Hier, je vous expliquais qu’être gentil, c’est cool, ça met des paillettes et des arcs en ciel dans la vie des gens et qu’on gagnerait tous à être plus sympas. Sauf que voilà, les gens, des fois, ils ont de vrais problèmes et quand tu arrives tel un angelot naïf, tu te retrouves vite dans une spirale infernale.
J’ai, malgré moi, un côté St Bernard. Je tombe toujours amoureuse d’hommes un peu fragiles que j’essaie de rebooster parce que “hé mais mec, tu vaux plus que tu ne crois”. On appelle ça une soignante mais comme me dit un jour Tribulanne, dans soignante, il y a “soi niante”. Le problème, c’est que je m’y prends mal en soi. Voyez, en plongée, on fait un peu de sauvetage et la première chose qu’on a appris, c’est le coup de coude en pleine face de l’assisté. Bon, c’est pas obligatoire mais une personne qui se noie a tendance à se débattre donc si elle devient ingérable, qu’elle s’accroche à nous et nous fait sombrer, mieux vaut l’assommer. De façon générale, mieux vaut un nez cassé que deux morts. Les gens qui ne vont pas bien sont la personne en détresse qui va se raccrocher à vous avec désespoir et vous faire couler. Mais comment leur casser symboliquement le nez ? Comment leur secouer les puces sans commettre de dégâts irréparables ?
Le problème est que certaines personnes ne veulent pas aller mieux. Je connais une fille qui s’entretient une petite paranoïa à base de “personne ne m’aime, les gens sont méchants, je comprends pas” depuis deux ans. Cette fille nous a bousillé une soirée en partant en claquant la porte parce que “personne ne s’occupait d’elle”, soirée survenant à rupture avec l’Ex H+24 (et même pas tout à fait) pour moi, le surlendemain du décès de la grand-mère d’une autre donc bon, elle n’avait pas la palme de la situation la plus dramatique. En lui courant après pour tenter de la calmer, je me suis retrouvée à discuter 1h sur un trottoir sans manteau en plein mois de janvier. A l’arrivée ? Elle n’a même pas pris la peine de prendre de mes nouvelles quand je me suis cassée la jambe. Et elle continue à faire la gueule à des gens sans qu’on comprenne pourquoi et à se poser en victime. Bah tiens.
Il y a aussi ceux dont la dépression est un moteur. Genre les artistes maudits qui se biturent tous seuls chez eux et se jettent sur leur lit en criant que la vie ça pue et qu’ils souffrent. Enfin, quand je dis seuls, faut que ça se sache quand même, ils SOUFFRENT et le monde entier se doit d’être au courant. Je t’expose ma plaie béante, monde cruel, viens y déposer mille cataplasmes. Ceux qui sont suivis par un psy ne le sont finalement que pour donner une caution à leur mal être. Ce n’est plus “vu à la télé” mais “suivi par un psy”. Leurs maux sont d’ailleurs parfois réels, ne nions pas la souffrance, mais leur éternelle mise en scène te fait te poser des questions : ton mal être précède-t-il ta mise en scène de ta souffrance ou s’en nourrit-il ?
Le truc, c’est que je suis pas psy. Aider les gens qui ne vont pas bien est une noble attention résultant certainement de mes propres névroses (la principale étant : “j’ai une vie globalement satisfaisante, mes parents sont supers, mon enfance fut très heureuse, je dois partager tout ce bonheur qui est mien pour rééquilibrer le monde”, en gros) mais faudrait voir à se poser les bonnes questions. Puis-je réellement aider cette personne ? Le souhaite-t-elle réellement ? En étant gentille et attentive à ses malheurs, est-ce que je l’entretiens pas dans ses délires dépressifs ? Et à un moment, tu te rends compte qu’à ne pas oser éloigner les gens nocifs (parfois malgré eux), tu t’es oubliée. Que tu rentres le soir totalement vidée. Que tu appréhendes de les voir car tu sais qu’ils vont avaler goulûment ton énergie et ta joie de vivre. Et que ça te gonfle. Mais tu culpabilises en même temps, c’est quand même pas cool de tourner le dos aux gens qui ne vont pas bien, ils ont besoin d’être entourés. Oui mais entourés par qui ? Par moi ? Parce que tu vois, je pourrais me couper un bras pour certaines personnes qui vont mal mais ces personnes se comptent globalement sur les doigts de la main. Ces personnes, elles peuvent m’appeler ou m’écrire, je suis là. Les autres, arrive un moment où il faut admettre qu’on ne leur doit rien, que notre histoire commune n’est pas assez profonde pour que je me perde. Surtout quand la douleur n’est qu’une façon de se mettre en scène,d ‘acheter notre affection. Souvenez-vous la fausse leucémique…
(c) Mamzel*D
Maintenant, je dois apprendre à ne pas culpabiliser, faire le tri, ne secourir que mes amis qui comptent et laisser les autres à la périphérie. C’est dur mais force est de reconnaître que je ne suis pas wonder-psy-woman.
C’est du pain béni de faire le tri dans ses relations difficiles. Mais quand on te colle une personnalité difficiledans ton équipe au boulot, c’est moins marrant, tu dois te le taper tous les jours ouvrés. Mais si tu arrives a faire avec, généralement pour te remercier, le big chef t’en colle un(e) second(e). L’avantage avec ces lascars, c’est qu’ils n’acceptent pas un chef de meute. Ils ne forment pas une équipe pour te pourrir la vie. Ils sont en teflon, rien ne les touche, hormis leur problèmes.
Ah les collaborateurs boulets, le cauchemar de tous ! Pour ma part, j’ai surtout eu des managers (enfin, une en particulier) qui avaient une personnalité difficile genre « j’ai pas confiance en moi donc je me cache derrière toi au moindre problème car tout est forcément de ta faute », j’ai eu droit aux mensonges « si, je l’ai fait mais l’enregistrement n’a pas marché », les fausses accusations à base de « tu n’as pas fait ça ou tu l’as fait tard, je te ressortirai le mail qui le prouve » (mail dont tu n’entends plus jamais parler…). C’est intéressant ceci dit, j’écrirais bien un article sur gérer les collègues boulets…
Si tu te coupes le bras pour des personnes qui se comptent sur le doigt de la main ne vas-tu pas perdre le compte?
Désolé ça m’amusait. Je sors…
Je like ! (et je rigole)