Ce qui est intéressant c’est que nous sommes allés là bas parce que mon père voulait fêter un truc.
Ce jour là, cela faisait 30 ans qu’il s’était installé à N’enterre Pas Tes Rêves, en tant que médecin spécialiste.
Ma sœur et moi on lui a donc demandé ce à quoi il rêvait à 30 ans, il y a 30 ans…
Mon père est issu d’un monde ouvrier.
Il s’est construit lui-même. Mais il a eu la chance de croiser des gens motivants.
Intelligent, bucheur, il a d’abord eu un prof qui l’a poussé vers un lycée généraliste puis plus tard il a croisé deux personnes qui sont devenues des amis et qui lui ont donné des outils (bouquins, auteurs, réflexions) pour mieux comprendre le monde et vivre mieux.
Mon père, fondateur des Jeunesses Communistes à Bagneux à l’age de 12 ans, puis militant au PC jusqu’à 30 ans, a voté Sarko aux dernières élections.
En fait, aujourd’hui, la seule conviction qui l’anime c’est vouloir être heureux et en phase avec sa vision de la vie.
Et pour répondre à cette demande, Sarko lui a paru plus en accord avec les impératifs de la société moderne qu’un PS, sclérosé, archaïque et à coté de la plaque.
Qui lui en voudrait ?
Qui lui en voudra ?
Pire, ne peut on pousser la logique plus loin et dire que tout communiste est un égoïste qui s’ignore car dans tout communiste c’est le fait d’utiliser la collectivité pour améliorer son sort personnel qui prime… (OK, je vais un peu loin. Certes, il y a des gens bienveilllants et généreux. Mais rappelez vous l’échec de Owen avec ses collectivités… C’est un peu déprimant tout de même.)
Mais au-delà de tout ça, et pour revenir au sujet qui était « ce à quoi rêvait mon paternel à 30 ans », ce qui nous a étonné, ma sœur et moi, c’est que cette question, sur le sens à donner son existence, est restée en suspension. Mon père n’avait plus de rêves à 30 ans, plus d’idéal.
Pourquoi se lever le matin et « faire l’effort de » ?
Comment se coucher le soir et être serein ?
Pour quelle raisons faire des efforts ?
Dans sa réponse, il a donc eu un pragmatisme effrayant.
Quand on a un boulot passionnant, des revenus importants, qu’on bosse 15 heures par jour, ce qu’on cherche c’est tout bonnement à ne pas être triste ou anxieux.
Je ne dis pas que mon père se noie dans le travail pour éviter de penser à des choses qui pourraient le soucier.
Je dis qu’il se noie dans le boulot parce que (je résume, bien sûr) il y trouve un réconfort intellectuel et des revenus importants qui lui permettent ensuite le week end de faire ce que bon lui semble et offrir à sa famille un cadre de vie adéquat.
Exit Mère Teresa, exit les bons samaritains, exit toute cette hypocrisie chrétienne de l’aide de ton prochain. (mais d’ailleurs, la plupart des mémés croyantes qui vont à l’église ne le font-elles pas uniquement pour être accueillies au paradis ? N’y a-t-il pas une malhonnêteté intrinsèque et essentielle dans cet abonnement à la messe en vue d’être bien vue de Dieu et obtenir son F2 au paradis ?)
Pour autant je pense à Nina qui a serré les dents avant de trouver un boulot qui lui plaise vraiment. Je pense à un copain qui a eu le courage de se lancer dans un domaine passionnant (le cinéma) et d’en baver le temps nécessaire avant d’être reconnu pour ses qualités. Belle preuve d’abnégation.
Mais je pense surtout à une amie.
Une nana brillante, un caractère bien trempé, une personnalité incroyable.
Pour tout vous dire alors que j’étais dans mon coma, j’ai rêvé à deux reprises que j’allais chez ses parents pour la demander en mariage.
Aujourd’hui, Aphrodite est avocate dans un cabinet prestigieux.
Mais il y a encore quelques années, dans des moments de tristesse ou de doute, elle parlait de lâcher le Droit, d’être infirmière pour donner un peu de sens à sa vie…
Parfois, je pense à elle et je me demande :
« Est-elle heureuse aujourd’hui ? A-t-elle trouvé une réponse ? Un quotidien qui l’empêche de penser à l’absurdité de tout ça… »
On en revient toujours à Camus et le Mythe de Sisyphe.
