Episode 5

Ethan ouvrit les yeux et s’étira longuement avant de se rendre à la salle de bain. Il se mira dans le miroir et constata avec amertume qu’il avait un
gros bleu sur le ventre, souvenir de la petite peste qui l’avait agressé …quelle sauvage, cette fille, on n’avait pas idée d’être aussi violent. Il se rasa et alla à la cuisine pour prendre son
petit déjeuner, mais il remarqua que la porte du salon était ouverte. Il fronça les yeux : il était certain de l’avoir fermé, la veille. Et si l’un des exclus s’était introduit chez
lui ? Il attrapa un club de golf qui traînait dans l’entrée et jeta un œil rapide, tentant de se dissimuler derrière le chambranle de la porte, mais ne vit personne. Il la poussa avec
précaution et entra dans la pièce, mais elle était vide. Devenait-il paranoïaque ? Il baissa sa garde et soupira de soulagement, mais, soudain, il entendit un craquement derrière lui,
il se retourna vivement en brandissant son club et en poussant un cri d’attaque, mais il s’arrêta net quand il vit que c’était sa mère, qui hurlait encore plus fort que lui.

« Bon sang, Ethan ! Mais qu’est ce qu’il te prend, je peux savoir ?

– Maman ! Je croyais que c’était…quelqu’un d’autre.

– Je peux savoir qui tu accueilles avec une canne de golf ?

– Non, je croyais que c’était les types qui m’avaient volé mon passe qui étaient…hum…entrés par effraction.

– En voilà une idée ! Si tu n’étais pas allé te balader par là-bas, toi aussi : mais qu’est ce qu’il t’a pris ?

– Je voulais profiter de ma dernière nuit de célibataire pour découcher, voilà. Tu comprends, à partir de ce soir, je serai fiancé et aurai des
obligations envers Neve et…j’avais besoin de prendre l’air une dernière fois sans avoir à me justifier, mais c’est totalement raté.

– C’est une femme, c’est ça ? Tu es allé voir une femme faisant partie des exclus ? Mais quelle honte !

– Mais non, c’est pas ça, maman. Je marchais et je n’ai pas fait attention à l’endroit où je me trouvais.

– Mais tu es blessé, fit-elle en désignant son bleu. Ca te fait mal ?

– Non, ça va.
– Et si j’appuie ?

– Aïe ! Bien sûr que oui, c’est un bleu, voyons ! Faut pas appuyer dessus ! Mais c’est pas grave, ça va passer. Au fait, qu’est ce que
tu viens faire ici ?

– Je voulais vérifier que tu allais bien, après ce qu’il s’est passé hier soir…tu dois être en forme pour ce soir, ce sont tes
fiançailles.

– Oui, je sais, mais ça ira. Déjà, je ne serai pas torse nu, donc on ne verra pas mon hématome et je ne parlerai de cette histoire à personne, je me
sens bien assez humilié comme ça. Et puis, je n’ai pas besoin d’avoir la super forme pour sourire et serrer la main à des gens en les remerciant d’être venus. Quant à l’animation, Neve s’en
chargera très bien : elle sera ravie d’être le centre de l’attention générale.

– Essaie au moins de faire semblant d’être content.

– Mais je cache ma joie, chère maman. Rien ne pouvait me faire plus plaisir que d’épouser cette charmante femme qui a autant d’esprit qu’un
oiseau.

– Je sais que tu n’apprécies pas beaucoup Neve pour le moment, mais je suis certaine que dès que tu la connaîtras mieux, tu l’aimeras, tu
verras.

– Même toi, tu ne la supportes plus et pourtant, tu es un modèle de patience…cette fille est un vrai tyran et je vais détester les nombreuses années
qui me séparent du repos éternel.

– A ton âge, on ne devrait pas avoir ce genre d’idée : tu n’as que 30 ans, tu as la vie devant toi, et puis, je suis certaine qu’elle va
changer : je te parie tout ce que tu veux que dès qu’elle sera maman, elle va devenir plus raisonnable, ça va lui mettre du plomb dans la cervelle. 

– Espérons que tu aies raison. »

Il soupira et s’écroula sur le canapé : dans quelques heures, son destin serait scellé à celui d’une femme exécrable et rien ne pourrait changer
ça, sauf un cataclysme et rien de tel n’était prévu. Mais il y avait sa mère, elle tenait à ce qu’il soit marié avec une femme qui prendrait soin de lui avant de trépasser. Même si elle était
dans la fleur de l’âge, elle avait une santé fragile et elle pouvait très bien attraper une grave maladie à tout moment. Il souhaitait évidemment que ça n’arrive pas, il l’aimait tellement, mais
la vie ne se déroule jamais comme on voudrait et ce soir, contre son gré, il se fiancerait à sa harpie.

 
 
 
 
 
Chapitre 3
 

            Alyson attrapa le bras de sa fille et entra en même temps qu’elle dans la
magnifique salle de réception de Technopolis, aux parois en verre qui permettaient d’embrasser la ville d’un seul coup d’œil. Les colonnes, en verre également, étaient sculptées de telle sorte
qu’elles réfléchissaient la lumière en la décomposant, créant de magnifiques spectres lumineux. Le robot placé à l’entrée prit leur invitation et les annonça, ce qui interpella Neve Woodart
qui se précipita à leur rencontre.  

