Sauf qu’ils n’auront pas tous l’honnêteté de te payer à ta juste valeur. Pour ceux qui ne sont pas au courant, ô joie, le journal 20 ans ressort. Bon, je ne le lisais pas à l’époque mais tiens, pourquoi pas. Je n’ai même pas eu le temps de l’acheter que je veux déjà ne plus rien savoir de ce torchon. Je ne parle pas des papiers (après tout, de prime abord, ils valent ceux des autres féminins) mais des révélations pas jolies jolies qui ont été faites sur la rémunération des « journalistes ». Entre guillemets parce qu’à ce niveau là, j’appellerais plutôt ça de pauvres victimes.
Il était une fois un groupe presse qui se dit « tiens, si on ressuscitait un magazine féminin connu pour se faire plein de blé ? » « Ouaiiiiiiiiiiiiis ! ». Alors prenons un magazine féminin mort style 20 ans qui bénéficie d’une bonne image nostalgique chez ses anciennes lectrices. Maintenant, prenons de très jeunes filles genre blogueuses ou étudiantes en école de journalisme ou comm et faisons leur une proposition d’enfer : « Alors, tu vois, tu vas travailler avec nous, ça va être trop top pour ta carrière, ça va faire super joli sur ton CV ! La paie ? 20 euros les deux pages, 10 euros l’une, 5 euros la demi page ». En gros, on t’encule à sec avec verre pilé sans lubrifiant et t’es mignonne, tu souris, merci. Des tarifs scandaleux, une équipe inexpérimentée : la rédac chef avait 19 ans, stagiaire et s’est d’ailleurs fait remercier avant la sortie du 1er numéro. Et curieusement, le gentil directeur (Frédéric Truskolaski) rechignent à leur donner leur argent de poche. Oui, moi, j’appelle pas ça un salaire mais de l’argent de poche.
J’ai déjà parlé de ce patron de presse qui m’avait tenu sensiblement le même discours dans le temps. Pourtant, je n’ai rien contre la pige bénévole puisque j’en ai déjà fait (et que ça m’arrive encore), je pense même que c’est un bon tremplin. Mes deux ans de pige bénévole en tant que chef de rubrique sur un webzine étudiant m’a drôlement aidé à trouver du boulot. Il y a aussi l’aventure Sensuelles montée de toute pièce par une équipe motivée et bénévole. Mais là où il y a une énorme différence, c’est qu’en l’espèce, rien qu’une page de pub dans le magazine permettra de payer nos pauvres journalistes et le reste, direct dans la poche du patron. C’est ce qu’on appelle de l’exploitation, non ? Si.
Oui mais il reste quand même le volet expérience vont souligner les esprits grognons ou ceux qui ne savent pas ce qu’est la précarité et la course à la moindre pige. Non mais c’est vrai, elles font chier ses petites connes à chouiner alors qu’elles ont écrit sur 20 ans et ça va faire trop bien sur le CV. Et bah tiens ! 20 minutes ayant révélé ce qu’il se passait en coulisses, bonjour la crédibilité. Même si pour ma part, j’admire Claire Crepon, la jeune de 19 ans qui a réussi le lancement du mag en 1 mois et demi, sachant que tout se faisait par MSN vu qu’il n’y avait pas de locaux. Claire si tu me lis, je te paie un verre quand tu veux, ça me ferait plaisir de te rencontrer, ceci sans ironie. Le challenge qu’elle a relevé est juste énorme. Sauf que voilà, 20 ans, ça sent un peu mauvais suite à ce mini scandale. Travailler par MSN, c’est bon pour les magazines amateurs, pas pour les titres de presse avec plein de gros sous investis dessus.
Et voilà dans quel monde on vit. Entre les stagiaires et les piges payées avec les billets qui traînent dans la tirelire, on est loin de se sortir du trou. Tout ça m’écoeure et me donne envie de hurler. Parce que j’ai vécu ce genre d’expérience, parce que j’ai parfois été trop conne d’accepter parce que j’espérais que ça m’ouvrirait des portes et que je m’en suis prises sur le bout du nez. Que je vois nombre de webzines ne pouvant payer les gens qui écrivent dedans et qui s’excusent platement de ne pouvoir le faire (genre le très bon Save my brain ou Madmoizelle) et qu’à côté de ça, des mecs peu scrupuleux se font construire une jolie maison en exploitant nos espoirs en une belle carrière, notre envie de bosser coûte que coûte, même si le salaire n’est pas là…
Et après, on nous dit que les jeunes ne sont pas travailleurs. Et bien…
bon alors c’est proprement scandaleux…
surtout que je ne voudrais pas faire mon c—- mais j’étais preum’s…
alors claire si tu veux boire un verre avec Nina tu attendras…
non mais!!!
ceci dis il faudra avouer que l’article, qui ne relate que ce qui se passe me déprime…
comment on peut oser faire ça à des jeunes motivé???
après on s’étonne que l’on perde de la motivation…
Le souci de ce genre de pratiques, c’est qu’après les gens se disent, oh ben té c’est facile d’être journaliste, tout le monde peut le faire ! Ben non, en fait, tout le monde ne peut pas le faire. Ca demande quand même du boulot de recherches, d’écriture (même si c’est vrai que les pages mode/coiffure d’un féminin, c’est limité de ce côté là) et ça décridibilise non seulement les personnes qui ont fait le mag (parce qu’être journaliste, c’est pas un passe temps, c’est un travail et un travail doit être payé) mais aussi la profession entière.
Chérie t’as peur de rien, a priori leurs juristes attaquent tous ceux qui parlent en mal (en bien, personne n’en parle, certes) du magazine…
Pour le reste, c’est juste lamentable. Ce qui m’a fait rire le plus jaune, c’est quand j’ai lu (je crois que c’est dans l’article de 20 minutes, mais pas sûre) que si ça se passait mal avec le grand chef, il te bloquait sur MSN, au lieu de te sauter dessus à chaque connexion!
Dis, petite question: les pigistes (qui ont été prises pour des pigeonnes) ne sont payées qu’à la publication du magazine, donc de leurs articles, est-ce une pratique courante dans la presse?
Je suis tombée par hasard sur ton blog, et ça me fait vraiment plaisir !
C’est quand tu veux pour le verre, pour parler de tout ça avec toi..
En tout les cas, merci beaucoup..
Aux dernières nouvelles, la grande arnaque ne s’est pas arrêtée au magazine 20 ans !
http://www.rue89.com/2013/03/10/people-story-histoires-vraies-des-magazines-lempire-du-mensonge-240329
Je crois qu’il faudrait réécrire un article sur le sujet. Ils sont plusieurs dans le secteur à jouer sur les jeunes prêts à travailler gratos, à jouer avec la loi… Par contre, je connaissais pas du tout ces journaux « docu réalité ». Je suis larguée…