Je vous l’avais dit lors de mes résolutions, je me suis abonnée à différents magazines en fin d’année pour être plus cultivée. Bon, les trois quarts du temps, je comprends pas tout à Tout pour la science mais je lis consciencieusement, je finirai bien par capter. Autre
magazine qui, là, me parle plus : Management. J’ai enfin reçu mon premier numéro et j’ai pas mal de choses à en dire. Commençons par une phrase lue dans le courrier des lecteurs, rubrique que je ne lis jamais. Photo :
En tant que femme, première réaction : argh, je m’étrangle ! Je vais enfiler ma tenue de super féministe et je reviens.
Reprenons la base. Abandonnons l’idée qu’un employé réalise sa mission indépendamment de son sexe, manifestement, c’est impossible. On va nous expliquer pour la 100e fois que les hommes sont dans la compétition et les relations franches et viriles, testostérone oblige, et les femmes dans la diplomatie, la douceur et l’écoute. A ce sujet, je vous laisse lire l’excellentissime article de Slate sur les études sexuées, ça permettra de remettre les choses un peu à leur place. Mais ici, restons dans les stéréotypes. Femme je suis, en attestent mes ovaires (entre autres). Donc si je comprends bien, je ne suis guère compétente et je dois jouer de mes charmes pour grimper l’échelle l’air de rien, papillonner pour qu’on me fasse la courte échelle. Oui, Patrice, je sais, tu convoitais la promotion que j’ai eu mais mate un peu mon décolleté et regarde mes battements de cils et tu deviendras mon dévoué, mon esclave. La vie est simple comme un clip de Michel Sardou dis donc. L’hystérie en moins.
Alors là, je me pose quand même une sacrée question : suis-je totalement stupide ? Au bout de quasi 4 ans d’expérience, je n’ai jamais eu la présence d’esprit de jouer de mes atouts physiques pour progresser, je me suis bêtement contentée de faire de mon mieux, d’acquérir des compétences, de proposer des idées, bonnes ou mauvaises… Bref, plutôt que d’être bonne physiquement, j’ai essayé d’être bonne professionnellement. Non parce que mine de rien, quand je fais des régimes ou que je fais du sport, ce n’est pas tellement dans une visée professionnelle même si, je le concède, se sentir bien dans sa peau est utile pour tous les domaines de la vie, pas simplement celui de la séduction. Non parce que dans ce cas là, je vais aller voir mon chef et lui demander que tous mes cours de sports soient pris en charge par l’agence. Ben ouais, attends, si être canon me permet de grimper l’échelle de la société, c’est de l’investissement professionnel et non personnel, je mérite donc que tout ces efforts soient pris en charge et je ne parle même pas de ma garde-robe ! Pourtant, je ne fais pas un travail de représentation. J’ai quelques rendez-vous clients mais je n’avais pas compris à quel point mon corps était, lui aussi, un outil de travail. Non mais faut être un peu stupide pour lire des ouvrages sur le marketing, travailler jusque tard, réaliser de beaux powerpoints alors qu’il me suffirait d’aller à la salle de sport tous les soirs…
Ce qui m’énerve, c’est que le péché de séduction est toujours associé aux femmes. Lisez un portrait d’une PDG, d’une femme qui a réussi, son physique sera systématiquement évoqué via un détail (ses yeux, sa silhouette), une tenue vestimentaire… Et je ne vais même pas évoquer le fait qu’on se sent toujours obligé de donner la composition de sa famille genre « PDG et mère en plus, quelle femme! », ce qu’on ne dit jamais d’un homme. Mais ça mériterait un article entier, ça. Donc les femmes, même celles qui ont fait leurs preuves et qui sont arrivées au sommet, sont toujours appréhendées sous le prisme de leur apparence physique. Si l’une est belle, on ne cessera d’en parler, elle sera « tout en séduction », même si elle ne cherche pas du tout à séduire. Mais surtout, on conseille les femmes sur leur pouvoir de séduction, on leur conseille d’en jouer ou, au contraire, de s’en méfier. Mais bordel ! Parce que je suis une femme, il est impossible de me dissocier d’une notion de séduction ?
