(il faut les aimer aussi… Naaaaaaaaaaan !)
Cette semaine, j’ai reçu un mail pour le moins étrange que, dans ma grande générosité, j’ai fait suivre à quelques personnes tellement il était fin et spirituel. Enzo, dans un élan que je qualifierais de psychanalytique, a décidé pour nous de décrypter le message de ce monsieur. Découvrons ceci ensemble. (Enzo est en bleu)
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J’avais le choix entre trois sujets, deux dissertations (« Est-ce que le blog n’est qu’un prisme déformant de la vie ? » et « ») ou une étude de texte. J’ai choisi cette dernière, avec un beau commentaire d’une personne célèbre à propos de l’article sulfureux « Les femmes préfèrent les connards » adressé à son auteur Nina. Je vous retranscris l’étude en insertion dans le texte, pour une meilleure compréhension.
« Bonjour Nina,
Le plus intéressant, dans ton article, sont les commentaires et, surtout, ta manière d’y répondre. Très révélatrice cette agressivité dont tu fais preuve envers les hommes aigris, les frustrés, les bande-mou, les moches et autres premiers de la classe boutonneux à lunettes qui ne méritent que ton dédain et leur main droite pour seules compagnes. »
La première phase me donne immédiatement le sourire car apparait tout de suite les réflexes flagrants que l’on découvre souvent dans ce genre de missive. On y retrouve la posture du psychologue : tout est intéressant, révélateur. Une position médicale qui permet d’amener une certaine supériorité, comme une sagesse et un recul intrinsèques à cette position. Un détail à noter : l’auteur signe « Dr House », ce qui, en dehors d’un indice d’une grande originalité et imagination, renforce cette posture médicale. Un gentil sage qui s’occupe -bénévolement- du cas de Nina par amour de l’humanité et respect du serment d’hypocrate.
« Sans évoquer le cas extrême de ceux qui furent brisés dès la naissance par une nature injuste ou une mère harpie (ou les deux, pour les parfaits boulets), t’es-tu seulement demandé la raison pour laquelle des hommes, au départ sains et dignes, sont devenus ces larves immondes et soumises qui implorent en rampant qu’une ultime belle salope telle que toi les achève pour de bon et en public ?
Pourquoi viennent-ils ici répandre leur impuissance et se faire humilier par une princesse de pacotille ? »
La suite post-introduction démontre la connaissance de la psychanalyse en mettant en avant les concepts de mère abusive et de l’importance des évènements apparaissant « dès la naissance ». La verve employée peut l’être pour rentabiliser au maximum ses cours de français, soit pour vouloir instaurer une forme de supériorité intellectuelle. Dans le doute, je m’abstiendrais de trancher. Mais l’on peut remarquer que parmi ces nombreux adjectifs, on y retrouve la première insulte « ultime belle salope telle que toi », bien que l’on sentait déjà une légère agressivité dès le début j’en conviens aisément.
Puis Enzo trouve son analyse trop longue donc il poursuit par des commentaires brefs et concis.
Sans doute parce que ce sont eux les vrais gentils dont tu nous parles avec mépris ; ils n’ont toujours pas compris que les filles dans ton genre – comme la plupart de celles qui dévorent ces magazines féminins débilisants pour lesquels tu sembles vouer une passion malsaine qui suinte à travers ton style d’écriture très « pétasse assumée » (mais il se situe peut-être là l’objectif ultime de notre petite carriériste : rédac en chef chez Cosmo…) , ces filles donc, n’éprouvent aucune pitié pour les pauvres bougres qui recherchent désespérément le grand amour et se font systématiquement larguer au profit d’un gros connard en Porsche Cayenne, voire en Mini décapotable – la marque et le modèle de l’attrape-gonzesses mobile pouvant varier en fonction de l’âge, et donc de l’ambition, de la pétasse assumée et de son gros connard
[le commentateur s’introduit en se positionnant en tant que psy bénévole]
[le commentateur veut amener l’auteur à un questionnement profond qu’on peut résumer ainsi (sans les insultes) « est-ce qu’elle se demande pourquoi les gens sont comme ça avant de les taper injustement ? »]
[le commentateur en mode « robin des bois », avec la terrible introduction « ce sont eux les vrais gentils dont tu nous parles avec mépris », entrecoupé d’un pavé mysogyne sur l’idée que se fait le commentateur de certaines femmes]
Oui, je sais, je suis aigri et incapable de « pécho », comme tu dis. Mais cela n’a pas toujours été le cas.