« Nicholas, Alyson ! Je suis ravie de vous voir ici ! Oh, c’est la petite Oceany ? Mais elle est devenue une jeune femme
superbe ! Et voici Oliver : qu’il est mignon !  »

Elle continua de babiller pendant cinq minutes, leur parlant comme s’ils étaient de vieilles connaissances alors qu’ils n’avaient jamais discuté
ensemble. Oceany détestait ce genre de femmes qui ne pensaient qu’à côtoyer les personnes les plus en vues du moment, mais s’ils tombaient en disgrâce, elle leur passerait devant en les ignorant
totalement.

Tandis que la future fiancée discutait avec sa mère et son beau-père, Oceany prit son petit frère par la main et l’entraîna vers la piste de danse
au-dessus de laquelle se trouvait une copie de la fresque de la chapelle Sixtine ; il fallait avouer que cette salle était magnifique, mais tout ce luxe la rendait toujours mal à
l’aise.

« Oceany, je peux aller jouer avec les enfants, là-bas ?

– Oui, bien sûr, mais tu ne fais pas de bêtises, d’accord ?  »

Le petit garçon hocha la tête et galopa vers les autres enfants pour s’amuser avec eux ; il avait exactement les mêmes cheveux blonds que sa
mère et avait un visage d’ange qui faisait craquer tout le monde, y compris sa grande sœur qui voulait le meilleur pour lui.

Elle releva la tête, fascinée par la fresque : elle était reproduite avec un réalisme déconcertant, on aurait pu croire que Michel Ange lui-même
était venu ici décorer la salle. Soudain, elle sentit une présence à ses côtés et une coupe de champagne apparut devant son nez, ce qui la fit sursauter. Elle se retourna et se retrouva face à
Ethan Wadeker, en personne. Elle se sentit mal à l’aise et eut peur d’être reconnue, mais n’en laissa rien paraître. Après tout, elle était masquée quand elle lui avait volé son passe, il ne la
reconnaîtrait sans doute pas.

« Tenez, mademoiselle, goûtez-moi ça, il est excellent.

– Oh, je ne bois pas.

– On ne refuse jamais rien au fiancé. Je suis Ethan Wadeker.

– Oceany Antelwort Geller.

– Je vous croyais plus jeune : vous êtes une vraie femme, à présent.

– C’est exactement ce qu’a dit votre fiancée : vous faites bien la paire.

– Ah, Neve a dit ça ?  »

Il paraissait vexé par ce qu’elle venait de dire et elle comprit qu’il n’appréciait pas vraiment sa future femme… Mais il fallait épouser une
femme de l’élite et, apparemment, il n’avait pas eu le choix. Il ouvrit la bouche pour ajouter quelque chose quand il fut interrompu par la puissante voix du robot de l’entrée qui annonça
l’arrivée de Bill Oxford, le maire de la ville. Neve abandonna instantanément les Geller pour se jeter au cou du maire qui la regarda froidement ; avec ses yeux bleus très clairs et son
visage émacié, couronné de cheveux gris, il semblait incapable du moindre sentiment et ferait un parfait dictateur. Ce qu’il était d’ailleurs, mais peu de gens de l’élite en avaient conscience,
trop heureux de pouvoir s’amuser sans travailler : « donnez-leur du pain et des jeux »…Oxford aurait fait un parfait César. A ses côtés se trouvait une créature blonde aux
mensurations remarquables, le type même d’écervelées fascinées par le pouvoir, vêtue d’une robe incroyablement décolletée devant et échancrée derrière : il s’agissait de sa seconde épouse
Kelly. Puis derrière arrivèrent deux hommes : l’un d’eux était Mark, le fils de Bill, un beau brun aux yeux noirs qui ressemblait, à ce qu’elle avait pu entendre, à sa défunte mère. L’autre,
un type d’origine latine, était un parfait inconnu et elle se demanda qui il était mais elle eut vite la réponse, puisque le robot refit son annonce en incluant Kelly, Mark et l’inconnu, cette
fois-ci.

« M Bill Oxford, maire de Technopolis, son épouse Kelly, son fils Mark et son beau-frère Bryan Masson. »

Son beau-frère ? Certainement le frère de sa première épouse car le Bryan en question ne ressemblait absolument pas à Kelly. Ethan se dirigea
immédiatement vers les nouveaux venus, la délaissant, ce qui ne la dérangeait pas vraiment, au contraire… En tout cas, il ne l’avait pas reconnu.

Début / Episode précédent / Episode suivant


7 réflexions sur “Episode 5

  1. J’ai l’impression que tu as remanié le texte avant de le publier, car cette partie est encore plus agréable à lire. Ou bien c’est le plaisir qui monte? 😉 Ou je m’habitue? :-b Bref, j’ai déjà hâte de lire la suite…

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *