Parfois, en période de recherche d’emploi, on tombe sur des gens indélicats, les mésaventures de Tatiana cette semaine me l’ont rappelé (1,2 et 3). Elle m’a fait suivre le premier mail insultant d’un recruteur, assez énervée mais elle a eu la bonne réaction : répondre calmement.
Il y a des fois où ça démange fortement. Je me souviens de cette fois où j’avais traversé tout Paris (une heure de trajet) pour un entretien où le mec m’avait expliqué qu’il ne travaillait qu’avec des étudiants non rémunérés, « pourquoi je paierais pour quelque chose que j’ai gratuitement » avant de me demander si je ne connaîtrais pas des étudiants à Toulouse ou Bordeaux pour distribuer ses journaux. Evidemment que j’ai eu envie de lui jeter son torchon à la gueule, évidemment que j’ai eu envie de crier très fort mais je suis restée calme, j’ai dit « je vais voir », je lui ai serré la main, je suis sortie dignement avant d’appeler ma sœur pour lui expliquer tout le bien que je pensais de ce monsieur. Et que dire de ce responsable d’un site Internet permettant de passer une annonce si on a eu un petit béguin dans le métro pour se signaler qui non seulement ne m’a jamais rémunérée pour les vidéos que j’avais faites mais qui en plus expliquait ensuite que notre collaboration s’était mal passée. Ah ? Je n’étais pas au courant, ce monsieur a toujours été très courtois par devant. On dit faux cul, plutôt, au temps pour moi.
Alors oui, on a envie de leur dire d’aller se faire foutre et que ce n’est pas parce qu’ils sont du bon côté de la barrière (employeur) qu’ils ont forcément le droit de nous traiter comme de la merde. Parce que franchement, si on avait le choix, on ne bosserait certainement pas pour eux. Sauf que voilà, on ne sait pas si Monsieur l’énorme goujat n’a pas des copains qui travaillent dans une boîte où on va aussi postuler. Parce qu’il peut se passer deux choses : si on ferme notre gueule, il nous oubliera dès qu’on aura passé la porte de son bureau. Mais si on l’insulte et que le monsieur est très susceptible, il va se faire une joie de nous faire une réputation bien merdique. Et déjà qu’il n’est pas évident de trouver du boulot en temps normal, se faire une sale réputation, même si elle n’est pas méritée, ce n’est pas vraiment conseillé.
Je sais qu’il est parfois dur de fermer sa gueule au moment T mais respirez un bon coup et dites-vous que s’ils n’ont pas su reconnaître vos compétences, d’autres le feront. Il est important de toujours faire la part des choses même si c’est plus facile à dire après. C’est un peu le principe du « il faut embrasser plusieurs grenouilles pour trouver un prince charmant ». Sur le coup, on est énervés, indignés mais voilà, on n’est pas du côté de celui qui peut ouvrir sa gueule. Alors faut se dire que de ne pas travailler pour un tel con est forcément une bonne chose in fine car un mec qui ne respecte même pas les gens qui viennent passer des entretiens ne doit guère être plus sympa avec ses employés. Par exemple, pour le monsieur des annonces du métro, là, j’ai su grâce à un stagiaire mécontent cette histoire de « notre collaboration ne s’est pas bien passée » sinon je n’aurais même pas été au courant. La seule chose à faire, c’est de rentrer chez soi, continuer à répondre à des annonces ou envoyer de nouveaux CV et se dire qu’un connard pareil se prendra forcément un retour de manivelle un jour.
Bon, ok, vous avez le droit de faire du vaudou sur une poupée à son effigie. Ca ne marchera pas forcément mais ça défoule, au moins.
« autant » pour moi, pas « au temps » pour moi…
alors au temps pour moi… mais c’est que je suis pour l’étymologie populaire, qui avait plus de sens pour moi, jusqu’à aujourd’hui.
Tiens, ca me rappele un entretien que j’ai eu il y a quelques années… Un type qui employait les usages du recrutement posait les questions classiques mais je sentais qu’il était plus instinctif et n’était pas toujours convaincu par la forme de ces questions.
Inévitablement, est arrivé le « quelles sont vos motivations pour ce poste ? ». J’ai souri, je lui ai dit que je trouvais cette question ridicule et je lui ai répondu : il y a dix ans, je vous aurais répondu un tas de d’arguments du style de ceux que vous voulez entendre (énumération). Aujourd’hui, je pense que c’est des conneries et pour moi, ma motivation est la suivante. Si j’étais rentier, je ne serais pas là car j’aurais crée mon poste et ferais de ma vie ce que je veux. Comme ce n’est pas le cas, j’ai besoin d’un travail, pas n’importe lequel et pas à n’importe quel prix. Comme je suis sérieux et que mes précédents employeurs n’ont pas eu à se plaindre de moi, je peux encore les choisir. Ma motivation est un peu la même que celle de l’employeur : mon foyer est une entreprise que je dois faire tourner avec en permanence la crainte de la faillite comme moteur. C’est ce qui me pousse à faire bien mon travail pour garantir mon emploi. Ma devise est cette pensée : choisis un travail qui te plait et tu n’auras plus jamais à travailler. Il a souri et m’a remercié d’avoir été le premier à lui répondre avec pragmatisme et sans hypocrisie…
Ca ne marche peut être pas à 20 ans, mais avec un peu de bouteille…
Ca ne m’est pas encore arrivé de cette façon. Mais parfois je trouvais la réaction d’un récruteur pas correcte. Et dans ce cas, je fais comme quand une pub me déplait particulièrement : Je n’achete plus leur produits et je le fais savoir autour de moi !!! Insulter ces gens ne même de toute façon à rien et en plus, on se rabaisse au même niveau…
Un laïus très bien écrit, ce qui est rare par les blogs qui courent. Pour ma part si je devais rester courtois face à de tels abrutis à l’égo patronal démesuré, ce serait seulement sous le coup d’une grande surprise, apte à me scier les pattes et à me couper le souffle et don, la voix.
C’est après, une fois sorti, que l’envie irrépressible d’aller lui dire toute la sympathie qu’on éprouve pour les patrons de son espèce, devrait être réprimée à grand-peine.
Parfois, il faudrait que l’on y vienne armé d’une manivelle à ces entretiens, histoire d’avoir au moins un argument de poids à présenter au blaireau qui décide…