Vicky Cristina Barcelona, de Woody Allen

Par Bobby

Je ne sais pas si je suis le mieux placé pour parler de ce film, dans le sens où je n’ai pas vu beaucoup de films de Allen, donc je me sens un peu HS au milieu de son oeuvre. Je vais donc l’étudier sans faire de comparaison.

Deux jeunes américaines, donc, Vicky et Cristina, débarquent un été à Barcelone, l’une pour parfaire sa thèse, l’autre dans une optique plus poétique. La première est mariée à un riche beau gosse, l’autre est ouverte à toute proposition. Et justement, elles rencontrent un type qui en a une, de proposition, et pas des moindres… (haha, et vlan, si vous voulez savoir quoi, allez voir le film !)


La couleur du film est chaude, voire ultra chaude. Cliché torride d’une Barcelone complètement érotisée, sulfureuse même, où vibrent des accords de guitare la nuit, où Gaudi est omniprésent, où l’on ne manque QUE de la nourriture du pays. Des fois, je me dis que les américains sont vraiment à côté de la plaque et ne se doutent pas à quel point nous autres, les gens du Vieux Continent, sommes américanisés.

Ce qui m’a mis sur les nerfs avec ce film, c’est une voix off quasi permanente qui débite des infos à la vitesse de la lumière. Infos difficile à percuter (ben oui, entre ce qui se passe à l’image et ce qu’on nous dit, y a parfois comme un décalage), et souvent inutiles (on peut comprendre par nous-même, pas la peine de tout nous pré-mâcher).

Et puis, surtout, je crois que cette vision de l’amour (car c’est, il me semble, avant tout, un film qui parle d’amour sous toutes les formes qu’il peut revêtir) n’est pas celle que j’avais envie de voir pour le moment. Je m’explique : en ce moment je suis complètement in love, c’est beau, c’est niais, et ça se passe pas DU TOUT comme dans le film. Je sais pas pourquoi le cinéma s’enferme de cette manière dans ses propres clichés. Il a beau vouloir montrer l’amour dans toute sa modernité (sexe libre, bisexualité, couples à trois, le tout sans
tabou), il reste prisonnier de scènes « faciles », sans jamais nous montrer des moments de l’amour que JAMAIS on ne nous montre à l’écran, des petites scènes qui sont pourtant dans n’importe quelle vie de couple et qu’on aimerait retrouver parfois et se dire « ah oui, c’est vrai, c’est comme nous ça ». Là, rien du tout, ça va et ça vient sans difficulté, comme si les personnages étaient davantage aimantés les uns aux autres par le script que par la vie même. C’est d’un naturel…

Heureusement, la fin est d’une délicieuse ambiguïté quant à ce que Allen pense réellement de cette « subversion » de l’amour, davantage présentée comme un échec, par lequel il faudrait passer au moins une fois, mais duquel il est nécessaire de revenir.

5 réflexions sur “Vicky Cristina Barcelona, de Woody Allen

  1. Ben tu vois en tant que grande fan de Woody j’ai vraiment aimé ce film. Et comme tu en fais la réflexion maintenant je me demande si j’ai aimé parce que j’ai vu beaucoup de films de lui et que celui ci s’inscrit dans la lignée d’autres que j’ai adoré ou si c’est le film en lui même qui m’a plu? En tout cas j’ai trouvé les acteurs vraiment sublimes!

  2. D’après ce que j’ai compris des divers critiques, articles et interviews concernant ce film, l’amour est justement omniprésent de façon à mieux se casser la gueule par la suite. Et c’est finalement une vision cynique de la chose que veut nous montrer Woody Allen. Je ne l’ai pas vu hein, je dis juste ce que j’ai lu sur ce film. Enfin maintenant il va impérativement que je le regarde parce que je suis une fan de Woody et que du coup je veux savoir si tu as raison ou pas…

  3. @ Summer : alors oui, je le dis et le répète, vraiment, les acteurs sont extra, rien à redire là-dessus 🙂

    @ Keira : je suis assez d’accord avec ça (après de là à dire que j’ai « raison » ou pas… je ne suis qu’un étudiant de 20 ans, je pense pas avoir un avis super intéressant -à ne pas prendre pour de la fausse modestie- mais si ça peut donner envie (ou pas !) d’aller voir tel ou tel film, c’est toujours bien !) ; ceci dit quand on traite d’un sujet comme l’amour… je sais pas, on peut aussi essayer de sortir des sentiers battus, non ? 🙂 A moins qu’il ne s’attaque aux sentiers battus, justement, et dans ce cas j’ai mal compris le film en le regardant, ce qui n’est pas impossible…
    Mon expérience personnelle et actuelle brouille sans doute ma vision des choses.

  4. Sans vouloir être méchante, je pense que tu passes un peu à côté du film dans ton analyse: je pense en effet que Allen est tout à fait déniaisé quant à la réalité européenne et son côté américanisé. Ce film a fait un bide aux US (je l’ai vu à NY, pourtant la seule ville qui sauve un peu l’ami Woody). Le trip de Woody Allen dans ce film, à mon avis, c’est précisément de nous jeter au visage un cliché, sur l’Américaine qui part trouver du romantisme ou du fantasme en Europe, il met en scène ce fantasme dans tout son premier degré, et ce avec beaucoup d’humour, en tournant en dérision la vision cliché que les Américains se font de l’Europe, et ici, de l’Espagne. Les fougueuses Espagnoles, les amants muy caliente, la guitare sèche… Woody n’est pas idiot, mais il tourne un peu en dérision ses compatriotes dans ce film. C’est ce qui en fait l’intérêt, je pense, et le sel, même si après, c’est loin d’être son meilleur ou son plus abouti.

  5. amusant comme on entends ça souvent « mon humeur du moment, donc le film ». est il pensable d’aller voir un film sans faire automatiquement de la projection? est il envisageable de voir une oeuvre cinématographique sans se voir à l’écran? accepter ce qu’on voit et s’y plonger? on s’en fout un peu de savoir ce qu’on ou pas dans le quotidien, là je vois Barcelone, je vois Oviedo et beaucoup de sensualité.
    comme dit avant par quelqun d’autre il y a tout un jeu de démystification des clichés, tant espagnols qu’américain, et une belle ouverture de fin qui te montre bien que le vieux ben il n’aime pas les choses finies, mais bien au contraire que tout se continue et évolue et qu’on ne sait pas au final ce qu’il adviendra de la moindre situation même éculée.
    ce que je retiens c’est le nombre de rires dans la salle tout du long du film. c’est significatif de la tonalité de l’ensemble : on est pas du tout dans une comédie romantique niaise, ni dans un exercice de style chiant et roboratif, mais bien dans une comédie allenienne qui si elle ne prend plus NYC comme théâtre a gardé les mêmes ingrédients qui fonctionnent presque à chaque fois.
    à tel point qu’on se moque bien de savoir s’il est le meilleur, le moins bon ou je ne sais quoi. juste un nouveau chapitre, ici européen, dans l’exploration d’Allen sur les gens, l’amour et la sensualité.
    et oui il faut y aller Keira! ça vaut tous les wanted du monde passés et à venir.

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