Par Bobby
Depuis quelques jours, j’expérimente un univers quasi réservé au monde estudiantin : les coulisses de MacDonald’s. En effet, je suis préposé aux cuisines en tant qu’esclave du dieu hamburger. Je ne vais pas vous raconter comment ça se passe là-bas, puisque je le fais déjà sur mon blog. Mais je voulais vous parler, tout simplement, du fait de travailler. Bizarrement, ce job a beau être chiant à mourir, depuis que j’y suis, je me sens bien. Déculpabilisé, d’une part, vis à vis de papa-maman qui payent à leur fils chéri un appartement, certes pas bien grand, mais hors de prix, dans Paris, afin que Bobby la bidouille puisse étudier le cinéma (et en parallèle, il l’espère, reprendre à la rentrée sa licence de philo). Déculpabilisé, d’autre part, vis à vis de lui-même, vis à vis de la société en général. Alors certes, je ne gagne pas des monceaux d’or (pas assez pour payer l’appart à la place de mes parents en tout cas). Certes, je n’ai qu’une modeste place d’équipier de fast-food, qui se brûle les doigts et voit des souris sauter dans les bacs de nourriture.
Mais du coup, dans mon emploi du temps, j’ai des horaires, certes mouvants, mais des horaires quand même. En gros, j’ai des choses à faire. Je ne suis plus le glandeur qui passe ses journées devant son ordinateur. La valeur « travail » a une place considérable dans nos petites têtes. Je ne me risquerai pas à dire « de nos jours », même si la politique du gouvernement en place semble vouloir installer cette tendance depuis son accession au pouvoir, car j’imagine que ce sentiment d’appartenance à la société par le travail n’a rien de nouveau, et n’a pas été inventé par Bobby la bidouille. Déjà, il y a quelques années, un ami qui bossait à Quick et avait fini par arrêter ses études avait tenté de m’expliquer que, en dépit de son modeste rôle d’esclave du dieu hamburger, il se sentait exister en se disant qu’il avait un travail, des revenus, des horaires, des collègues, des supérieurs, un uniforme, etc. A l’époque, je n’avais pas très bien compris. Maintenant, c’est plus clair.
Ma vie sociale reprends par conséquent du poil de la bête, car forcément, je vois du monde tous les jours. En plus, j’entame une petite relation amoureuse, tranquillement, sans trop savoir où ça va me mener, mais avec une sérénité tout à fait reposante. C’est fou comme l’absence de passion rend les choses plus paisibles. Que demande le peuple ?
Eh ben justement, il en profite pour vous inviter, en cette rentrée 2008-2009 (désolé les amis, c’est bel et bien reparti pour un tour, fini la bronzette !), à vous rendre ICI, surtout si vous aimez écrire, parce qu’il paraît qu’on y cherche du monde…
« et voit des souris sauter dans les bacs de nourriture. » : c’est lequel ton Mac Do que j’y aille pas? Parce que bon moi j’ai travaillé au Mac Do c’était pas comme ça…
Bon je bosse dans l’histoire alors n’y résiste pas dsl:
La valeur travail a une longue histoire. Elle s’impose comme valeur dominante au XIXe siècle en même temps que s’impose la bourgeoisie comme la classe sociale dominante.
Avant c’était la noblesse qui dominait la société et lui imposait en partie ses valeurs (par ex au XVIIIe). Or le noble ne travaille pas. Ca lui était interdit et il pouvait y perdre sa noblesse. Il vivait de ses rentes et servait l’Etat dans l’armée ou l’administration (d’où l’expression « serviteur de l’Etat » parvenue jusqu’à nous), ce qui n’avait pour eux rien à voir avec le travail, réservé à la bourgeoisie et aux classes populaires.
A partir du XIXe siècle la bourgeoisie (qui se transforme en « classes moyennes » au XXe), enrichie par l’industrialisation puis gagnante par le nombre dans un système démocratique, installe sa domination sur la société et impose ses valeurs dont la principale est le travail. Le travail est une nécessité car le bourgeois-type n’est pas assez riche pour vivre de ses rentes, de plus le travail est un moyen d’enrichissement donc de promotion sociale. D’où la phrase « enrichissez-vous par le travail et l’épargne » prononcée par Guizot, sorte de Sarkozy du XIXe (ça vaut bien « travailler plus pour gagner plus » non?).
Aujourd’hui donc le travail n’est pas seulement nécessaire comme source de revenus. Le travail permet et justifie l’existence sociale de l’individu. En fait le travail nous donne le droit de faire partie de la société dans un monde organisé solidairement: celui qui travaille paie des impôts pour les retraites, pour le système de santé, pour l’éducation, pour l’assurance chômage etc. D’où a contrario la catastrophe représentée par le chômage, véritable petite mort sociale génératrice d’exclusion.
Voilà 🙂
Eh ben, quelle discours sur la valeur du travail…
Moi, je pourrais très bien me passer d’un boulot chez McDo ou dans un bureau comme employée ou chef de projet… Il y a tellement des choses interessantes à faire et pas nécessairement payés…
Je suis allé la dernière fois chez McDo à Casablanca lors du Ramadan car contrairement à Marcech rien n’était ouvert dans la journée… Ca me semblait encore plus propre que d’acheter quelque chose sur un marché. Et leur Oriental Burger avait même du goût avec de la sauce piquante et du pain oriental crustillant…
très bien ton mot concernant la valeur travail, mais peu de jeunes pratiquent ..
Indépendament de ça, je ne mange chez Mc Do qu’une fois tous les 3 ou 4 ans mais sait pertinament qu’il n’y a pas de souris qui sautent dans les bacs à frites car leur point fort parmi tous les restaurateurs c’est l’hygiène et la propreté. Soyons justes !
N’oublie pas la fin de la phrase de Guizot, sinon, elle ne fait absolument aucun sens. « Enrichissez-vous par le travail et par l’épargne, et vous deviendrez électeurs ».