Par Bastien
Récemment un article de Nina sur les miss humiliées qui retournent vers le Jules cogneur tous les quatre matins prônant, voire réclamant le pardon (un petit lien vers l’article en question) m’a fait réagir au point d’en écrire un article. Pourquoi sommes nous si souvent réticent a l’idée de tout recommencer, remettre les pendules à zéro et partir à pétaouchnoque pour se refaire une santé.
Les raisons de partir ne manquent pas, un boulot de merde, une situation familiale déplorable, une absence de lien social, un malaise plus quelconque, un événement
ponctuel comme le décès d’un proche, la fin d’une relation… Nous pensons tous plus ou moins souvent à tout plaquer pour aller voir ailleurs si on y est. Mais pourquoi ce doux rêve se concrétise si rarement ?
Tout d’abord il est possible dans certains cas de s’auto persuader de certaines choses. L’amour est le macro exemple. Par essence on ne peut pas aimer quelqu’un qui nous apporte rien, si le type vous dénigre, vous humilie voire vous tape, sans aucun réel bon côté l’amour ne peut pas exister. L’illusion de l’amour par contre quant à elle peut tout à fait être là. Quand on entend le discours habituel « non mais il a un bon fond » ou « c’est juste une mauvaise passe » on peut être sûr que les dames cherchent plus à s’en convaincre elles-mêmes qu’à convaincre leur interlocuteur. Mais pourquoi s’auto persuader de choses que l’on sait au fond de soi, plus ou moins profondément, fausses.
D’après moi, et je n’engage que moi dans ce raisonnement, la peur de l’inconnu est la charnière de ce problème. Si Raymond vous cogne, ne mange pas la bouffe que
vous faites et vous insulte a la première occasion au moins il est là tous les jours et il ramène un peu de thune, sans oublier le toit qui va avec. Partir serait risquer donc de perdre ces choses. D’ailleurs au passage c’est sûrement de la que vient l’auto persuasion de l’amour, je reste pour le confort matériel mais vu que ça n’est pas génial de ne rester que pour cela je me dit qu’il y a forcement autre chose. La question est donc de savoir s’il y a plus a gagner ou à perdre en partant. Et avant le départ comment avoir sa réponse ? Et même si les risques que le deal soit au final négatif est très faible il est tout de même présent et donc crée cette peur de l’inconnu.
Il existe aussi d’autres raisons qui peuvent nous pousser à rester. Pour continuer sur la ménagère les enfants sont un facteur important. Pour connaître ça au sein
même de ma famille certaines miss se disent « des que le petit dernier a fini ses études je file ! ». Mais dans ce cas précis le petit dernier en question est mon cousin de 18 ans. Il reste encore quelques années. Existe t-il une alternative ? Le problème financier est réel et il ne faut pas l’occulter. Je n’ai pas de réponse générale a cette question, il existe forcement une solution par problème mais elles sont parfois dures à trouver. Obliger l’enfant à travailler, demander une pension au juge pour les études… Encore une fois sachant que la balance risque de tomber vers le
moins on préfère ne pas s’y risquer.
Mais cela ne concerne pas que la ménagère. Je me suis souvent demandé pourquoi un type qui se suicide n’a pas préféré à cette solution un aller simple pour
Ouagadougou ou Sao Paulo. Quitte à tout plaquer pour de bon autant retenter sa chance, on a tout à gagner. Si le type est poursuivi par des démons intérieurs (« mon Dieu, je l’ai tué, qu’est ce que je vais devenir.. » ou « Non, tais toi, tu n’es que dans ma tête, tu n’existes pas sale monstre !! ») là encore ça se comprend, mais le gars surendetté qui a épousé le mauvais lot et dont les amis se foutent, lui pourquoi il plaque pas tout histoire d’aller se faire frire des grillons au Botswana ? Là je ne pense pas que ce soit la peur de l’inconnu car on ne peut dire que l’on connaisse la mort comme sa poche. La seule raison rationnelle que je puisse trouver est que les types ne pensent pas à cette alternative, ou se disent que changer de vie ça n’est pas si simple. Etrange ceci dit.
Et même sans être toujours dans l’extrême, si vous n’avez plus rien de bon à faire là où vous êtes pourquoi ne pas bouger ne serait ce que de quelques centaines de
kilomètres, à l’autre bout de la France histoire de rencontrer de nouvelles têtes, une nouvelle vie, un nouveau job…
Pour finir je citerai Desproges « Si partir c’est mourir un peu, dans certains cas rester c’est se pousser au suicide. »
Pertinente petite réflexion tout ça… et en plus il cite du Desproges, il commence à m’plaire celui là…
J’apporterai tout de même mon petit grain de sel ce qui concerne ton deuxième paragraphe, sur le fait que ces femmes qui se font taper dessus ne ressentent pas de l’amour, mais juste l’illusion de l’amour, qu’elles s’en persuadent elles mêmes.
