage est un contrat entre deux personnes, ni plus ni moins. Ca ne regarde que ces deux personnes et personne d’autre. Ni vous, ni moi. Donc déjà, sur le mariage, je ne comprends même pas qu’on puisse y être opposé. Non parce que si on doit donner son avis sur tous les mariages, moi, y a des mariages hétéros, j’étais pas trop pour. Les homos qui veulent se marier ne le font pas par caprice (ou du moins pas plus que les hétéros). Pourquoi ne peut-on pas concevoir que leur amour est aussi sincère que celui entre un homme et une femme ? J’aimerais que l’on m’explique.
Quant à l’adoption, il me semble avoir déjà expliqué sur ce blog qu’un enfant n’évolue pas en vase clos entre papa et maman. Il a des grands-parents, oncles, des tantes, des instituteurs et institutrices : des hommes et des femmes. Je ne suis déjà pas convaincu qu’un enfant ne peut se construire que grâce à un référent mâle et un référent femelle. Qui sommes-nous pour l’affirmer ? Je veux dire, en France, on a assez peu de couples homos avec enfants (il y en a, hein) alors qui peut se permettre de dire que c’est mal vu qu’on n’en a juste aucune idée. Ou alors on pousse la logique jusqu’au bout : on prend tous les enfants de parents célibataires, des divorcés, des veufs… Ben oui, y a pas le papa ou la maman à domicile, l’enfant sera forcément déséquilibré. Non, c’est pas ça la logique ? J’ai du mal à comprendre, une nouvelle fois. Un parent seul sera-t-il forcément plus compétent pour élever un enfant parce que hétérosexuel que deux homos ? Expliquez-moi, expliquez-moi !
J’en parlais l’autre jour sur Twitter avec un twittos m’expliquant que le problème pour lui ne venait pas du mariage ou de l’adoption mais que les gens contre avaient avant tout peur du changement (lui-même n’est pas contre, hein, il cherchait juste à expliquer, essayer de comprendre). Peur de perdre les valeurs structurantes de la société. Ah oui mes petits lapins mais la société évolue, c’est comme ça. Reprenons l’évolution des sociétés de façon extrêmement grossière : chez les Grecs, un éphèbe qui ne faisait pas sodomiser par un homme plus mature n’était pas un vrai homme. Oui, la virilité passait par une initiation sexuelle par un homme mûr. Au Moyen Age et à la Renaissance, on décapitait, pendait, écartelait à tour de bras. Il n’était pas rare qu’on prononce des sentences hallucinantes :pendaison puis dépècement puis immolation. Bon, là, le mec était archi mort. Vous trouvez qu’on aurait dû en rester là ? Il y a 30 ans, la peine de mort existait encore. Il y a 30 ans, l’homosexualité était officiellement un délit(même si ce n’était plus sanctionné depuis belle lurette). Lors de la 2nde guerre mondiale, les homos devaient arborer un triangle rose et étaient déportés comme les juifs. Vous trouvez ça bien ? Vraiment ? Ou ça vous gêne un peu quand même ?
Si j’avais été lesbienne, est-ce que ça veut dire que j’aurais été incapable d’aimer quelqu’un ? Incapable d’unir ma destinée à une autre femme ? Forcément une mauvaise mère potentielle ? Je ne comprends pas. Et j’ai mal, sincèrement. De voir toute cette homophobie décomplexée, des manifestations où les participants insultent deux filles qui s’embrassent.
Réveillez vous les gens, l’amour n’est pas dans votre camp. Et posez vous la question, une seule : d’où vous vient cette haine ? Ca ne me paraît pas très sain, moi perso…
Ah et tant qu’on y est, y a un Kiss in contre l’homophobie le 15 novembre. Si on y allait tous ? (j’ai 15 jours pour trouver un kisseur)
Avant d’avancer quelques explications techniques je tiens à préciser que je ne suis personnellement ni contre le mariage gay ni contre l’adoption
Maintenant il faut savoir que le code civil, qui régit le mariage et l’adoption a été publié en 1804. A cette époque, la société est encore sous le giron de l’Eglise catholique et donc au niveau du droit des personnes (dont le mariage et l’adoption) l’influence de l’Eglise est très forte. Donc il est logique, en 1804, qu’un mariage et que l’adoption n’aient lieu qu’entre deux personnes de sexe différents.
