Episode 23

Mark regarda sa montre et soupira. Il avait une demi-heure d’avance et ne savait pas quoi faire pour passer le temps. Il aurait bien discuté avec quelqu’un, mais son père était en
train de régler certains détails avec les danseurs tandis que Kelly avait disparu en compagnie de Bryan, pour changer. Il n’y avait vraiment que son père pour ne pas voir leur petit manège mais,
comme on dit, l’amour rend aveugle.
Il poussa un nouveau soupir et s’assit dans l’un des fauteuils en velours du théâtre, qui étaient d’un confort remarquable, et contempla un instant la scène encore vide sur laquelle allait se
déroulait ce ballet qui promettait d’être d’un ennui prodigieux. Pourquoi son père s’acharnait-il à vénérer l’art de l’ancienne société, ce n’était qu’une perte de temps. Il y avait tellement
d’autres choses à régler, comme attraper tous ces rebelles qui étaient venus les narguer jusque chez eux. S’il avait le pouvoir, il les traquerait nuit et jour et quand il les aurait enfin
capturés, il les aurait torturés jusqu’à ce que mort s’ensuive. Mais son père était trop mou pour ça. Le pouvoir, pour lui, c’était de collectionner de vieux tableaux sans intérêt et d’aligner des
tas de bouquins inutiles et poussiéreux sur des étagères. C’était évident, Bill n’était pas fait pour gouverner, il était trop faible. Il ferait mieux de s’écarter pour laisse la place à son fils
mais Mark savait bien que son vieux père ne ferait jamais ça. Il était beaucoup trop orgueilleux pour avouer son incompétence.
Il regarda l’heure et soupira : ça ne passait vraiment pas vite ! Il avait hâte de se fiancer avec Oceany, car ça le rapprochait du mariage et, surtout, de la nuit de noce. Il avait été
profondément frustré quand elle l’avait repoussé en prétextant vouloir rester vierge jusqu’au mariage. Quelle idée stupide ! C’était digne du Moyen-âge, ça, c’était tellement dépassé ! Il était
certain que si on examinait toutes les futures mariées élitistes, le nombre de vierges devait se compter sur les doigts d’une seule main et il était tombé sur l’une d’entre elles. Mais dès qu’elle
aurait la bague au doigt, il allait rattraper le temps perdu, qu’elle soit consentante ou non. De toute façon, il serait bientôt l’homme le plus puissant de la ville, donc du monde, et elle ne
pourrait rien faire pour l’empêcher de faire ce qu’il voulait. Mais, en attendant, il était condamné à jouer le fiancé gentil et prévenant, alors que ça ne lui correspondait pas du tout, mais
Oceany était le meilleur parti de la ville et il voulait épouser une femme de son rang.
Il regarda l’heure et soupira : que le temps lui paraissait long !

—–

Kelly passa derrière le rideau et longea les coulisses pour arriver dans une grande cage où était enfermée la rebelle dont elle avait oublié le nom. Mais elle n’en avait cure,
elle allait mourir de toute façon. Cependant, elle voulait essayer une dernière fois de lui soutirer le nom de leur chef. Elle s’assit sur un fauteuil qui traînait et regarda sa prisonnière d’un
air dédaigneux.
« On fait moins la maligne, maintenant, n’est ce pas…c’est quoi votre prénom ?
– Maria, Maria Ramirez. Ne l’oubliez pas, c’est moi qui vais faire sauter cette putain de ville.
– Ah oui, c’est vrai, les bombes…vos complices les désamorceront forcément, quand ils verront que vous n’avez pas réussi votre mission, à savoir tuer tous les élitaires. Quel déshonneur !
– Je travaillais seule, pour la vingtième fois.
– Je ne vous crois pas, vous aviez des complices et votre chef fait partie de l’élite, j’en suis sûre. Dites-nous son nom et elle mourra à votre place.
– Elle ? Qui vous dit que c’est une femme ?
– Intuition féminine, sans doute.
– Je ne vous donnerai aucun nom, je ne suis pas une balance et, de toute façon, j’ai agi seule dans cette histoire. Mais vous faites fausse route : il n’y a pas qu’un seul élitaire, il y en a deux,
sans compter tous leurs complices passifs. L’édifice tombe en ruine, les gens commencent à prendre conscience que cette ville est un enfer, ils vont tous se rebeller et vous allez vous faire
lyncher, blondasse.
– Nous tenons tous ces gens sous notre contrôle, il n’y a aucun risque de rébellion dans l’élite, sauf pour quelques brebis égarées. Mais ce n’est pas trois péquenots qui vont tout détruire.
– Comment pouvez-vous en être si sûre ?
– On contrôle tout le monde grâce aux messages subliminaux : plus ils utilisent leurs ordinateurs, plus ils sont convaincus que Technopolis est un paradis terrestre. Vos élucubrations sur une
révolte élitiste sont vraiment ridicules ! Votre mort ne sera vraiment pas une perte. Bien, je pense qu’il est temps de vous dire adieu, nous ne nous reverrons plus. J’aurais volontiers tranché
votre tête moi-même, mais c’est un peu trop salissant à mon goût. J’espère que vous apprécierez autant le spectacle autant que moi.
– Dégage, salope.
– C’était bien mon intention. Vous n’avez pas beaucoup de conversation, vous êtes ennuyeuse à mourir. Au moins, grâce à moi, vous mourrez en beauté. »
Maria frappa violemment la cage, comme si elle avait voulu la détruire, mais elle échoua : apparemment, c’était très solide. Elle regarda Kelly d’un œil noir, comme si elle avait pu la tuer rien
qu’en la regardant, mais ça n’eut pas l’effet escompté. Kelly éclata de rire et se leva, pour tapoter sur les grilles, ce qui énerva encore plus sa proie, qui était hors d’elle et qui donnait, à
présent, de grands coups dans la porte de sa cage pour tenter de la défoncer. Elle détestait cette femme blonde, elle la haïssait plus que tout et se jura de la maudire au moment de sa mort.

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6 réflexions sur “Episode 23

  1. Oui ben excusez-moi, y’a pas de PMU dans ma banlieue paumée, juste un bar à p… hôtesses, faut bien que je fasse pilier de bar quelque part…

    Tiens, mon captcha anti-spam c’est ASS, si c’est pas de la provoc’ ça…

  2. J’adore ton blog et je te lis tous les jours. Mais je ne suis pas fan de Technopolis (je ne juge pas ton écriture c’est juste que je n’ai pas aimé le 1er épisode). Je voulais savoir combien d’épisodes il y avait?

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