Mythomanie virtuelle

Vendredi, j’ai découvert une histoire assez moche sur le blog de Sonia. Une jeune fille paumée s’est fait passer pour ce qu’elle n’était pas, à savoir la sœur d’une jeune fille atteinte de leucémie. Pendant 3 ans, elle a volé les photos de deux autres blogs pour donner chair à Noa, jusqu’à la tuer de leucémie, donc. Violent. Mais elle a fini par être découverte. Même virtuels, les mensonges finisssent toujours par être trop gros.

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Dans la vie, j’ai croisé des mythomanes. Enfin, j’utilise le sens vulgaire du mot, le sens clinique est très restreint. Des menteurs et surtout des menteuses d’ailleurs, des gens aux vies extraordinaires… mais fausses. Sur le coup, on y croit mais arrive le moment où ça n’est plus cohérent, où ça bute. Je veux bien être prise pour une conne mais ne tirez pas trop sur la corde, ça finit par casser. Surtout que grâce à mon empathie (ou mon intuition, je ne sais pas), je ressens avant de comprendre qu’il y a un malaise, une sensation étrange de ne pas être bien en présence de la personne. Jusqu’à comprendre, jusqu’à remettre toutes les pièces en ordre et voir le gros vilain mensonge. 

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Derrière un écran, on se sent plus fort. Quand j’étais community manager chez TGGP, je devais m’inventer des vies pour créer des conversations et faire démarrer la communauté. Je me souviens d’un personnage, notamment, une jeune femme en relation avec un de ses collègues mariés… Jusqu’à ce qu’elle apprenne par accident que la femme de ce dernier était enceinte. Les messages de soutien des autres internautes étaient sincères, ça m’a gênée. Dieu merci, personne n’est arrivé en disant « oh mais moi aussi, il m’est arrivé la même chose », là, j’aurais été carrément mal. Et là, encore, mon mensonge touchait à quelque chose de pas si grave, il n’y a pas mort d’homme si j’ose dire, juste la mort d’un couple qui n’a jamais existé. Mais si ma mythomanie, sponsorisée par mon employeur, n’a fait de mal à personne, à priori, il est des cas, somme toute assez nombreux, où les internautes profitent de l’anonymat pour s’inventer de vrais drames. Top des maladies que l’on est supposés avoir ou dont un membre de notre entourage immédiat a contracté : le cancer et la leucémie. Pas le Sida, c’est un peu honteux. Et si vous mentez pour attirer la tendresse d’une cible amoureuse, le sida, ça complique les choses. Non, le cancer ou la leucémie, c’est bien parce que c’est grave et même mortel pour certains mais surtout la médecine reste encore surprise par certaines rémissions. Pratique : j’ai un cancer, je vais mourir. Ah non, en fait, j’ai guéri, miracle ! Le mythomane virtuel guérit de sa maladie mais le proche en meurt. En cherchant un peu sur le web pour cet article, j’ai trouvé l’histoire d’une maman  de 4 enfants racontant qu’une de ses filles est mourante d’une leucémie. Un jour, elle annonce la mort de la petite. 2 jours plus tard, elle raconte nonchalamment ses soldes. Les autres mamans ont hurlé à la mythomanie. Ok, la vie continue mais deux jours après le décès de son enfant, même
si on est parfaitement insensible, on a le nez dans les démarches pour organiser les obsèques. 

