Par Diane
Aujourd’hui, dans le cadre de l’éternel débat antithétique homme/femme: nous pas pareils, je voudrais causer d’un problème particulier qui au fait est à la base de beaucoup de conflits inter-genres: le langage.
Sans me lancer dans une grande loghorrée métaphysico-linguistique, il suffit de se munir d’un minimum d’observation et de jugement pour se rendre compte que, malgré le fait que l’on cause la même langue DANS LA FORME, ça a pas vraiment l’air de se répercuter DANS LE FOND.
Peut-on calculer le nombre titatesque de fois où, sentant que nous affichions un air contrarié, Juanito s’est enquit d’un « qu’est ce qui va pas » auquel nous répondions invariablement « rien », et que, Juanito, prenait ce « rien » pour argent comptant, et s’en allait sans demander son reste???? C’est bien connu, ce rien dissimule toujours un « sisi bien sûr qu’il y a quelque chose mais comme c’est quelque chose qui est même de très loin éventuellement lié à ta petite personne, eh bah je procède par étapes, càd qu’avant de t’exprimer clairement ce qui ne va pas, eh bien j’exprime mon
mécontentement à l’aide d’un ‘rien’ aussi fondé qu’il est crédible, et par là je fais ce qu’exige hautement et indispensablement ma condition féminine dans toute son intrinsèque ispséité: je boude. »
Et juanita, ça lui semble tellement évident qu’elle pense que Juanito fait semblant de pas comprendre pour éviter un conflit. Mais il semble que très souvent, Juanito croyait vraiment, le naïf, ce qu’elle lui disait.
Nous avons donc un mot, et deux compréhensions totalement différentes. Comme dirait mon vieux pote Oscar Wilde, « nous sommes séparés par une langue commune »
Pour éclairer un peu cela, voici un point de vue bien intéressant sur le sujet (celui de Paul Watzlawick , Comment réussir à échouer):
« l’on peut comparer un homme à une ellipse. Une ellipse a deux foyers, l’un est le logos, qui renvoie non seulement au domaine de la raison,
mais aussi à l’objectivité, aux domaines professionnels et scientifiques, et même, plus généralement, au monde « extérieur ». L’autre, qu’on appelle eros, c’est le monde des relations à un autre être humain. L’homme ne peut jamais être que dans l’un de ces deux foyers. Pour lui, ce n’est pas un problème particulier; selon ce qu’exige une situation donnée, il va et
vient simplement entre logos et eros.
On peut, d’autre part, comparer une femme à un cercle. Un cercle peut être considéré comme un cas particulier d’une ellipse: en elle, les deux foyers coincident. Pour une femme, il est parfaitement naturel d’être dans l’eros et le logos en même temps. Le problème, c’est que ni la femme ni l’homme n’ont aucune raison de supposer, même une seconde, que leur partenaire a une architecture mentale différente qui la ou le fait agir et réagir tout à fait différemment. »
Mettons donc cette belle théorie en application concrète. Juanito et Juanita se font un resto/ciné en amoureux. La femme invite l’homme au cinéma ou au restaurant. Si l’homme a le malheur de ne pas aimer le film ou la nourriture, la femme va prendre cela comme un reproche vis à vis de ce qu’elle a voulu faire pour lui. Pour l’homme, le film et le moment passé au cinéma avec sa femme sont deux choses totalement distinctes. Il va apprécier le fait de passer un moment avec sa femme, et l’initiative
qu’elle a pris pour lui d’un coté, et de l’autre peut ne pas aimer le film sans que cela n’affecte le premier point. Tandis que la femme, elle, va prendre les choses comme un tout, dont un aspect affecte forcément l’autre. Si le film ou la nourriture était mauvais, cela va donner pour elle moindre valeur à son initiative et elle va, selon les personnalités, soit en vouloir à l’autre de ne pas aimer ce qu’elle lui propose, soit s’en vouloir à elle même de ne pas avoir fait un bon choix.
Et la réputation de complexité de raisonnement de la femme pourrait venir de là, qu’elle, ayant tendance à mélanger l’eros et le logos, doit par conséquent en permanence avoir à moduler entre les deux, à ne pas laisser l’un trop empiéter sur l’autre. Donc Juanita cercle et Juanito ellipse, ça me semble une bonne théorie à creuser.
Dans le cadre des différences hommes/femmes, j’ai toujours un peu de mal avec les explications uniquement basées sur la psychologie et, pour faire large, sur l’inné.
« Eros – logos » qui se succèdent chez l’homme, qui se combinent chez la femme, pourquoi pas ? Mais la question qui me vient, c’est plutôt « pourquoi ? ». Paul Watzlawick explique d’où vient cette différence de fonctionnement ? (oui, je sais, j’ai qu’à lire le livre, mais j’ai une pile de livres à lire qui m’effraie déjà).