Alors…
Que penser ?
A quoi bon vouloir chercher une raison d’être et exister ?
Faut-il vivre sans se poser de questions histoire d’être serein ?
Si vous avez des remarques, elles sont les bienvenues.
Si on va à l’essentiel (vraiment primaire)la vie se résume à avoir le ventre plein et être au chaud.Le reste est de la broderie et notre cerveau évolué nous pourrit la vie à rechercher le bonheur(la société pousse aussi le bouchon , mais c’est aussi la conséquence de l’évolution de notre cerveau).Ce qu’il faut , c’est ne pas tomber dans la déprime en sachant que tout est vain,mais garder cette idéé à l’esprit .Et privilegier les relations HUMAINES.
j’aime bien ce post………
Tout dépend de ce que tu veux de la vie…
La richesse, la connaissance, la sagesse, la reconnaissance, le pouvoir, etc…
Selon ce que tu veux vraiment pour ta vie, tu feras des choix point barre. Tu peux te poser 1001 questions sur la vie, le monde sans que cela ne nuise à ton propre parcours.
L’important à mon sens c’est de ne pas se nier soi-même, au fond de nous on sent ce que l’on veut vraiment, de là à mettre en pratique, bon… c’est plus complexe que des mots.
Tu ne peux pas savoir si les gens sont heureux, même s’ils le disent avec assurance, par contre pour toi-même tu es apte à juger, fais le max pour les autres puis pour toi, tu en seras toujours grandi quelque soit le contexte (je n’ai que 30 ans mais je suis sûr de ça…).
Guillaume
bonjour,
j’ai moi même eu des expériences de vies différentes relativement fortes, sans entrer dans les détails ce qui serait trop long, je n’ai rien à regretter car je me suis construit ainsi. Aujourd’hui ce qui aurait pu paraitre désordonné à forger mon caractère et le fond de qui je suis réellement. j’ai acquis sans m’en rendre compte une sorte de cohérence. voilà c’est la cohérence de ce parcours que je goûte en regardant par dessus mon épaule tout en sachant que demain est le plus important.
Je rejoins un peu les comms précédents…est-ce que le travail est un but ou un moyen?
Pour moi il est plus un moyen, un moyen de gagner de l’argent et de mieux profiter de la vie, de pas être en stress permanent, de compter comme ça a pu être le cas pour mes parents ou même moi fut un temps…
Mon job aujourd’hui est pas le job de mes rêves mais bon il paye très convenablement, je peux m’acheter des choses, faire des cadeaux, faire des projets, penser à moi et à partir en vacances…
Certaines personnes peuvent trouver ça futile mais moi c’est ce que je veux : me faire plaisir, profiter un peu! Ca ne fait pas de moi un être monstrueux, j’ai des opinions, je donne suivant mes moyens (et j’ai commencé en étant boursière), j’ai de l’admiration pour les gens qui se consacrent aux autres mais je n’en aurai objectivement pas la force donc on va pas faire semblant…comme ‘la dit le Dr Gizmo, je crois que je peux dire que je suis en accord avec moi-même…
C’est aussi pour ça que j’ai souvent du mal avec tes articles, je ne dis pas ça méchamment mais franchement je trouve que souvent c’est de l’enculage de mouches, quand je te lis souvent j’ai envie de te dire : mais putain trouve un job et travaille, ce n’est qu’un moyen de gagner de l’argent (bon même si objectivement y’a des jobs que je pourrai pas faire et des compagnies pour lesquelles je pourrai pas travailler…). Ca doit être mon côté paysan picard, je suis pragmatique, il faut vivre, il faut un job et s’il te plait pas bah t’en cherches un autre… 🙂
Je suis d’accord avec ce qui a été dit. J’estime que le plus compliqué réside dans le fait de savoir ce que l’on attends vraiment de la vie, de ce qui nous fait envie. Le bonheur, selon moi, réside dans les joie quotidienne, partager un bon moment avec nos proches, manger un morceau de chocolat, lire un bon livre au chaud, faire une sieste digestive, j’en passe et des meilleurs! Certes, ça doit aussi être épanouissant d’agir pour les autres, en s’engageant dans l’humanitaire… Toutefois, on aspire tous à des choses différentes et le principale c’est de suivre ses envies, en essayant de ne pas faire de mal à autrui.