Très bien donc à partir de demain, je ne porterai plus que des robes bustiers courtes et avantageuses et je laisserai tomber mes powerpoints, excels et autres PDF. Je sais pas pourquoi mais j’ai un léger doute quant à la réussite de cette nouvelle stratégie.
Ah, les affres de la séduction au bureau.
Je pense sincèrement que paraître à son avantage est un atout de taille dans le travail. Non que je sois complètement archaïque et réfractaire à la cause des femmes (qui est aussi un peu la mienne, ne l’oublions pas), mais il est certain que voir une jolie fille arriver dans un bureau fait toujours son petit effet.
En revanche, et là, messieurs, je sens venir le tollé, l’aspect de l’homme est tout aussi important. Ne parle-t-on d’ailleurs jamais de ces cadres au charisme et au charme certains ? Non, parce que si les mots sont différents, la finalité est la même : la gravure de mode plaira toujours plus que le sac (dit celle qui s’est pointée au bureau en tenue de sport ce matin – mais qui reviendra après sa séance de boxe affublée d’une jolie tenue bien tendance).
Et là (je me prépare une salve d’insultes de la part de certain-e-s), je vais aller encore plus loin : quand je dois choisir entre le (ou la, mais je préfère le quand même) stagiaire bien sapé(e) ou l’autre mal fagotté(e), mon coeur balance sensiblement vers le premier. Parce qu’on peut plus facilement expliquer au stagiaire comment bosser que comment s’habiller. CQFD…
Tellement d’accord avec le commentaire du dessus… même si je déplore comme toi qu’on systématiquement du contenant (parfois plus du contenu), si j’ose dire, des femmes, je note cependant que les commentaires physiques touchent de plus en plus souvent les hommes (y compris dans Management).
Dans une approche commerciale, on n’hésite pas à « sortir » celui qui va séduire le client, mais ça peut être la petite nénette aussi bien que le grand gaillard (pour le client gay) que le petit barbu brillantissime qui séduit du seul fait de son expertise sans limite.
En fait le problème c’est surtout qu’en face les décideurs sont à 90% des hommes, qui en majorité peuvent être séduits par des femmes…
On en reparle quand on constate une parité aux postes de direction ? (oui je sais, y’a de la marge…)
Attention à ne pas faire un amalgame entre présentation et séduction. Il est normal de bien paraître au boulot. Quand je vais en rendez-vous client, j’y vais pas en jeans déchirés et baskets, bien entendu. Ce n’est pas pour autant que je vais mettre en avant mon décolleté pour tenter de séduire mon interlocuteur. Surtout que je travaille essentiellement avec des femmes pour ma part.
Oui, mais la séduction n’est pas forcément sexualisée : dans un contexte pro, séduire c’est d’abord convaincre, non ?
Oui mais ce n’est pas de ça dont parle l’article… Relis le message du mec, ça parle de séduction manifeste, pas de belle présentation pour vendre des produits mais comment on suggère aux femmes de mettre en avant leur potentiel sexuel pour soumettre ses collaborateurs. C’est ça qui me révolte.
J’aime bien le « sans rien gagner au passage » surtout! Comme s’il pensait: « mais quelle garce, séduire ses collègues, les instrumentaliser et même pas une petite pipe ».
Pour le coup je ne comprends pas vraiment le sentiment de révolte, parce que je pense que c’est la même chose pour les 2 sexes.
J’ai plusieurs interlocutrices dans mon travail, et pour être franc je réponds toujours beaucoup plus rapidement à celle qui est ravissante, agréable qu’à celle qui ne ressemble à rien et qui a l’air en déprime. C’est juste une question de motivation, on a envie d’être bien perçu par les gens qu’on estime et les autres on s’en fou.
Et puis pour finir, je suis dans une équipe d’hommes, et je peux dire qu’on ne réagit pas de la même façon et qu’on n’est pas managé de la même façon si notre leader est un homme ou une femme. Il y a un rapport de virilité qui s’instaure avec un mec, alors qu’avec une femme c’est différent, on ne va pas lui parler de la même façon, utiliser les mêmes mots, on sera moins cash …
L’égalité des sexes n’est pas nier le sexe et quand je vais au boulot je ne le laisse pas à la maison.