Sans dire que tu as tort ou raison, moi je me demande: où sont les frontières entre les deux?? Dans un domaine aussi abstrait que les sentiments, est ce qu’il ne suffit pas de croire à quelque chose pour le rendre vrai? Pour citer Camus (mythe de sisyphe), il disait, (à propos du comédien me semble t’il) , quelque chose comme « il n’y a pas de frontière entre ce qu’un homme veut être et ce qu’il est »‘, à quel point le paraitre fait l’être et que les limites du réel et de l’illusion sont au final bien minces et bien difficiles à déterminer.
Je penserais davantage donc pour dire que son amour est vrai, mais complètement irrationnel (oui, je sais, tout amour est à la base irrationnel, mais pas forcément complètement), pour de mauvaises raisons et pas dans l’intérêt de son libre arbitre.
Le problème étant qu’on tente ici de juger en terme rationnels ce qui justement ne l’est pas du tout. Chacun (femme brimée et nous raisonneur du dimanche) argumentant dans une sphère de pensée totalement différente de l’autre, on ne peut par conséquent pas se rencontrer, c’est comme si on traçait des lignes parallèles, chaque ligne représentant le cheminement de pensée de l’un. (mon dieu, vla que je fais des métaphores géométrique maintenant, mais où va t’on? faut que j’arrète science et vie junior).
Ce genre de raisonnement ne pourra l’atteindre qu’à partir du moment ou elle aura décidé de faire un pas vers le rationnel, alors là, si sa ligne dévie un peu, (de quelques degrés disons), à force d’avancer elle finira par croiser l’autre, le point de croisement représentant le déclic de prise en compte de sa situation, l’instant T de sa prise de décision de fouuuuuutre le camp vite fait bien fait.
un autre a aussi dit « on ne quitte jamais vraiment sa maison » ….
tes problèmes s’ils sont dans ta tête, ils te suivront juqu’au bout du monde je pense.
code : KLM
Dian => J’adhere parfaitement a ce que tu dis, peut etre pas sur le fait que l’amour soit toujours irrationel mais la c’est un sujet sur lequel je n’ai que des hypotheses et aucunes certitudes. Ceci dit je ne sais que penser de la phrase « Je penserais davantage donc pour dire que son amour est vrai, mais complètement irrationnel », je suis a la fois totalement d’accord et en parfait desaccord. Elle le pense vrai, le vi vrai et ainsi de suite donc finalement c’est vrai, je suis d’accord, mais est ce que l’irrationel peut etre « vrai » ? Mais la je vais chercher la petite bete, je dis amen a ce que tu ecris.
Peripherique => Entierement d’accord, et citation interassante.
Un article excellent qui pointe du doigt tout le coté incongru du geste, oscillant entre lacheté et témérité (la témérité n’est pas le courage)
j’aime beaucoup ta réfléxion, que je me suis souvent faite aussi, pourquoi rester? Que ce soit géographiquement ou sentimentalement d’ailleurs. On a la chance de vivre dans un monde ou tout est devenu plus facile (les frontières, les transports, la communication, l’europe tout ça) et il n’y a que le premier pas qui coûte. Je suis toujours surpris de surprendre les gens tout simplement parce que je vis en Angleterre et que suis parti sans trop de raisons, mais si j’avais les moyens je serai parti beaucoup plus loin! Bref un peu d’audace et un passeport et en voiture Simone!
PS: Pareil que Diane (avec un N cette fois!): l’amour est de toute façon une auto-conviction, après on en est plus ou moins conscient sans doute.
bravo, juste bravo
une réflexion très intéressante, qui nous amène à nous demander si le bonheur ne commence pas dans l’image que nous avons de nous-même.
Parce que quand on est dépressif, on a déjà du mal à se lever le matin alors partir au bout du monde…
A se dire qu’il est difficile de remettre en question sa vie, on finit pas tout accepter, pas simplicite, meme si c’est difficile… Partir, ne serait qu’une fois dans sa vie, mettre de la distance avec son lieu d’origine, sans savoir combien de temps, et bien ca devrait etre : OBLIGATOIRE !!! Ca permettrait a plus de monde… de dire moins de conneries… connaitre ses limites, les repousser et d’avoir un peu moins de certitudes, plus de doutes, de convictions !! Je vis a l’etranger aussi, je suis L I B R E. Difficile de faire comprende la demarche quand je rentre au pays, je suis dephase par rapport a ma generation de jeunes trentenaires, ET l’aventure est loin d’etre terminee !!!