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Et j’ai lu cette phrase, dans cette conversation ou dans une autre : « on croit qu’on peut mentir sur le web car on ne fera du mal qu’à des inconnus donc c’est pas grave ». Oui, du mal. Pour en revenir sur l’histoire de Salomé, des gens ayant un enfant ou un membre de leur famille atteints se sont investis auprès d’elle pour l’aider, la soutenir. Ils se sont investis émotionnellement parlant jusqu’au faux décès d’une enfant qui n’a jamais existé. Mais ça, ils ne l’ont su qu’après. Pleurs, rage, désespoir. Tout ça pour rien. Au-delà de la colère, légitime, reste toujours cette question : pourquoi ? Réponse simple : pour attirer l’attention. Les mécanismes qui nécessitent cette attention sont eux plus compliqués. Besoin de manipuler les gens pour les soumettre, besoin d’exister aux yeux des gens, besoin de s’échapper de son quotidien monotone en s’inventant une autre vie digne d’un téléfilm de M6. Chacun son histoire, je suppose que certains sont plus excusables que d’autres. Mais il n’en reste pas moins que j’ai toujours du mal à comprendre. Déjà dans la vraie vie, le mensonge est difficilement tenable sur le long terme, à moins d’à chaque « nouvelle existence », on évite que les gens au courant de « l’ancienne » entendent parler de ceux qui sont dans la « nouvelle ». Ou on reste régulier sur ses mensonges
pendant des années et des années mais là, faut quand même couper avec la famille et les vieux amis. Mais dans le virtuel, tout est possible, on peut s’inventer plusieurs identités et plusieurs vies. Dieu merci, si j’ose dire, le mythomane, emporté par son désir de reconnaissance, finit toujours par aller trop loin, être incohérent et se faire démasquer. C’est le cas de la maman évoquée plus haut : trop désireuse de ramasser les messages de soutien de ses copines, elle a commis un faux pas.

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Alors quoi ? Ne faut-il plus croire personne ? Peut-on se permettre de douter des gens aux maladies graves car ils n’oseraient pas mentir là-dessus et que nos doutes pourraient les enfoncer ? Je ne sais pas. Je crois qu’avant tout, il faut toujours rester vigilant et se fier à son intuition. Si on sent que quelque chose coince, c’est peut-être parce que c’est le cas. Mais gardons tout de même en tête que sur le web, il n’y a pas que des attention whores et autres pervers manipulateurs. 

 

8 réflexions sur “Mythomanie virtuelle

  1. Je parlais du cas Salomé à un ami qui me disait que ce n’était pas si grave puisqu’elle n’a escroqué personne, financièrement parlant. C’est vrai, mais rien que moi qui n’ai pas de proches malades, je me suis investi, je l’ai soutenu, je lui envoyais des mails. Et certains passage de son blog entrait en résonance avec des passages de mavie à l’époque où j’étais moi-même « malade » (pas de la même manière ». Salomé disait avoir juste 2 ans de moins que moi et je me suis vraiment attachée. Je n’ose imaginer la souffrances des famille de VRAIS malades qui ont cru en elle…
    Mais nous sommes d’accord toi et moi, cette menteuse est vraiment malade dans sa tête. Elle a besoin d’aide, d’une certaine manière, mais ce n’est à nous de la lui apporter.

  2. il y a une certaine impudeur à etaller sa souffrance sur internet, et une certaine hypocrisie a prendre part a la souffrance des autres…pour cela, l’internet est assez detestable…ou deviendrais je insensible avec l’âge ? Et pourtant c’est un exutoire aussi valable qu’autre chose, et si ça peut permettre a certains d’echanger et se se soutenir, alors…why not.

  3. « Mais si ma mythomanie, sponsorisée par mon employeur, n’a fait de mal à personne » désolé tu n’en sais rien un mensonge est un mensonge et j’ai toujours pensé que les community manager participait au grand vol organisé par le capitalisme. Mais visiblment ta morale est élastique. Ce que fait la « mytho » n’est pas plus pas moins garve que ce que tu as fait et en plus elle c’est par maladie, par souffrance toi c’est pour de l’argent. la définition de community manager commence donc par un P.

  4. je retire ce que j’ai dit une P. agit cetes pour l’argent mais elle est honnête, elle vend tu achètes ou tu refuses d’acheter; et elle vend du sexe pas de l’amour. Donc community manager, du moins comme tu le fais, je suis sur qu’il y en a d’honnêtes, c’est donc inqualifiable et inexcusable, nul quoi.

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