J’ai conscience d’être dure parfois. Avec moi en particulier mais avec les autres aussi, certains comportements dépassent mon entendement, j’ai du mal à tolérer. Certains, chacun fait fait fait, ce qui lui plaît plaît plaît (j’ai retrouvé cette chanson récemment, je trouve qu’on a oublié à quel point ça peut être cool la basse) mais arrive un moments où je ne peux plus cautionner.
20 janvier 2011, une des pires soirées de ma vie. Enfin tout est relatif, la pire soirée filles quoi qu’il en soit. En présence : Isa Rousse qui vient de perdre sa grand-mère, Isa Brune qui vient de se taper un burn out, Lena encore au chômage (elle a retrouvé du boulot depuis, d’où le encore qui n’est en aucun cas un jugement de valeur), Alice en pré rupture, moi célibataire depuis même pas 24h, la douce Jade qui hésite entre se marier, avoir du sexe avec son patron et quitter son mec et Anaïs qui ne faisait pas la roue en dansant la vie vu qu’elle était aussi un peu en phase down. Le serveur est en plus désagréable au possible, il nous impose limité les plats selon ce qui l’arrange, c’est la fête. Soudain, au dessert, suite à une sombre histoire de tournage de dos malencontreux, Alice pète un plomb, se lève de table en claquant sa chaise, va payer et fait mine de s’en aller, en larmes. Bon, personne ne bouge, je me dévoue malgré les conseils de Lena qui me dit de laisser tomber mais le bisounours à l’intérieur de moi ne peut rester sans réactions face à quelqu’un qui pleure. Bref, je finis la soirée à la consoler, tout à fait ce dont j’avais besoin, quand vient ce bout de dialogue qui m’a rendue dingue:
Moi: »Mais si tu aimes tant le contact avec les gens, pourquoi tu ne donnes pas des cours ?
Elle : Bah non attends, c’est du boulot ! »
Un an et demi plus tard, elle en est toujours au même point dans sa vie et moi, je suis loin d’elle. Parce que je sais qu’on peut être malheureux dans la vie, qu’on peut être victime d’une poisse surréaliste. Je sais de quoi je parle en la matière, je n’ai jamais autant entendu de « c’est injuste ! » vis à vis de ma dernière merde, je le sais, je l’ai intégré. So what ? Je m’assois par terre et je pleure jusqu’à ce que… Jusqu’à ce que quoi, d’ailleurs ? Ou alors, je relève le gant et je me bats. La malchance entraîne une conséquence que je dois retransformer en chance. Tant que ça ne touche pas la santé, rien n’est définitivement bien ou mal tant qu’on décide d’en faire quelque chose. En 2011, j’avais émis l’hypothèse d‘écrire un roman sur le marasme qui était mien, histoire de rentabiliser la chose. Je ne l’ai certes pas fait parce que ça n’avait pas d’intérêt en soi mais j’ai essayé tant qu’à faire de ne pas couler. Le noir absolu n’existe pas, tout n’est toujours question que d’éclairage. Je perds mon job ? J’en trouverai un nouveau avec tout l’exaltation de la nouveauté et un salaire supérieur en prime. Idem pour le petit ami (enfin, sans l’histoire du salaire). Mon genou est cassé ? La rééducation est source de petites fiertés genre la première fois que j’ai remarché sans béquilles, quelle grande victoire. Bon ok, c’est plus facile à dire avec le recul. Mais jamais je ne suis restée au sol trop longtemps.
Alors je sais que ma combativité et ma pugnacité figurent en haut de la liste de mes qualités. Je peux être une lionne blessée si nécessaire et c’est la même que je suis la meilleure, je crois. De façon sans doute un peu perverse, je ne suis jamais aussi fière de moi que quand je redresse la barre. De la même façon au boulot, j’éprouve une satisfaction limite jouissive quand je clos un dossier compliqué. J’en parlerai à mon thérapeute quand j’en aurai un. Du coup, je suis dure avec ceux qui geignent sur leur sort sans se bouger le cul. Je sais qu’il faut de la force et du courage pour se sortir de son bourbier quotidien mais merde, il y a des choses à faire, sans aller jusqu’à tout envoyer balader. Quand j’entends Alice refuser le moindre effort pour améliorer un tant soit peu son quotidien, ça me rend dingue. Peut-être qu’à l’inverse, je m’agite trop à tort et à travers, c’est fort possible. Mais ne rien faire, vraiment ?
Après, chacun est libre de rester les pieds dans la gadoue s’il a la flemme ou le manque de courage de s’en sortir. Ok. Mais dans ce cas là, tais-toi. Tu as le droit de râler mais capturer la conversation pour chouiner en boucle sur tes problèmes, non. Et pense à changer de psy, je doute de l’efficacité du tien.
Pfffiou !
Et bien ton article me remue, et dans le bon sens ! Je fais partie de l’autre catégorie. Celle qui serait plutôt du genre paralyser par la peur de se planter, donc à choisir qui préfère ne rien faire. Et il n’y à rien qui m’exaspère plus que ce trait de caractère. Et quand je lis ton billet j’ai envie de me dire « Bordel Laure, bouges-toi !!! » et juste après de me dire « Oui mais c’est pas si simple ! »
En fait ce n’est pas si simple parce que je le veux bien…
Je ne vais pas m’étendre plus, mais ça m’inspire… Merci !