Par Ella Sykes
La semaine prochaine, j’aurai mes premières menstruations québécoises. Expatriée depuis peu, cette constatation m’a fait l’effet d’une espèce d’anniversaire, comme si j’accueillais cette idée avec cet étonnement et ce soulagement étranges d’avoir survécu à un exil, comme si le temps devenait un marchepied rassurant sur lequel s’appuyer. Ma nouvelle ville d’adoption m’a ouvert des bras généreux dans lesquels je me suis vautrée, une poitrine voluptueuse contre laquelle j’ai soupiré, soulagée et un horizon net.
Plusieurs party plus tard, j’apprenais, passablement émêchée que les québécois ne rechignaient pas devant une minette affamée de caresses buccales. « Au contraire ! » affirmaient mes compagnons de boisson sur cette terrasse de maison de banlieue américaine bourgeoise, à la lueur des bougies extérieures, entre deux paroles suavement distillées par Jack Johnson. Ils s’installeraient entre les cuisses de leur amante, tel l’Empereur devant des mets raffinés ; ils laperaient, lécheraient, suçoteraient, enfonceraient, s’attarderaient sur la Chose avec autant de sérieux et de méticulosité qu’un chirurgien en opération délicate, le tout serait exécuté avec tout le savoir et la virtuosité du plus ambitieux des Epicuriens.
Je me rendis compte bientôt que le fossé entre Paris et ce continent américain me paraissait bien plus grand que ce que j’avais envisagé. La démesure embrasse tout, laissant une empreinte en tout et s’immisçant dans les relations entre tous, jusqu’à provoquer en soi, un vertige indéfinissable.
Cheveux au vent dans la voiture japonaise, sillonnant des routes droites infinies, mes narines aspiraient un air différent, mes yeux exploraient un paysage autre, mes mains avaient soif de touchers atypiques et ma bouche avait faim de saveurs nouvelles tandis que mon cerveau ne rêvait que de simplicité absolue.
Tout s’est effondré autour de moi : la discrimination basée sur rien, l’obligation de fournir des preuves de sa bonne foi, la méfiance, la défiance, le jugement, les rapports humaines creux, tout cet amas parisien inutile ne trouve pas sa place ici, car, personne n’a le temps ni l’envie de perdre du temps. Etre efficace est bien le point essentiel.
Du coup, je me suis demandée, assise face à la Tequila rose servie dans ce bar miteux, si être un bon amant était aussi une question d’efficacité. « Pour que la fille n’éprouve que du plaisir, il DOIT lui faire un cunnilingus ! C’est normal ce préliminaire, c’est comme … Un baiser ! » s’est empressée de rajouter la sportive bientôt en doctorat. « Oui et en plus, tous les amants que j’ai eu, furent tous très doués et appliqués ! » a surenchéri la blonde atomique diplômée en Sciences Politiques et œuvrant auprès d’un Député au Parlement. Ah ? Me suis-je contentée de placer, avant de hausser les épaules et d’engloutir d’une gorgée le liquide rose et épais.
« Tu verras Ella, lorsque tu auras ton premier amant québécois ! Ils adorent plaquer toute leur langue bien à plat sur toute la surface entre les petites lèvres ! C’est Tabernacle ! C’est si bon ! En plus, on sent bien la texture de la langue … » J’ai hésité puis finalement j’ai éteint la réflexion désabusée qui brûlait mon palais cyniquement parisien d’une bonne lampée de Jack and Coke.
Voilà comment créer une vague d’immigration auprès des membres du front de libération du cuni! Et dire que ce n’est pas précisé dans les guides touristiques…
Je suis très triste qu’on ne m’ai pas informée de ce point crucial sur les voyages au Québec.
Maintenant je ferai bien attention de ne pas l’oublier ! 🙂
et bien bon amusement, s’pas… quoique sur le point précis des coups de langue, je me demande où vous viviez pour vous sentir privées de léchouilles à ce point, à moins que l’article ne soit déjà une petite dramatisation. 😉
Bon séjour en tout cas.
Et faites gaffe !! Là bas on et avant tout un meudit freincé mais on nous kiffe quémême ! Enfin poiur ce qui est des québéquoézes en maraude à Vancouver s’entend…
jsuis d’accord avec le message précédent, pas besoin d’aller au québec pour ça. sacré premier article.
Comment froisser l’ego masculin en un article.
Et bien messieurs, en tant que femme, je confirme qu’il faut parfois traverser un océan pour trouver un lécheur digne de ce nom. Ici, ça a tendance à passer la main sur ce genre de pratiques. J’aurais aimé dire un jour « tous mes amants sont très doués en la matière ». Mais plein de mes amants ne se sont même jamais donné cette peine.
La pratique du sexe en France et au Canada n’est pas la même, ce ne sont pas les mêmes moeurs.
faut croire que dans le sudeon est tous des dieux!
@pinklady: pas de froissement pour ce qui me concerne: je ne suis pas du tout certain d’être un amant extraordinaire, mais simplement je m’interroge sur le ton de l’article -que je pensais un peu forcé, pour l’effet comique-
Dans mon entourage, en effet, je n’ai pas l’impression que la pratique en question soit particulièrement marginale, même si c’est sans garantie de réussite! (mais pour ça chère amie, vos conseils sont les bienvenus)
PS: (je voudrais éviter d’entrer dans des détails scabreux… mais je suis sûr de mon fait quant à la fréquence…)
Assez d’accord sur avec Javi concernant le ton de l’article « un peu forcé »…Par ailleurs je me méfie toujours des généralités genre « les américains » d’un côté ou « les européens » de l’autre surtout concernant des pratiques qui semblent quand même s’être généralisées.
Un ton forcé ?
Je ne vois pas en quoi. Les gens cyniques et désabusés qui prenne la vie comme une mauvaise blague comme moi, ça existe, la preuve.
Oh et puis dernière chose aussi : Pour avoir un avis sur la question Américain/Europe, il faut se déplacer et constater les choses par elles-mêmes.
En outre, je ne fais que RAPPORTER les dires des québécoises, elles-mêmes sur leurs pratiques sexuelles. Je ne parle pas de moi personnellement, pour ceux qui ne savent pas lire.
merci de nous avoir fait un reportage sur les mœurs sexuelles des québécoises…
J’avais en première lecture compris que la narratrice se taisait par orgueil national face à ses interlocutrices québécoises, car n’osant pas avouer qu’elle n’avait jamais mis la main sur un français aussi porté sur la léchouille que les copains québécois desdites interlocutrices.
Je me demandais où l’héroïne avait cherché, car un reportage sur les pratiques sexuelles en France fait par une copine avait tendance à révéler une grande fréquence de la pratique mentionnée au moins dans un petit cercle de proches…
Mais j’ai dû comprendre de travers. 😉
J’écris, point.
Je n’ai pas d’orgueil à mettre à valeur dans un blog ni même quoique ce soit à prouver. Après si tu as envie de fantasmer sur mes propos, libre à toi. Tu as bien du temps à perdre.