UNe fois de plus, je ne parle pas de la présentation mais de séduction manifeste. Je suis désolée mais tout charmante queje sois, arrive un moment, si je suis pas compétente, ça va pas le faire.
Evidemment que les rapports ne sont pas les mêmes entre hommes/hommes, hommes/femmes et femmes/femmes mais je ne parle pas du tout de ça non plus. Juste du fait que je trouve révoltant qu’on puisse conseiller à des femmes de jouer la carte de la séduction (séduction, pas bonne présentation) pour grimper les échelons.
Je persiste et je signe : dans tous les domaines, la séduction est un atout. La seule différence entre les hommes et les femmes, c’est que nous l’assumons, alors que pour les mâles ça reste un peu tabou. Je n’ai encore jamais entendu un homme dire « je lui ai fait un petit regard Betty Boop et c’est passé comme une lettre à la Poste ».
Ce n’est pas pour autant qu’ils n’en jouent pas, et on j’a quelques exemples d’hommes qui n’hésitent pas un seul instant à jouer de leur charme (oui, pour les hommes on évite le pluriel, lol) pour obtenir ce qu’ils veulent.
Quoiqu’il en soit, ça s’applique à tous les domaines. Dès l’école (et oui, j’ai aussi été prof dans une autre vie), il faut savoir séduire pour intéresser. Alors bien évidemment il ne s’agit pas du même type de séduction, mais le fait est qu’en se positionnant de façon à intéresser la personne qui est en face, on a plus de chances d’arriver à ses fins. Que ce soit avec le gamin de 4 ans à qui on fait un grand sourire, avec le lycéen qu’on ne laisse pas indifférent ou avec le chef d’entreprise à qui il plaira d’avoir l’impression d’être un « potentiel ».
Tant qu’on reste dans les limites de la décence, je ne vois pas où est le mal.
Sasha Luna > Je suis fan de ce commentaire !
Pour des vingtenaires vous en déplacez de l’air…
La séduction, quand on y pense, elle est omniprésente. Alors, pourquoi s’en offusquer ? Utilisons là. Et pour celles qui jonglent avec leur manque de compétence, sachez séduire ceux (ou celles) qui vont vous aider à atteindre votre but. Séduisez.
Bon manifestement, j’ai du très mal écrire cet article ou personne ne sait ce qu’est la séduction. Je ne parle pas d’être amène et de bonne présentation, pour la 10e fois. Lisez bien le texte que j’ai mis en copie, on ne parle pas d’être souriante et bien habillée.
Maintenant, en tant que femme, oui, je suis avenante, j’utilise ma voix de velours quand nécessaire mais je peux vous garantir que la seule carte de la séduction (dans le sens « je te fais croire qu’il y a moyen de alors que même pas en rêve », on ne parle pas de sourire et d’être bien habillée, ce qui est quand même la base) est plutôt casse-gueule. Parce que quand ça merde méchamment sur un dossier, aucun jeu de jambe, décolleté ou sourire séducteur ne sauvera le truc. Le seul truc qui permettra de s’en sortir ce sont les compétences.
Bref, après, si ça vous fait plaisir de penser que vos seules capacités professionnelles sont votre physique et votre look, amen. Sauf que dans mon expérience perso, celles qui ont trop joué la carte de la séduction sexuelle (mettons un adjectif tiens), elles finissent toujours par perdre en crédibilité.
Évidemment, quand on lit ton billet, on ne pense jamais que tu manques de compétence. Qu’en plus, tu uses de séduction, chapeau.
Pour les incompétents (les vrais), hélas ! Les miracles sont en attente.
Je suis entièrement d’accord avec toi. C’est outrageant de cristalliser une femme compétente à ses seuls charmes physiques et tu dis tout cela très bien.
On a encore du boulot les filles (et encore, là tu ne parles que du milieu professionnel…) !
Ari Amy -> Faut que je fasse un article sur comment masquer son incompétence et pourquoi ça ne dure jamais, j’ai bcp à dire.
Lilith -> Mais carrément. S’il suffisait d’être jolie et de distribuer les oeillades pour réussir, ça se saurait…