Sri Lanka : l’’impossible paix ?

Fin octobre, les violences ont repris de plus belle au Sri Lanka, alors que les rebelles Tamouls et le gouvernement sri-lankais se rencontrent à Genève pour tenter de trouver un accord de paix. Mais les diplomates ne se font guère d’illusions sur l’issue des discussions.

srilanka

Les affrontements ont repris au nord-ouest du Sri Lanka, alors même que rebelles Tamouls et membre du gouvernement sri lankais tentent de trouver un accord de paix à Genève. Pour la première fois depuis huit mois, les deux partis ont accepté de se rencontrer afin de tenter de mettre fin à la violence qui déchire l’île depuis plus de trente ans. Ceci étant, les diplomates ne fondent guère d’espoir sur cette rencontre bilatérale étalée sur deux jours. Depuis la dernière concertation en février dernier, pas moins de 3000 personnes sont décédées lors de combats. Durant le mois d’octobre, 250 militaires ont été tués lors de deux attentats suicide. Côté tamouls, la police sri lankaise a retrouvé deux corps d’activistes suite à une attaque contre une patrouille. D’ailleurs, l’attentat le plus meurtrier de cette guerre a eu lieu en octobre, tuant 103 personnes et faisant 150 blessés parmi les soldats gouvernementaux.

 

Un conflit qui s’éternise

Or, en février, les deux partis s’étaient engagées à ne plus recourir à la violence, promesse qui n’a pas été respectée, d’où le pessimisme des diplomates. D’ailleurs, alors que se déroulait la rencontre, un soldat a été abattu par les Tamouls et deux bombes ont explosé dans le district de Vavuniya (nord-est du pays), blessant 6 personnes.

 

Les Tigres Tamouls, regroupés sous le LTTE (Tigres de libération de l’Eelam tamoul), se sont soulevés en 1972 et mènent depuis une lutte armée afin d’obtenir l’autonomie du nord-est de l’île, majoritairement peuplée de tamouls. Depuis 1983, le LTTE qui regroupent des gens de confession tamouls et hindous, réclament au gouvernement de Colombo, essentiellement
cinghalais et bouddhiste, la création d’un Etat indépendant dans le nord-est de l’île. En 30 ans, ce sont 60 000 personnes, militaires et civils, qui ont péri dans cette guerre. Un cessez-le-feu avait pourtant été signé en 2002 mais il n’a pas été respecté. Erik Solheim, le médiateur norvégien, a réaffirmé que son pays continuerait son travail de médiation, entamé il y a 7 ans, jusqu’à ce que le paix revienne. Regrettant les déplacements massifs de population (environ 200 000 civils depuis février), il a rappelé qu’une aide financière extérieure dépend de la
fin des combats. De leur côté, les Tamouls comptent sur la pression internationale pour parvenir à un règlement du conflit. Le leader du LTTE, S. P Thamilselvan a ainsi déclaré : « Si la communauté internationale échoue à faire pression sur le gouvernement pour mettre en œuvre le cessez-le-feu alors le pays sombrera dans une vraie guerre ».

 

Les négociations au point mort

A Genève, les deux délégations vont donc tenter de se mettre d’accord sur un processus de paix, le tout sous la médiation norvégienne. Le gouvernement a envoyé 8 de ses membres dont le ministre de la santé Nimal Siripala de Silva, qui a échappé à un attentat de la LTTE en 1996,  tandis que les rebelles tamouls ont délégué 14 personnes pour défendre leur cause dont leur leader S. P. Thamilselvan. Dans l’état actuel des choses, les diplomates suivant le dossier estiment que si cette négociation aboutit sur la promesse de se revoir d’ici la fin de l’année sera déjà une belle victoire. Pour cette nouvelle ronde, aucun ordre du jour n’a été fixé. En effet, les deux délégations se sont rencontrées la veille pour un déjeuner et n’ont pas réussi à s’accorder sur le programme des négociations. Les tamouls souhaitaient débuter sur les questions humanitaires, en particulier la réouverture de la principale route permettant d’accéder à la péninsule de Jaffna, coupée en août par les combats. Ce quasi-blocus menace en effet un demi-millions de personnes qui voient leurs réserves en vivres diminuer de façon significative. Le gouvernement, de son côté, préfère entamer les discussions sur le volet politique. Or les discussions sur un éventuel partage de l’île entre les deux camps sont des impasses depuis plusieurs années, déjà. En juin, les deux parties devaient se rencontrer à Oslo mais les Tamouls avaient refusé, estimant que la délégation gouvernementale n’était pas de rang assez élevée, d’où la présence cette fois-ci de quatre Ministres.

 

Du côté de la médiation, Suisse et Norvège tentent de tirer la couverture à elles. En effet, les deux Etats sont les champions de la diplomatie, se proposant pour arbitrer tous les conflits. Ainsi, alors que la Norvège se charge du dossier sri lankais depuis 7 ans, la Suisse s’invite dans la discussion, organisant chez elle cette nouvelle rencontre. D’ailleurs, l’ambassadrice suisse Heidi Tagliavini n’a pas hésité à rappeler aux deux camps l’obligation de respecter le droit international humanitaire. «  En tant que dépositaire des Conventions
de Genève, la Suisse ne peut pas échapper à ses responsabilités de rappeler aux parties en conflit leur obligation de respecter le droit international humanitaire, en particulier de protéger les civils. ». Si la Norvège est le médiateur officiel de ce conflit, la Suisse multiplie les déclarations à destination du Sri Lanka afin de ne pas se faire oublier. Le pays helvétique déclare qu’il est prêt à répondre à toutes les sollicitations des belligérants si ça permet d’arriver à un accord de paix. Ainsi, Suisse et Norvège se retrouvent souvent sur les mêmes dossiers,
comme pour le conflit israélo-palestinien ou en Colombie. Ceci étant, ces deux pays ne sont pas les seuls à espérer la paix au Sri Lanka : les Etats-Unis, le Japon et l’Union Européenne essaient également de favoriser un processus de paix entre les deux parties. Sans succès jusque là.

6 réflexions sur “Sri Lanka : l’’impossible paix ?

  1. Oui, ce blog est en journal intime, par ce qu’on vient ici pour lire les considérations d’une célibataire au chômage.
    Pour de l’info, on a suffisament de quotidiens comme ça, non ? 😉

  2. Intéressant tout ça! J’ai une amie qui est très impliquée dans une asso caritative née après le tsunami. Elle me dit qu’aujourd’hui, pour nous, le stunami est oublié, mais que pour les populations locales qui en plus subissent cette guerre civile, c’est dramatique

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *