Il y a quelques temps lointains, je chantais les louanges du crush de bureau, vous savez, ce petit palpitement provoqué par un(e) collègue bien à votre goût que l’on entretient de loin en loin pour avoir une bonne raison de se lever le matin pour aller au travail et toujours paraître au mieux. C’est mignon, c’est frais, ça donne le sourire. Sauf que je n’avais pas pris en compte un élément dans ma petite histoire : les pipelets.
Oui, pipelets parce que les mecs, ce ne sont pas les derniers à bavasser. Voire même les premiers. Avant, j’avais un pouvoir magique, celui de voir, et particulièrement les connivences entre deux êtres qui se cherchent et se trouveront peut-être dans le secret de l’intimité. Je sais pas, j’y serai pas. Mais en général, je partage assez peu mes observations sauf avec mes plus proches collègues car je suis pas une cancanière. Enfin, pas trop… Quand je veux lancer de fausses rumeurs, je dis les choses haut et fort et personne ne me croit. On en rit et on en oublie. Mais depuis qu’on a déménagé, on m’a mis dans un coin où mon pouvoir ne sert très peu puisque je n’ai dans mon angle de vue plus que 4 personnes, tous les autres sont dans mon dos. Heureusement que j’ai un pouvoir annexe : celui d’attirer les pipelets qui me racontent tout. Même quand le tout est le fruit de leur imagination.
Quoi qu’il en soit, la vie d’une entreprise tourne aussi autour des ragots échangés autour de la machine à café et là, attention, c’est parti pour le quart d’heure jugement où les personnes impliquées dans le flirt peuvent être vues comme des garces (“elle drague un mec marié alors qu’elle le sait”), des salauds (“il est en couple mais répond à ses avances”), des queutards (“il se tape n’importe qui dans la boîte, il paraît qu’il a déjà eu une liaison avec Jasmine de la compta/ Kevin du service marketing”…). Rare sont les idylles naissantes, réelles ou supposées, qui ne font pas l’objet de commentaires chuchotés à la cantine et étouffés sous quelques pouffements mal venus.
Parce que faudrait voir à pas oublier deux choses :
– ça ne nous regarde pas.
– nombre de couples se rencontrent au travail, près d’un couple sur deux (mais ça varie selon les statistiques) donc une idylle naissante entre deux dossiers n’a rien de surprenant.
Oui, certes, mais ça n’empêche pas la discrétion. Surtout si l’un des deux est déjà en couple de façon on ne peut plus officielle. Parce que si on a le droit de se conter fleurette dans l’open space (cadre teeeellement romantique), il ne faut pas oublier que ce petit jeu de séduction est une pénétration de la sphère privée dans la sphère professionnelle et ça n’a rien à faire là. Oui, on parle un peu de nos vies privées entre nous, je sais qui est en couple ou qui ne l’est pas, on a des anecdotes mais on en parle entre nous, à la cantine ou en pause. Dans l’open space, on drague pas, on bosse. On rigole aussi mais le problème d’une séduction repérée, c’est qu’elle trouble : sont-ils au top de leur concentration ? A-t-on vraiment envie de voir ça ? Et surtout, si l’une des personnes est en couple comme déjà évoqué, ne sommes-nous pas malgré nous complices d’un adultère possible ?
Quoi qu’il en soit, ça occupe, ça génère de la discussion. Au mieux ça amuse, au pire ça agace. Mais finalement, n’est-ce pas humain ? Tous ces gens passant leur journée ensemble enfermés entre 4 murs, ça finit bien par susciter des rapprochements. C’est le principe même de base de Secret Story et autres TV réalité. Et puis aussi incroyable que ça puisse paraître, les flirts de bureau peuvent se transformer en réelle love story. Genre je connais un couple qui s’est rencontré sur le lieu de travail et ça fait maintenant 35 ans. Même que ce sont mes parents et qu’ils ont bien fait de se foutre du “no zob in job”. Mais même si chacun fait ce qu’il lui plaît, n’oublions pas ce bel adage : pour vivre heureux, vivons cachés.