Un bac+5 pour faire des ménages ? Mais vous êtes surqualifiée

(Retour de la chômagie. Courage, il doit rester une dizaine d’articles et on passera à des choses plus gaies, promis)

Quand on cherche un boulot de type CDI pour la vie (enfin, pour la vie, c’est comme le mariage, y a beaucoup de divorces), arrive un moment où on se dit qu’on va être obligé de passer par la case boulot alimentaire, ne serait-ce que pour avoir une vie sociale avec des horaires. Perso, peu de temps avant de trouver mon CDI pas pour la vie (seulement 6 mois d’idylle, finalement), je commençais à sérieusement envisager de travailler au Starbucks. Moins odorant que le McDo, pas mal de clients étrangers pour parler un peu anglais, y a pire dans la vie. Dans les faits, je n’ai jamais postulé vu que j’ai trouvé un CDI peu de temps après avoir eu cette brillante idée. Mais arrive un moment où trop de diplômes ferment les portes.

Cas concret : Guillaume 1er , mon ex. Guillaume a un bac+4 (maîtrise d’histoire) et est actuellement au chômage. Ayant renoncé à devenir prof car il ratait systématiquement le capes (qu’il ne révisait pas, hum…), il cherche du boulot, n’importe quoi. Un jour, il contacte une boîte qui fait des ménages dans les hôtels, ce genre de chose et le recruteur lui dit clairement : « je vais pas embaucher un bac+4 pour ce genre de poste sinon ceux qui ont un niveau inférieur au vôtre, il vont faire quoi ? ». Là est tout le problème. Sur le fond, je comprends parfaitement le recruteur. On propose des filières pro qui ne passent pas forcément par le bac et on ne propose plus de poste à ces gens là parce que des bac+ les prennent. Mais comment s’en sortir ? On a tous le droit de travailler, indépendamment de notre diplôme. Evidemment, il n’y a pas de poste pour tout le monde, même les boulots les plus mal payés et mal considérés sont pris car arrive un moment où il faut bien gagner de l’argent. Pas mal de boulots sont précaires, « en attendant mieux ». Toujours
est-il que quand on est jeune et inconscient des réalités, on nous dit d’avoir plein de diplômes pour s’assurer un avenir en or. Sauf que certains diplômes n’ouvrent aucune porte. Concrètement, une maîtrise d’histoire, j’en ai une, elle ne m’a jamais servi à rien, si ce n’est étudier un sujet qui m’a beaucoup plu. Mais la crise constitutionnelle canadienne, ce n’est pas très vendeur, ça;sert au mieux à briller en soirée mais si je me présentais dans une rédaction en me prétendant spécialiste de la question canadienne et québécoise, on me rirait au nez. De un, un mémoire de 200 pages sur une période de 9 ans ne fait pas de moi une spécialiste et de deux, le Canada, à part les élections, on n’en parle pas beaucoup. Voire même pas du tout. Par exemple, le premier ministre fédéral vient de convoquer des élections, Le Monde en a fait une brève, le Figaro a carrément zappé le sujet alors que quand même, le premier ministre fédéral ne respecte pas la loi qui impose les élections à date fixe (ce qui n’était pas le cas jusque là). C’est très intéressant mais bon, on s’en fout un peu, y a les élections américaines, c’est plus passionnant et grâce à Sarah Palin, ça sent le sang et le scandale. Donc je me serais arrêtée à ce niveau d’étude, aucun poste à bac+4 ne m’aurait convenu. Ou plutôt je n’aurai convenu à aucun poste.

Du coup, il ne reste plus qu’à trouver des postes exigeant des niveaux moindres. Sauf que pour ces postes là, il y a déjà des gens qui ont le bon niveau et qui n’apprécieraient sans doute pas de ne pas trouver de boulot parce que ceux qui ont un diplôme supérieur leur pique leur boulot. Alors, c’est quoi la solution ? En dehors d’un bac+5 (voire +8 si ça continue), point de salut ? Sans doute qu’il faudrait limiter les filières qui n’aboutissent à rien mais à la base, après la maîtrise, Guillaume voulait passer le capes, la maîtrise
est une étape vers la thèse… C’est une étape, pas un terminus, normalement, difficile donc de supprimer ce genre de diplômes, quoi qu’on en dise. Peut-être faudrait-il proposer plus de formations pour des métiers spécifiques dans les agences pour l’emploi (ANPE, agences interim) histoire de ne  pas retourner à la fac pour ceux qui en ont assez des études et veulent maîtriser un métier rapidement ? Car nombre de formations pour adultes se font dans le cadre des entreprises avec les DIF. Et pour y accéder, encore faut-il déjà être en entreprise.