Perso, je pense que les différences de « fonctionnement » hommes/femmes s’expliquent beaucoup mieux par l’acquis, par les différences d’éducation, de socialisation qu’ils reçoivent (déjà tout petit).
Exemple qui n’a rien à voir mais un peu quand même : quand on filait un catalogue de jouets à mon neveu, quand il avait encore 3 ans, il allait déjà naturellement vers les « jouets pour garçons », passant les autres pages en disant « ça c’est pour les filles ! » (sans que ses parents lui aient volontairement fait passer le message).
Ca fait réfléchir.
@ Astheny : A partir du moment où un enfant est en contact avec d’autres enfants, il commence à schématiser les différences. Et si les parents lui offrent un action man, alors que sa petite cousine joue avec une Barbie, il va en déduire que le jouet a une cible différente.
En réalité, jusqu’à l’âge de 2/3 ans les jouets sont unisexe, la perception de sa « féminité » ou de sa « masculinité » commence avec la socialisation. Donc c’est un acquis, certes, mais en ce qui concerne le langage, c’est assez différent. Le jouet, c’est une question de mimétisme… et le langage ? Je doute que des parents parlent différemment selon que c’est un garçon ou une fille… mise à part éventuellement l’emploi du féminin, mais on dit davantage « tu » à un enfant, que « il » ou « elle ». Donc chercher cette différence dans l’acquis, c’est s’exposer à dire que la « guerre des sexes » n’existent pas en soi ? Que ce n’est que le résultat d’une domination patriarcale millénaire ?
Je ne suis pas chienne de garde, ni féministe… donc je dirai non. Et je me contenterai de dire que quoiqu’on en dise, il y a des différences physiologiques innées et naturelles qui sont beaucoup plus « formatrices » d’une identité sexuelle que l’éducation.
@SoLong (comment c’est trop classe comme manière de dire « »je réponds à »)
Je ne nie pas les différences physiologiques, ce serait ridicule. Mais je pense que c’est loin, très loin d’être suffisant pour expliquer les différences hommes/femmes.
On ne parle pas différemment à un petit garçon ou une petite fille selon toi ? Alors là, je ne suis pas du tout d’accord.
Aussi bien dans les « thèmes » abordés, que dans le « ton » qu’on emploie, et sans doute le vocabulaire (même si j’ai pas d’exemple qui me vient tout de suite là maintenant), on ne va pas leur parler de la même manière.
Exemple caricatural, au petit garçon on va lui dire « oh, mais tu es costaud », à la petite fille « oh, tu es jolie ».
Il y a aussi pas mal d’études qui montrent que les Instituteurs/trices ne s’adressent pas de la même manière aux garçons et aux filles de leur classe.
Je dis pas que la théorie « logos/eros » est fausse, mais présentée comme ça, elle me semble assez incomplète.
Maintenant, c’est pas non plus l’endroit pour se lancer dans une grande explication psychologique et c’ets peut-être pour ça que Diane a tronqué (sinon, elle aurait perdu ses lecteurs au bout de 5 lignes).
Mais en l’état là, j’ai du mal à être convaincu.
Je suis septique aussi pour comparer les hommes et les femmes à des figures géométrique pour en tirer des généralités.
Affirmer que l’homme ne peut pas être Eros et logos en même temps dans son comportement et ses réactions alors que pour la femme c’est naturel, ca me semble vraiment tiré par les cheveux.
Ce que j’aime pas dans le point de vue de Watzlawick c’est l’emploi de termes géométriques « ellippse » et » cercle » pour essayer de donner du corps à une comparaison dont le niveau ne vole guère plus haut qu’une conversation de salon de thé entre mamis. Je suis pas prof de math (malheureusement pour mon faible revenu actuellement) mais il me semble que dans une ellipse il y a 2 points qui sont à distance égales des 2 foyers.
Donc l’homme peut être à la fois Eros et Logos. Comme je suis une brel en math, quelqu’un peut me démontrer ici que je me plante totalement dans la définition de l’ellipse.
Comment l’auteur arrive t-il à cette comparaison un peu facile? Peut être qu’il faudrait que je lise ce livre bien que je suis devenu un peu septique sur les livres de ce genre.
Sur la dernière phrase de l’auteur il me semble que les auteurs de ce blog ont remarqué que les hommes et les femmes réagissaient dans la vie. Le truc Eros, logos me semble un peu gros.
Je confirme complètement: j’ai vécu aujourd’hui la même chose avec ma copine qui m’a invité dans un restaurant. C’était pas très bon, et je le lui ai dit. Pour moi ça n’a rien du tout contre elle, le moment était sympa quand même. Mais elle l’a mal pris et m’a traité d’ingrat.
Voilà, ça vérifie la théorie