Par Enzo
« L’homme n’est pas fait pour être heureux ». Je ne sais plus où j’ai déjà lu ou vu ou entendu cela. Parfois je souris à tant de cynisme, parfois je doute vaguement, et parfois je me demande vraiment. Comme maintenant.
« Tout pour être heureux ». Une autre expression qui semble s’appliquer à mon cas. En y réfléchissant bien, c’est l’essence même d’une bonne expression : sembler personnelle à tout le monde. Bref,
rien dans ma vie contre quoi râler et pointer du doigt rageusement. Pour imiter le vice dominical de la maîtresse des lieux, je pourrais lister :
– une chérie à qui je ne peux reprocher que sa perfection
– un stage intéressant à Paris pour lequel je quitte ma région natale
Je ne vois rien sur quoi reporter la faute des mes récents accès de spleen… Pas le mal du pays, pas encore sûrement. Peut-être le mal des amis, qui me fait errer seul un dimanche parmi la foule sur les Champs-Elysées, me donnant la vague impression de revoir Matrix, avec Néo avançant à contre-courant parmi une foule anonyme. Fraîchement débarqué, pas d’amis si on excepte les amis de Chérie et une camarade de promotion qui ne donne signe de vie.
Je sais ce que vous pensez, je devrais m’acheter un t-shirt de Caliméro. Vous avez raison. Et c’est cela qui me travaille. Pourquoi avoir des accès de tristesse, d’ennui, de découragement lorsqu’il n’y a aucune raison objective pour cela ?
allez on en rajoute un 3e : « il en faut peu pour être heureux »
peut-être es-tu un peu perdu, d’où l’arrière goût pas génial… il te faut le temps de faire ta place à toi, et pas seulement via chérie pour te sentir vraiment toi. enfin, je dis ça, c’est souvent un truc que j’ai ressenti, c’est pour ça…
Parce que t’as pas encore trouvé ta voie, le truc qui t’éclate et t’épanouit. Et quand bien même tu l’auras trouvé tu te mettras en quête d’autre chose.
Le mieux est l’ennemi du bien et pourtant on s’acharne encore et toujours à tenter d’aller un cran encore plus haut. Parce qu’il n’y a rien de plus frustrant, lorsque l’on a atteint un but, que de se dire « Bah merde et je fais quoi maintenant ? ».
» la mélancolie plus que nulle autre élève l’âme et la raison »
L’espoir c’est cette petite voix qui nous dit tout bas, doucement, au creux de l’oreille que c’est possible, qu’on peut le faire et qui nous encourage à rêver. La tristesse, les peines, les déceptions sont toutes dues à l’espoir puisque sans lui, une déception n’est pas concevable.
L’espoir est beau, l’espoir est noble, il est douloureux et déchirant. Son arrivée provoque un chamboulement, des projets pleins la tête, des rêves en rafales. L’espoir est alors plein de promesses. Celle d’un amour éternel, d’une réussite ou d’un bonheur possible.
Rien n’est réellement entamé, pourtant, cette quasi certitude que c’est possible ne nous quitte pas.
Mais cet espoir est douloureux parce qu’il est attente. Ce n’est qu’une longue et impatiente attente de quelque chose. L’espoir nous accompagne sur le chemin entre le rêve et la réalité, mais il ne dure qu’un temps, et n’apporte ni certitude ni maîtrise de ce qui nous arrive. Ce n’est qu’un rêve. Lorsqu’il ne se réalise pas, il écoeure, révolte. On lui reproche alors d’avoir existé on lui reproche ces moments où on le caressait en cachette, où on le nourrissait.
Alors, cet espoir, ambiguë, cruel, et si précieux, on le garde? Parce qu’après tout, l’espoir n’est que le début des ennuis.
Mais si demain j’arrête d’espérer, j’arrête de respirer. Sans espoir, c’est la résignation. Il n’y a ni joie, ni peine, juste un long rien du tout sans queue ni tête. La mort de l’espoir, sa fin, c’est sans doute le plus difficile à accepter. Dois-je alors, pour ne plus être déçue, sélectionner l’objet de mon espoir ? Encore moins, ça serait admettre des limites, et il est hors de question que je me fixe la moindre limite.
Admettre est sans aucun doute la seule solution possible. Admettre qu’un espoir puisse être vain, que sa réalisation n’est pas toujours possible, et que les déceptions font parti de nous. Ce n’est pas toujours facile, encore moins quand dans certains domaines les espoirs sont de courte durée et les déceptions difficiles à effacer. Pourtant, il va bien falloir continuer.
La mort d’un espoir, donne la vie à un autre. Peut être est-ce cela qui nous permet de se relever.
« D’être content sans vouloir davantage, c’est un trésor qu’on ne peut estimer. »
Marot, Clément (v. 1496-1544)
J’essaye d’apporter ma modeste contribution au blog-philo du jour et te souhaite plein de bonnes choses tout de même.
Je crois qu’il n’y a rien de plus humain que ce sentiment de spleen alors que tout va bien, au fond. Ca m’arrive de temps en temps, surtout le soir ou la nuit. En ce moment, tout va bien et tout à coup, gros spleen limite envie de pleurer sans savoir pourquoi.
En fait, je crois que c’est dû à une baisse d’adrénaline ou un truc comme ça. La journée, je m’arrête pas et le soir, je suis chez moi, claquée et là, plus rien ne va. Alors qu’il ne s’est rien passé de dramatique depuis que je me suis levée.