14 réflexions sur “Un bac+5 pour faire des ménages ? Mais vous êtes surqualifiée

  1. Pour ton Guillaume 1er il y aura éventuellement les concours pour les DOM/TOM apparement plus faciles… Uns des filles de mes vosins a aussi ratée les concours pour la métropole et a réussi l’année dernière le concours pour … La Guyanne ou elle va passer 5 ans au chaud et humide avant de pouvoir postuler pour un poste en métropole…

    Sinon, je pense qu’il faut faire des études dans une matière qu’on aime. Dans bcp des domaines il y a des vagues avec des haut et des bas au niveau recrutement qui on ne peut pas nécessairement prévoir quand on commence des études qui finissent 4 ou 5 ans plus tard…

    Sinon, je trouve qu’en Europe tout ça est trop règlementé et cloisoné. Ce qui est aujourd’hui important, c’est d’apprendre de bases d’une domaine et surtout à apprendre toute sa vie car dans bcp des domaines il y a tellement des changements en peu de temps que bcp que des études sont périmés en peu de temps.

    Et même si un memoire de 200 pages sur le Canada n’a pas trop d’interêt en France, si tu as pu montrer que tu peus produire un truc pareil bien fait dans un temps raisonable, tu pourrais le faire aussi sur d’autres sujets avec une assiduité et intelligence normale. Alors, il ne faut pas se dévaloriser!

    Si je n’avais pas une maladie grave qui m’empecherait de trouver une assurance maladie, je serais parti aux USA. Quand j’ai parlé avec des américains il m’ont dit qu’on me donnerait une chance si je suis bon et motivé… Evidement, la vie aux USA est loin d’être rose pour bcp de monde, je l’ai encore vu quand je passais ce printemps dans certains coins ruales qui faisaint vraiment povre et ou bcp des gens semblaient dépendre des food stamps, etc… Au moins, les gens là bas sont prêt à te donner une chance tandis qu’ici, si tu n’as pas les diplomes…

  2. Moi je te ferais dire que c’est pas nouveau… J’ai un doctorat en
    Biologie Moléculaire (sérieusement) et j’en chie pour trouver du
    taf. Le plus souvent on est obligés de s’expatrier (en Afrique par exemple), ça doit faire 15 ans que c’est comme ça.
    Le problème c’est que tout le monde a accès aux études, aucun système ne fonctionne avec une égalité de chances dirons-nous.
    Que 80% des élèves aient leur bac est déjà en soi une absurdité et dévalorise le dit BAC (mais c’est un autre débat…).
    Gizmo

  3. Si je peux me permettre, certains diplômes ne veulent plus rien dire. N’importe qui peut arriver à un bac+5 en bossant un peu, le problème est surtout de voir AVANT d’y arriver s’il y a des débouchés (no offense pour la biologie moléculaire hein, je connaissais la version biologie marine, le seul employeur étant l’ifremer, la demoiselle bossait dans un call center…)

    De nos jours, il semblerait que faire des études courtes soit socialement mal perçu (ya qu’à voir le nombre de « mais pourquoi tu continues pas tes études? » que j’ai entendu) alors que finalement, les débouchés existent à ce niveau d’études! Et pas que des jobs nazes hein!

  4. En effet, on doit prendre en compte quand on fait des études longues qu’il y a un système à deux voies ou à deux vitesses. D’une part celui qui fait souvent illusion et concerne 80% des étudiants, c’est le système « égalitariste » de la fac. Les diplomes sont peu reconnus comme tu le disais par les employeurs. Et d’autre part celui qui grace à la cooptation, le système de réseaux etc. offre une garantie d’accéder aux postes très bien rémunérés et à responsabilités. C’est celui des 5 ou 7 plus grandes écoles. Alors effectivement si on a pas la possibilité ou les possibilités d’intégrer les grandes écoles peut-être vaut-il mieux se consacrer à des formations plus courtes et professionnalistantes qui permettent mieux l’accés à l’emploi.