Depuis la loi de séparation des Eglises et de l’Etat de 1905, la société s’est laïcisée mais les homosexuels ont toujours été plutôt mal vus (euphémisme évidemment puisque tu rappelles à bon escient que l’homosexualité était un délit avant 1982). A partir de là, les personnes homosexuelles ont eu un agrandissement progressifs de leurs droits pour en arriver aujourd’hui à la question de leur offrir l’accès au mariage et à l’adoption.
C’est à ce moment précis qu’on en revient aux origines du code civil. De nos jours, la conception conservatrice des institutions du mariage (une femme et un homme) et de l’adoption (avec deux parents de sexes différents) est très ancrée dans l’esprit des français (là tu avances comme cause possible la peur qui je pense est la juste cause). Or une loi selon l’expression générale est la volonté du peuple donc si une majorité de la population ne veut du mariage il est logique que le législateur ne change pas la loi en vigueur (pour un tel exemple je ne peux que te conseiller de lire « L’Exécution » et « L’Abolition » de Badinter pour faire le parallèle avec la peine de mort)
La question que l’on peut alors se poser c’est « est ce que le fait de voter la loi et donc d’avoir une position avant-gardiste en matière de mariage gay et d’adoption libre pour les gays va-t-elle accélérer le changement de mentalité? affaire à suivre…
Très intéressant ton comm, merci.
Je vais répondre sur plusieurs points :
– le code civil, en effet, bel héritage Napoléonien. Déjà, avouons qu’il a pas mal évolué car à l’époque, il enfermait la femme dans un rôle d’être dépendant d’abord de son père puis de son mari. Expression de l’époque où il a été rédigé. Il est vrai que les homosexuels n’ont jamais vraiment été du « bon côté » de l’opinion publique, si j’ose dire, encore aujourd’hui. Quand j’entends dire « non mais, leur envie de mariage ou d’enfants, c’est un caprice », ça me rend dingue. Quand je vois toute l’expression de l’homophobie sans que ça ne titille trop les gens, ça me rend folle. Je ne parviens toujours pas à comprendre d’où vient ce rejet, sans doute parce que je suis de la génération où les homosexuels ont moins de difficulté à s’assumer (tout est relatif, bien entendu).
Après, pour l’approbation du peuple, il me semble qu’actuellement, 65% des Français sont pour ce mariage. Donc si la loi devait être passée par référendum, elle serait votée. Enfin, bon, après, c’est toujours pareil, les sondages… Mais bon, ça pose la question de la façon de légiférer. De fait, cette loi ne concerne pas tout le monde ni le bien commun : un couple qui se marie, ça n’impacte pas le pays, peu importe le sexe des personnes impliquées. Idem pour l’adoption. De mémoire (mais j’ai pas vérifié), si la peine de mort avait fait l’objet d’un référendum à l’époque, son abolition n’aurait jamais été votée (enfin, du moins à l’époque, je peux pas affirmer que ce soit un fait immuable). Aujourd’hui, si on faisait un référendum sur la peine de mort, je doute que la majorité vote pour son retour. Des fois, il faut savoir bousculer un peu les mentalités.
Enfin, je ne sais pas si la légalisation du mariage gay va changer quelque chose en terme de mentalité. Faire entrer le couple gay dans une « norme » n’empêchera pas l’homophobie. Ca, c’est un questionnement intéressant, en fait : de façon générale, la France est-elle prête à accepter le mariage gay comme quelque chose de normal ou le législateur l’encourage-t-elle à le faire ? Je ne sais pas…
Le code civil a pas mal évolué en effet mais il faut bien avoué que depuis les lois Carbonnier du milieu des années 70, excepté sur le divorce et la filiation (réformes de 2005), le code civil n’a pas évolué sur le statut personnel.