je pense qu’il est impossible de profiter de la vie sans penser à demain. Le principe du Carpe Diem est totalement applicable si tu n’as aucune attache, aucun objective, aucune envie à réaliser. Sinon toutes tes actions sont tournées en ce sens. ALors on apprend tout de même à profiter des moindres moments, à ne pas avoir de regret sur ce qui s’est mal passé (parce qu’au fond, on en a quand même profité, que le peu auquel on a goûté valait la peine, ou pour d’autres raisons), mais de là à avoir l’esprit totalement libéré du poids du lendemain et des conséquences de nos actions c’est impossible. Après il faut effectivement savoir ce que l’on recherche ds la vie et faire tout ce qui est possible pour l’obtenir, et profiter des plus (ce qui ne nous est pas nécessaire, ces choses pr lesquelles nous n’avons aucun projet et qui rendent la vie plus sympathique parce que justement, comme on s’attendait à rien, on a eu l’impression de tout obtenir).
Le plus difficile à mon aivs, ce n’est pas de profiter des choses sans penser à demain, c’est d’être capable d’apprécier la vie sans se dire constamment que l’on est déçu par les gens, leurs attitudes, leurs actions, leurs priorités, les moyens qu’ils sont capables d’employer pour arriver à leurs fins, etc…
A mon humble avis, on ne choisit pas de « vivre sans se poser de questions », c’est une question de nature.
Il y a des gens qui arrivent à vivre (plus ou moins hein) avec assez de légéreté, sans tout questionner tout le temps, en s’arrangeant avec eux même pour être le plus heureux possibles. Et puis il y a ceux qui ont une case « questionnement existentiel » surdéveloppée et qui passent leur vie à chercher des réponses.
Je ne dis pas que l’un vaut mieux que l’autre, même si on a tjrs l’impression que celui que l’on est est tjrs le meilleur possible, bien sûr…
Bon, après, comme je me situe plutot ds la catégorie des casses têtes existentiels, j’ai tendance à penser que ne pas se poser de questions, c’est la solution de facilité, voire c’est s’aveugler délibérément…
Et puis, pour convoquer à la barre M. Pascal, il y a cette atroce théorie du fameux ‘ »divertissement pascalien » qui dit que tout ce que nous faisons de nos journées, absolument tout, que ce soit gagner du flouze ou faire de l’humanitaire au guatémala, ce n’est qu’un moyen d’occuper le temps pour éviter à son esprit ces moments de pause existentielles où l’homme se rend compte 1/qu’il n’est rien et 2/qu’il va mourir un jour et 3/que sa vie n’a aucun sens. Bref, tout ce que l »‘on fait dans notre vie, c’est se divertir afin de ne pas laisser la place à l’insoutenable lucidité de l’être.
…et pour terminer mon blabla, je dirais qu’à défaut de se trouver une « raison d’être », on peut toujours se trouver une « façon d’être », et que contrairement à ce qu’on a voulu longtemps faire croire aux hommes, on a pas besoin d’un dieu ou de la promesse d’un paradis pour être un être moral qui veut du bien à son prochain (pourvu qu’il aille pas me casser les couilles ni se garer en double file pour aller chercher son kebab).
Ne serait-ce que pour ce petit plaisir égoiste qui est que faire du bien à l’autre, c’est faire du bien à soi.
Sic transit gloria mundi!
Je suis tout à fait d’accord avec toi Pascal! Étant moi aussi du coté des enculeurs de mouche, j’ai une sainte horreur de me coucher le soir en me disant que j’ai perdu ma journée. Par « perdu », j’entends que j’ai rien fait pour progresser, apprendre, construire, etc…. C’est ça qui me fait lever le matin. étant encore jeune (la vingtaine!), c’est mon principal but dans la vie: me faire une place au soleil. En espérant que mes rêves évoluerons pour continuer d’espérer à 30 ans. N’étant pas croyant, je ne rêve pas d’une place au paradis. Mais j’espère laisser une trace de mon passage sur terre, aussi infime soit elle. C’est peut être ça, le but de ma vie. Trop tôt pour se retourner, de toute façon.