En plus, toi, tu es confrontée à une nouvelle vie. Au début, on est tjrs surexcités et angoissés à cette idée mais on entre vite dans un train-train quotidien et finalement, on est déçu dans le sens où on réalise que notre nouvelle vie, elle est pas si exaltante que ça.
Sinon, c férié aujourd’hui?? Non parce que 10h, je suis toute seule au bureau, là…
Cet article est vraiment trop psychologique pour moi ! Je ne possède qu’un neurone.
je crois que c’est quand on tourne un peu en rond qu’on se creuse la tête sur nos petits tracas perso et à force on a du mal à voir autre chose, alors le remède pour moi c’est de prendre du recul, que ça soit à travers autrui ou par des occupations…
Manquerait plus qu’on ait besoin de raisons pour avoir un coup de blues…
Genre certificat médical « Ah, non excusez-moi mais j’ai mon certificat, j’ai le droit d’être tristouille aujourd’hui jusqu’à demain soir ! »
au final, quand tout va mal, tu te dis que tu peux que remonter… syndrome, j’ai touché le fond de la piscine dans mon petit pull marine d’isabelle adjani lol) alors que bon, quand tout va bien, on se dit finalement, qu’attendre à part que ce bonheur la se barre?
Et ben voilà, moi ça fait 10 ans que je vis comme ça. On fait mieux mais c’est toujours mieux de se dire « je suis heureux mais pourtant ca marche pas » plutot que d’etre vraiment au fond de la brouette 🙂
bisous
KC
Quand y’en a marre, y’a Malabar.
Point barre.
Tant que t’es plus frais que Raymond Barre, faut qu’tu t’marres !
on a le droit d’être dans le slpeen meme si on a « tout pour être heureux »
persdonnellement je suis une éternelle insatisfaite, meme si ca va dans ma vie y aura toujours un truc qui ira pas. je me demande comment je vais faire si un jour y a tout qui va en même temps.
Exactement, avoir un vide à combler, c’est une dynamique qui tantôt te minera, tantôt te motivera de plus belle. Et puis pourquoi faudrait-il une raison pour avoir le spleen ?
Souvent les gens qui font une psychanalyse disent au final qu’ils n’ont pas moins de problèmes que les autres, seulement ils savent pourquoi ils les ont. Ne se sent-on pas encore plus impuissant lorsqu’on comprend ce qui se passe sans pouvoir le changer ?
Et puis peut-être qu’au contraire c’est parce que tu es satisfait que tu as le spleen. C’est horrible, d’être satisfait, d’avoir ce qu’on veut, parce que l’avidité, quelle qu’elle soit, qui nous poussait vers l’avant a disparu, et on stagne misérablement. Je n’irai pas jusqu’à te dire de foutre le bordel dans ta vie pour arranger les choses, mais tu peux peut-être trouver quelque chose après quoi courir…
Non mais pas la peine d’en faire tout un flan au point de la jouer Fight Club et lâcher le volant pour se faire peur et se rappeler le bonheur d’être vivant…
Ces variations cafardeuses sont (normalement) passagères et sans poids véritable.
Lis Bourdieu, scandalise-toi de ce que tu lis dans les journaux, plonge dans la complexité du Darfour, paye-toi un bon resto (pas tout seul), bref, évite de te recroqueviller sur ton Moi (même si c’est parfois nécessaire).
Bien sûr, agiter ses petites antennes pour relativiser les misérables tracas de son existence n’est pas naturel quand, justement, on n’a plus le goût de rien. Mais je crois que c’est passager et je ne doute pas que la semaine pro tu nous pondes un billet « waouh génial je suis heureux » parce que ta chérie t’aura demandé en mariage.
Ouais, c’est pathétique, mais au moins tu en as conscience, et ça change tout.
Un peu comme tout le monde (merdum, j’arrive trop tard pour avoir l’air originale!) ce sont des périodes… Le blues, le tout va bien, puis le re-blues, sans trop savoir pourquoi… (ça te rassure si je te dis que j’alterne une semaine sur deux en ce moment? comment ça non?)
Beaucoup de changements dans ta vie, alors zen, ça va aller! Et ce n’est que passager. Comme le dit Nina, en période de stress ou de forte occupation, dès que la pression retombe un peu, pouf, c’est le moral qui semble se ramollir aussi!
Keep cool 😉
les coups de spleen, çarrive aussi à des gens très bien… ça permet de recharger les batteries pour mieux aller de l’avant, de faire le point avec ses doigts de pied, de se remettre en cause, de se lamenter sur le verre à moitié vide pour s’apercevoir qu’il est aux 3/4 plein. pas de honte à tout ça. Pas de quoi fouetter un chat non plus.
tiens, bizarre… Nina dans ton com j’ai cru que tu allais lui conseiller d’aller s’astiquer dans les chiottes pour evacuer son spleen…
Il a du surement t’expliquer ça ton contact msn… 🙂
Il parait que c’est… post-coïtum qu’animalum tristum… et avec une main on n’appelle pas ça un coît.. du coup je me demande si…!!!
euh… mille excuses… tes remarques sur l’astiquage date du 12 et ton com du 13… tu ne savais pas encore 🙂
Pourquoi avoir des accès de tristesse, d’ennui, de découragement lorsqu’il n’y a aucune raison objective pour cela ?
c’est le symptome majeur de la dépresson