Je ne peux expliquer l’homophobie latente après je pense que c’est éventuellement une question de génération et on peut espérer que d’ici 5 à 10 ans avec le changement de génération cette phobie sera moins importante. Je pense qu’il faut regarder la moyenne d’âge des personnes qui participent aux manifestations « anti mariage gay »
Pour ta question finale, je pense qu’il s’agit du même problème générationnel et donc une partie de la France (la tranche 15-45 ans) est prête à accepté le mariage homosexuel comme normal et les autres, si la loi est votée ne pourront que s’y plier.
Je penche aussi pour la question d’un problème générationnel en général mais je note quand même que parmi les anti mariage et adoption, il y a aussi des jeunes. Après, la réelle question est de savoir si tous ces antis le sont par conviction ou parce que c’est une loi de gauche et qu’ils sont très engagés à droite… J’aimerais bien savoir 🙂
oui je suis comme toi j’aimerais bien savoir la raison de telles convictions mais je pense que même en menant une étude approfondie les résultats seront loin d’être concluant. On trouvera certainement pêle-mêle opposition politique, homophobie, religion, phénomène de groupe.
Voilà j’ai essayé de t’apporter des éventuels éléments d’explication quant à cette peur du mariage homosexuel qui est de plus en plus minoritaire. Cependant mon intime conviction c’est qu’en réalité ce n’est pas le mariage qui fait peur aux gens mais plutôt l’autre apport de cette loi qui est l’accès à l’adoption pour les couples homosexuels (et ce de manière légale et non en détournant l’adoption par un célibataire comme c’est le cas jusqu’à présent) puisque l’éducation des enfants est encore aujourd’hui un sujet conservateur (et bien plus que le mariage à mon sens)
Au plaisir de lire tes billets
Ah mais carrément pour l’éducation ! Y a qu’à voir le retour en force de la propagande pro allaitement, les discours ambiants sur le papa et la maman . Ce que je trouve limite le plus triste dans cette histoire, c’est cette sensation que certains propos vieillots (et à mon sens nauséabonds) reprennent le devant de la scène. Au moins, ça permet de mesurer l’intolérance de la société.
Quant à étudier l’origine des opinions, il ne faut pas oublier la tentative de déguiser son homophobie sous des propos vaseux. Du coup, jamais on ne pourra savoir avec certitude le pourquoi du comment, à moins de lire dans les pensées (ce serait tellement bien)
Sur le fond, je ne peux que rejoindre ton propos. Par contre, je ne sais pas si l’argument « un mariage ne concerne que les personnes qui se marient » peut vraiment l’étayer, ton propos. La société, c’est aussi un ensemble de valeurs morales. Si la loi change une barrière, elle change, quelque part, de fait, la société. Par exemple, je ne suis pas certaine que je me reconnaitrais dans une société qui autorise le mariage entre membres d’une même fratrie. Et pour le cas présent, je suis certaine que je sentirai mieux dans une société qui autorise le mariage gay, bien que cela ne me concerne pas directement. Il me semble que la politique, c’est aussi des choix qui ne concernent que la sphère indiviuelle et au final intéressent toute la société, non?
(j’avais oublié ton comm)
Certes. Là où ça me pose problème, c’est que concrètement, cette autorisation de mariage ne changera pas notre quotidien. Il ne met en rien la société en péril. Je suis assez atterrée par la défense du code civil revendiquée par les anti mariage qui ont dû sécher quelques cours d’histoire vu que ce même code civil faisait à l’époque de la femme un être mineur dépendante de son père puis de son mari. Dans les faits, ce mariage n’est qu’une reconnaissance d’un état de fait (les couples homosexuels) et de ce point de vue, la politique est très en retard sur la société (comme toujours). Cesser de discriminer ces couples, ce n’est que reconnaître un fait.