  5. Bon, ça y est, là vous venez de me déprimer définitivement …
    Je hais la Chômagie >_< Je suis en train de m'embarquer pour des études longues moi aussi, et en double cursus qui plus est... Vous me conseillez de pas faire ça, donc ? (on devrait presque arrêter les Courriers du Coeur pour faire des Courriers du Taf)

  6. Je me suis bien apperçu que mon DEA d’une bonne université allemande ne valait pas grand chose en France… Ici il faut avoir fait une grande école prestigeuse si on veut faire carrière, sinon tu es condamné aux second rôles. C’est presque comme une assurance vie… Certes, au gouvernement il n’y pas bcp des énarques et polytechniciens mais quand je regarde la cacophonie encore en ce moment…

    De toute façon, un BAC pour 80% des éleves dévalorise le BAC enormement.

    @Bobby: la FEMIS, c’est quoi ? Ca se mange par hasard ? Fais tes études longues si l’université n’a pas trop mauvais réputation et les études t’interessent ! Mais rend toi compte que tu ne pourrais pas nécessairement travailler dans cette domaine après tes études sauf peut-être si tu es prêt à aller à l’étranger. Dans ce cas, n’oublis pas l’anglais.

  7. bonjour à tous, je ne suis pas de votre génération, j’ai 47 ans, mais des galéres ,j ‘en ai connu, la crise ne date pas de maintenant. mais , si il ya quelque chose que tout ça m’a appris , c’est que dans tous les domaines, il vaut mieux savoir se vendre (même avec peu de qualification) , avoir un bon discourt bien préparé et un bon bagout impressionne plus les employeurs potentiels. Soyez des bons V.R.P de vous même, la formule peut paraître bizarre… mais ça dans les écoles , on ne vous le dit pas, bon, maintenant ce n’est pas la formule magique pour le chômage, mais avoir confiance en soi , aide beaucoup, ne vous laissez pas démonter, dites- v ous que vous valez autant que celui qui est assis en façe de vous et qui est en train de vous questionner. Il m’a fallut du temps pour comprendre ça et l’intégrer. je ne suis pas bacheliére, mais en gros à tout ceux qui me reproche de ne pas avoir le bac, je leur répond  » je n’ai pas le bac mais je me soigne » une dose d’humour et j’embraye sur mon parcours, soyez confiants en vous , bon courage

  8. Le problème avec les études, c’est qu’il faut savoir dans quel but on les fait. Faire des études pour faire des études ne sert à rien sauf, si on rentre dans une école prestigieuse, mais c’est une minorité.
    Pour la grande majorité des gens, il faut donc faire un compromis entre le pragmatique (un choix dans un secteur porteur d’emploi) et le passionnel (un secteur qui nous intéresse). Il n’y a pas d’autre alternative, à part le coup de chance ou d’être dans les premiers (et avoir le choix).

    Pour cela ce qui compte c’est l’information, et il faut bien le constater, on nous informe très mal, les CIO et autres conseillères d’orientation sont aussi très mal informées.
    Ce qui a pour conséquence d’envoyer des étudiants dans le mur.

    Et pas forcément les plus bêtes, mais on voit de trop nombreux étudiants tenter un thèse pour le principe de faire une thèse, alors que cette dernière doit se penser en fonction de sa future carrière … on ne doit pas faire une thèse pour soi !

  9. Beaucoup de choses que vous dites me sont aussi familiers. J’ai un bac +5 en droit mon projet professionnel c’était d’être officier de gendarmerie mais arrivé à la 5ième année bouleversement le concours change et je n’y ai plus accès… donc vu qu’à la fac on nous dit qu’on est des élites ben on croit pouvoir avoir accés à tout… dans nos rêves oui… la plupart des recruteurs me disent trop diplomé ou pas assez d’expérience dans le domaine… « votre profile ne correspond pas à un emploi dans notre société » phrase culte chez les RH… et quand vous les avez en face de vous style RH de banque où vous êtes motivé et même prêt à gagné au début mal sa vie dans un simple boulot de guichetier et ben on vous répond: « il faut pas dévaloriser vos diplomes »… abérration du système alors que çà fait 4 ans que je suis sorti de la fac et je suis en perpétuel job d’étudiant: assistant d’éducation où je suis le plus diplomé du lycée au dessus même du directeur… bref c’est le monde à l’envers… des centaines de cv envoyés, on adore ma personnalité mais pas mes études… les entreprises veulent tout tout suite c’est fini le temps où un cap boucher permettait d’être directeur d’agence (oui encore constaté çà à ma banque, le mec 46 ans il a un cap et a grimpé au fur et à mesure dingue quand même d’exiger un bts force de vente pour travailler en banque alors qu’avant on appreneait sur le tas.

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