[paragraphe court, je ne le résume pas : « Oui, je sais, je suis aigri et incapable de « pécho », comme tu dis. Mais cela n’a pas toujours été le cas. » la dernière phrase annonce une rétrospective de la vie du commentateur, façon « la cité de la peur »]
Je me suis tapé des bombes sexuelles auxquelles même Brad Pitt, dans ses rêves les plus fous, n’aurait pas osé adresser la parole de peur de se prendre un râteau. Je ne suis pourtant pas spécialement beau : pour être honnête, je suis encore plus moche que lui. En revanche, il paraît que je suis une « rock star » (à mon avis, bien plus star que rock, mais passons…). Et ça, mon petit, c’est l’arme ultime du connard triomphant.
[le commentateur raconte qu’il est une rock star en fait et qu’il se tapait toutes les plus belles filles]
Ma carrière artistique débuta de bonne heure, et le succès fut immédiat. Je n’ai donc pas eu le loisir de connaître ni de pleurer mon premier amour d’adolescent. Dès le début, rien que du cul, pur et dur. J’étais un gros connard-né, en quelque sorte, et l’exemple de mes grands-parents (une romance exceptionnelle qui dura soixante ans et s’acheva à la mort de mon grand-père) ne parvenait pas
à me servir de repère étant donné qu’ils appartenaient tout deux à une époque révolue, conjointement assassinée par la révolution sexuelle des seventies et l’accession au pouvoir de ces connes de féministes. Bref, durant de nombreuses années, question nanas, j’ai lâchement profité de mon statut de vedette pour passer à la caisse devant tout le monde et sans payer. Mais, de ces dizaines de
filles jeunes et belles qui m’offrirent sans retenue leur corps magnifique – hélas plus souvent allongé sur un flight-case, à l’arrière d’un camion, que dans les draps de soie d’un palace -, parmi toutes ces filles, disais-je, aucune ne m’a inspiré la moindre composition, pas même instrumentale. Ça situe le niveau. Rien que des détraquées ou des salopes qui, pour les plus perverses, poussaient le vice jusqu’à dévoiler après-coup à leur petit ami le récit de nos ébats (hé oui, Michel, elle adorait la sodomie…). Il y a bien sûr eu quelques histoires presque durables – avec les plus cochonnes, cela va de soi -, mais rien qui vaille la peine d’être gravé sur le tronc d’un chêne millénaire.
[rétrospective de la carrière de rock star du commentateur, enfin surtout la facette sexe pour coller au thème, c’est un peu génant, on a l’impression de déranger le commentateur dans sa masturbation]
Puis, un jour, après avoir lu dans une revue animalière que des chercheurs canadiens étaient parvenus à établir une sorte de dialogue avec des orques, et que certains spécimens auraient même témoigné de sentiments quasi-humains, il me vint à l’esprit une question d’une étrangeté choquante pour toute personne sensée : puisque des hommes ont réussi à communiquer avec des cétacés,
pourquoi ne parviendrais-je pas à en faire de même avec une femme ? J’en parlai aussitôt à mon dentiste (la revue provenait de sa salle d’attente), lequel conforta mon intuition délirante en affirmant que j’obtiendrais sans nul doute un résultat comparable à celui des canadiens. Selon lui, il suffirait pour cela que j’empêche le sujet de se déshabiller tout de suite et que je l’emmène au restaurant. Je décidai donc de tenter l’expérience et me métamorphosa en… crétin amoureux.
[le commentateur découvre que les femmes ne sont pas des animaux à la lecture d’une revue animalière parlant de communications entre des orques et des humains, il se décide à devenir un « crétin amoureux »]
La première hyène qui flaira l’odeur allèchante de la proie sans défense s’appelait Julie. Elle détruisit ma vie en l’espace de deux ans. Elle ne mérite donc pas que je lui consacre plus de deux lignes.
