Par Bobby
Rappelez-vous. J’avais déjà parlé de ce réalisateur, Christopher Nolan, lors de ma petite chronique du film Memento. Dans ce volet
de la sage du célèbre justicier de la dustopie Gotham City, où règnent le crime et la pègre, notre chauve-souris préférée -toujours aussi antipathique malgré le coquet minois de l’acteur (pas antipathique au sens désagréable, mais ineffable)- combat son ennemi juré, le vil Joker, brillamment interprêté par le regretté Heath Ledger, décédé cette année dans la fleur de l’âge (souvenez-vous, il incarnait l’insupportable et ultra-touchant cow-boy gay et blond de Brokeback Mountain, de Ang Lee). Pour ma part, je trouve que ce Joker tient la barre -placée déjà très haut par Jack Nickolson dans les Batman de Tim Burton- et apporte à un personnage mythique des BD américaines une touche de nouveauté.
De manière générale, j’ai été séduit par la psychologie des personnages, bien plus intéressante que dans les autres films de super-héros que l’on voir proliférer sur le grand écran. Alors certes, le film est long, trop peut-être, mais au moins, quand les personnages parlent, ils ont quelque chose à dire, que ce soit les gentils ou les méchants.
Ah, oui, j’oubliais de vous toucher un mot du synopsis, plus précisemment. Le Joker, une espèce de criminel fou, sème la panique et le chaos à Gotham City. Non pas -comme la plupart des criminels- pour l’argent, mais uniquement par amour de la destruction. Il ne cherche pas à tuer Batman, ni à se faire arrêter. Il veut seulement que leur lutte soit sans fin, car ils sont deux antithèses vouées à s’affronter éternellement.
Une ombre au tableau, et pas des moindres : l’utilisation dans le scénario du personnage de Double-Face est inutile, bien que centrale. Il aurait pu faire l’objet d’un volet entier à lui tout seul. Alors Nolan, on avait peur que le Joker ne soit pas en mesure de satisfaire les besoins en super-méchants affrontant Batman ? Tu as eu tort, Christopher !
Pour finir, on est quand même loin du super-héros classique, qui est détesté puis adoré par la foule. Batman est un justicier de l’ombre, hors la loi. Il est incompris, et condamné à sauver les gens tout en étant détesté par eux. Idem pour le Joker. Personne ne semble comprendre ses motivations, excepté le sage Alfred (serviteur de Bruce Wayne, alias Batman). Ce n’est pas un criminel bas de gamme, mais c’est LE criminel par excellence, qui réfléchit à la notion même de crime, de mal, de chaos.
Le fou est parfois philosophe.
Je suis d’accord avec ton analyse de ce film extraordinaire. On avait déjà senti le potentiel de Nolan dans Batman Begins, mais là ça dépasse tout. Le pauvre spiderman s’est fait enterré vivant, tout comme la trilogie Jason Bourne avait en son temps relégué les poussiéreux James bond au grenier…
Un petit bémol en ce qui concerne « Double Face ». Moi j’ai bien aimé le personnage de Harvey Dent, chevalier blanc naïf qui doit repousser ses frontières morales et se fait finalement corrompre par le Joker. Une sorte d’Eliott Ness pessimiste puisque la lutte contre le crime va le détruire.
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Je suis assez d’accord avec tout ce que tu dis. Il est vrai que double face est un peu « en trop » dans l’histoire. Cela dit moi je trouvais intéressant de mettre la génèse du personnage dans le film. Par contre ils auraient pu le faire disparaitre après et effectivement faire un film pour lui.
Après moi j’ai trouvé quelques longueurs dans le film aussi. Et le joker était terrible. Heath ledger est transfiguré.
Belle analyse d’un des meilleurs films de super-héros de ces dernières années. Concernant Double Face, je trouve l’interprétation d’Aaron Eckhart extraordinaire. Et l’idée que ce super-vilain soit finalement une création pure du Joker (c’est lui qui est à l’origine de sa mutation physique et psychologique) renforce davantage le personnage grimaçant incarné à merveille par feu Heath Ledger.
Je vais pas reprendre pendant des heures ce qui a été dit plus haut. J’adhère en grande partie à ce que tu dis du Joker, de la dimension presque christique de Batman dans ce film. Du premier, j’ai notamment aimé son côté « bouffon shakespearien » qui dit à Batman ce que même Alfred n’ose pas lui dire, et l’impression renforcée par les mensonges successifs sur ses origines, que le Joker n’est rien de plus qu’une émanation de Gotham elle-même pour contrer le Croisé Masqué.
Par contre, je ne suis pas tout à fait d’accord concernant l’usage fait de Harvey Dent. Si je regrette effectivement le traitement quelqu,e peu expéditif réservée à cette némésis, parmi les plus charismatiques de celles de la chauve-souris, l’interprêtation d’Aaron Eckart contrebalance beaucoup de choses, et la mort de Dent se révélait necessaire pour que Bats endosse le rôle plein et entier du sauveur maudit de tous.
Enfin, sa mort correspond à la vision passablement désespérée du film. L’incarnation de l’Espoir est pervertie, comme l’explique cette fin un peu verbeuse à mon goût. Dernier point: Fan du Chevalier Noir depuis plusieurs années, je m’étais perdu en conjectures quant au rôle et au devenir de Dent: Nolan a réussi à en faire quelque chose de cohérent, tout en me prenant par surprise. Je lui en suis reconnaissant.
Question: Est-ce que ça vaut la peine d’aller le voir au cinéma? Parce que tout le monde en parle en bien, mais en même temps, ‘y a tellement de pub et de ramdam que ça me dégoute un peu d’aller engraisser la machine… Donc: Oui, dépenser son argent au cinoche ou Non, il est super bien, mais tu peux attendre pour le voir à la télé?
Je ne peux que te conseiller de voir un film au ciné, et je pense quand même que, malgré ses défauts, celui-ci en vaut la peine…