[le commentateur rock star a vu sa vie détruite par une fille, suite à ce changement de mentalité (en plus pas de bol, ça lui est arrivé dès la première rencontrée)]
Tu dois te dire « Bien fait pour ta sale gueule, espèce de misogyne, tu as eu ce que tu mérites. ». Mais tu aurais tort de penser cela, car je n’ai pas mérité d’être puni. A l’exception de ma pauvre mère le jour de ma naissance, je n’ai jamais fait souffrir aucune femme. Il n’a jamais été question de sentiments dans nos relations, c’est différent. Tout était clair et sans mensonge, de mon côté en tout cas.
[le commentateur imagine la réaction de l’auteur, c’est toujours bien plus facile de parler tout seul]
Depuis lors, je suis incapable d’aimer. Dès qu’une femme m’approche, je fuis. J’ai des numéros de téléphone, mais je n’appelle jamais. Même le sexe ne m’intéresse plus : je me branle juste de temps en temps sur des vidéos pornos, pour évacuer la pression lorsque je rentre au petit matin, bourré et toujours seul. Après ça, je dors comme un bébé. Pathétique, n’est-ce pas ?
[le commentateur est triste et découvre qu’il est gynophobique maintenant (mais il arrive quand même à chopper des numéros de tél’), puis raconte sa vie onanique (apparemment il n’est plus rock star, ou alors la fille citée au dessus a détruit sa carrière, ou alors il a oublié ce qu’il avait dit avant]
Et toi, Nina, tu nous parles de tous ces mecs que tu te tapes (les connards, les gentils, les ceci, les cela…), depuis vingt-neuf ans, n’as-tu pas encore trouvé chaussure à ton pied ? On dirait bien que non. Peut-être n’es-tu pas une fille si formidable que ça après tout… Manquerait-il un vice caché ou, au contraire, y en aurait-il un peu trop ?
[ le commentateur imagine que l’auteur (qui a 29ans) se « tape des mecs » depuis sa naissance. puis applique la logique « si c’est comme ça, c’est que c’est ta faute » mais se garde de l’appliquer à soi-même]
Quoi qu’il en soit, gardons à l’esprit ces trois choses essentielles :
1. « Ne vous vengez pas d’une femme, le temps s’en charge pour vous. » (Claudel)
2. « Les féministes travaillent, picolent, conduisent comme des mecs et après elles s’étonnent qu’on les encule. » (Patrick Timsit)
3. « Les femmes équilibrées ne sont pas attirées par les connards et ne racontent pas leur vie sur des blogs : elles la vivent avec le gentil crétin qu’elles aiment. » (Moi)
[pour faire intelligent, le commentateur sort quelques citations en y glissant sournoisement la sienne avec le message classique dédié aux blogueurs « get a life! »]
Très tendrement,
Dr House.
[puis il finit par un « Très tendrement », ce qui est la moindre des choses après avoir traité l’auteur d' »ultime belle salope »]
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La réaction d’Enzo m’ayant bien fait rire (plus que le message original,c’est dire), je me disais qu’il fallait partager ça avec vous. Mais pour finir, je ne pouvais partir sans vous faire partager l’ultime mail de ce monsieur qui aura bien égayé ma semaine quand même : « Nina ma douce,
Je me délecte de tes mots comme un chat habilement caressé.
« Ultime salope » n’était qu’un compliment, pas une insulte. Désolé de m’être mal exprimé envers une encore jeune fille (il paraît qu’aujourd’hui, on est une femme à partir de quarante ans). Mon approche était donc bien trop cavalière pour l’époque, j’en conviens. Fais-moi donc le plaisir de me relire dans dix ans, j’espère qu’alors tu en riras vraiment de bon coeur.
Ton style « pétasse assumée » ainsi que ton élégant revers slicé me manqueront, c’est certain. Mais je respecterai ton désir et ne t’importunerai plus. J’en suis navré, mais je comprends qu’une si noble relation doive se briser d’un coup, et non s’user dans un combat indigne d’elle.
Bien à toi
Le Batard. »
(le bâtard est lié à son adresse mail, je précise).
Avec de tels compliments, c’est vrai, si je suis célibataire, ça doit vraiment être de ma faute,j’ai qu’à accepter les avances de tous mes prétendants, moi aussi !
Si toi aussi, une fille t’a brisé le coeur, n’hésite pas à m’envoyer un mail d’insulte. Je ne sais pas bien pourquoi mais manifestement, ça doit être de ma faute, alors…
Haaaaaaaaaan, je suis sûre que c’est Christophe Rippert !!
Mon visage a eu exactement la même expression à la fin de ton billet que celui du monsieur en photo.
Ça t’arrive souvent ce genre de choses ?
Je crois effectivement que les trolls sont tes amis,car par leurs messages teintés d’aggressivité tendance nerfs à vifs, ils ajoutent du peps à la vie de ton blog. D’autant plus que, dans le cas présent, il n’y a pas grand chose à dire sur le style.
D’ailleurs, je pense que tu ne t’y es pas trompée sinon tu n’aurais pas publié le post. Du coup, tu deviens l’amie du troll en lui offrant une jolie tribune. Tout va bien, non?
j’ai eu la flemme de tout lire… il sort d’où celui-là ?
Eh bien… Les trolls sont légion en période estivale non ?
Je ne comprends pas pourquoi il met autant d’énergie là-dedans. Dresser ton portrait psychologique en se basant sur ce que tu veux bien raconter sur ton blog.
Tu devrais lui rappeler ce merveilleux proverbe Africain : qui pisse contre le vent se rince les dents !
PS : c’est Jean-Luc Lahaye…
Ca peut pas être Christophe Rippert, il écrivait pas ses textes…
Ou alors CriCri d’amour ?
Je ne sais pas si ça me fait rire tout ça ça me glace le sang tous ces anonymes qui macèrent dans leur mal-être. En tout cas fait bien gaffe à bien préserver ton anonymat ^^
Nina, tu devrais être remboursée par la sécu !
Normal que tu te protèges. Après moi je trouve pas étonnant qu’il t’arrive des trucs comme ça. Y a un nombre hallucinant de gars en quête de cul sur le net et quand ils tombent sur ton blog, une fille bien en chair et en os, accessible a un jet de comm mais en même temps inaccessible physiquement ça les frustre. Ajouter à ça le fait que tu envoies (bien justement) chier ceux qui dépassent les bornes. Je pense à ces pauvres prostitués qui ont un mot doux même pour les plus détraqués de leurs clients… Aïe aïe aïe mon de merde
Moi je serai d’avis de préciser que quand ils t’envoient un mail, ils te donnent aussi leur adresse postale comme ça tu peux leur envoyer un paquet de mouchoirs. Les mouchoirs c’est bien, ça sert aussi bien à éjaculer dessus après une branlette qu’à essuyer ses larmes pour s’apitoyer sur son sort.
ce « troll », comme tu l’appelles, parvient a chaque paragraphe a avoir une longueur d’avance sur ton decrypteur (pourquoi pas toi ?), alors que c’est ce dernier qui repond, tres fort…
je ne parle pas de la qualite d’ecriture, ton decrypteur donnant l’impression de savoir tout juste s’exprimer par rapport a ce Dr House (il s’exprime mieux que toi, ceci dit…)
Tiens, moi aussi j’ai pensé à Jean-Luc Lahaye! Marrant, non?
Sans vouloir t’offenser, t’es pas assez jeunette pour Jean-Luc Lahaye 😉
Et sinon, une femme qui parle de sexe de façon totalement décomplexée, ça excite tous les frustrés de la vie qui guettent le moindre prétexte pour attaquer! Je me fais régulièrement traiter de frigide de service, tu veux qu’on échange dis? 🙂
A ta place (même si je n’y suis pas !), je crois que je n’aurais même pas publié d’article sur ce troll, c’est lui accorder trop d’importance en lui permettant d’être lu et d’être le sujet de conversation de tes lecteurs 🙂 Il ne le mérite pas ! L’ignorance, c’est ce qu’il y a de mieux à faire, tu ne crois pas ?
Quitte à me faire traiter de troll ou autre, je trouve que ce Dr. House a 100 fois plus de verve qu’Enzo et parvient à balancer quelques vannes pas trop mal. En tout cas, son mail me fait bien plus marrer que le commentaire bien plus prétentieux d’Enzo.
Après on peut être en désaccord sur le fond du message… mais de là à tomber dans un clash « c’est moi qu’ai la plus grosse » version atelier d’écriture, voilà quoi…
l’hypothèse sébastien roch me séduit bcoup.