J’ai une copine qui a fait de looooongues études pour devenir docteur es histoire. On appelle ça communément une thèse. Mais ce n’est pas tout, elle est également normalienne et agrégée. En somme une fille qui entre dans la vie professionnelle avec une grosse valise Vuitton. Du moins le croit-on.
Après avoir passé 2 ans à New-York pour sa thèse, il est temps de rentrer en France pour devenir professeur. Dans mon monde parfait, l’agrégation me paraissait être un sacré ticket pour enseigner à la fac mais en fait non, ça te garantit normalement de ne pas enseigner au collège. Donc notre amie thésarde regarde son affectation et après avoir hérité d’un lycée dans une ville réputée difficile, elle hérite finalement d’un poste moisi à mi-temps ou un truc du genre (je ne suis pas très au fait, je ne suis pas dans l’enseignement). Salaire mensuel ? 1100 €.
Je précise que la scène se passe en région parisienne, le pays où les studios se louent 600 à 700 €. Donc si on enlève le loyer, l’électricité et la bouffe plus un quelconque moyen de communication, la demoiselle devrait finir le mois avec à peu près – 300 € sur le compte. J’exagère ? Pas si sûr ! Oh, je sais, des gens au smic, au vrai, y en a plein alors je vais pas la jouer misérabiliste pour la petite prof de lycée. Certes. Sauf que là n’était pas tant mon propos.
Je l’ai déjà dit plusieurs fois, en France, on a un vrai problème avec nos études. J’avais un jour lu un article passionnant expliquant qu’il y a 50 ans, la différence se faisait au brevet des collèges, y a 30 ans au bac (avant 68, seuls 20% des candidats avaient leur bac), aujourd’hui, c’est à bac+2. Ben oui, vu qu’on doit atteindre 80% des candidats ayant leur bac, c’est du bradé. Surtout qu’il faut s’aligner sur les moyennes nationales. Quand Lucie bossait dans les Antilles, elle avait eu des copies catastrophiques, elle les avait notées à leur juste valeur. Non, ça n’allait pas, les notes étaient trop basses. Du coup, les notes ont été relevées et des candidats qui ne méritaient sans doute pas leur bac l’ont finalement eu. Pour ce que ça sert le bac, de toute façon… Je me souviens il y a 12 ans (pan! dans ma gueule au passage), quand je passais le bac, mes parents m’avaient bien saoulée sur l’importance d’une mention. Ben là, avec le recul, ça me donne envie de m’en taper les cuisses de rire. Ma mention au bac, elle m’a servi à demi crâner en 1ère année de fac et sur mon CV pendant quelques années. Depuis, ma « formation » débute direct à la maîtrise d’histoire, j’ai plus la place de détailler ce qu’il s’est passé avant. Je digresse, pardon.
Mais la réalité est bien triste. Un bac+8, c’est quand même pas à la portée de tous et selon les disciplines, avec un tel niveau, tu te fais un joli petit salaire. Mérité, hein, tant d’abnégation, de volontarisme, ça doit se payer, c’est normal. Sauf qu’en France, je l’ai déjà dit mais j’adore me répéter, les filières littéraires, on s’en tamponne franchement le cocotier, surtout l’histoire géo, on sait bien que ça sert à rien. Je suis sans doute partiale dans cette histoire mais ça me fout vraiment en colère. A quoi ça sert de faire de longues (et brillantes) études si c’est pour se retrouver avec un salaire aussi bas ? La prime au mérite, ça ne vous dit rien ? Oui, c’est vrai, c’est son premier poste de titulaire alors on peut comprendre que le salaire ne soit pas à hauteur de 3000 € mais il ne me semble pas que médecins ou pharmaciens ou chercheurs en science débutent au smic.
Et quelque part, ça m’écoeure, j’ai la sensation d’un « tout ça pour ça ». On sait que certaines voies sont bouchées et que les choisir est synonyme de parcours du combattant.Quand, après mon bac avec mention, j’ai choisi la voie Histoire au lieu de tenter Science Po ou même droit, mes parents étaient un peu sceptiques. A tort ou à raison, mes fréquentations science-politologues m’ont un peu prouvé que Science Po (du moins Toulouse, je ne sais pas les autres), ça ne sert pas à grand chose avant le niveau master, ce n’est qu’une bonne
prépa pour les concours : tu apprends un peu de tout sans te spécialiser sur rien. Bien sûr, ça m’aurait plu vu que je suis une vraie pique-assiette de la connaissance et que j’ai toujours envie d’apprendre de nouveaux trucs. Mais bon, c’est un peu pareil, quelle que soit la filière choisie, sans master, tu peux pas faire grand chose à part passer des concours. Mais normalement, les longues études marchent par écrémage, un peu l’inverse du Cid « Nous partêmes 5000 mais par de vils partiels, nous nous vîmes 30 en arrivant en master » (ça ne rime pas mais oh, je suis pas dramaturge en alexandrin, moi, j’ai pas fait les études pour). Faire donc une thèse, quelle que soit la matière, ce n’est pas donné à tout le monde, faut être bosseur et super opiniâtre. Parfois, j’aime imaginer qu’un jour, je ferai une thèse parce que j’ai adoré faire de la recherche mais avant la retraite, reprendre des études, ça me paraît un peu mal barré. C’est con, j’ai 150 000 idées de sujets de mémoire. OU alors j’apprends à ne dormir que 3h par nuit sans être fatiguée et je demande à quelqu’un de me mettre un verrou parental sur yahoo! jeux. Bref donc une thésarde agrégée, ça ne se trouve pas sous le sabot d’un cheval et je ne trouve pas ça normal de se retrouver dans une telle situation après de telles études, surtout dans la fonction
publique.
Parce qu’à l’arrivée, on se demande bien à quoi ça sert d’être un « cerveau » (le guillemet, c’est pour l’expression comme dans « fuite des cerveaux », je ne remets pas du tout en cause les capacités intellectuelles de ma copine). On n’arrête pas de pleurer sur la fameuse fuite des cerveaux, justement, mais on ne fait rien pour les retenir. Surtout les littéraires… Non parce que c’est quoi la morale de cette histoire ? Que t’aies un CAPES passé avec une licence (ce qui n’est plus possible aujourd’hui mais ça l’était jusqu’à peu) ou une agrégation avec une thèse, c’est la totale égalité des chances, prie pour que le hasard soit clément avec toi ? Mais merde, l’égalité des chances, c’est pas à ce niveau qu’elle intervient, bande de buses. Limite, ça donne l’impression d’une course de F1 où ma pote conduit une McLaren et qu’en face, y a des Lotus, tu fais ta course, tu surclasses la concurrence masi pas de bol, à la fin, y a un tirage au sort et c’est ce seul résultat qui compte. Alors, c’est quoi le message ? Ca ne sert à rien de faire des études ? Remarque c’est pas faux, vu comme l’intelligence et la culture me paraissent être limite une offense aujourd’hui, un défaut… Mais le souci, c’est que moins on fait d’études, plus vite on grossit les chiffres du chômage, c’est pas très bon non plus, ça.
Bref, tout ça pour dire que je suis écoeurée, que ça m’énerve profondément et comme j’ai un peu arrêté de fumer, je suis un peu très tranchée surla question. Mais merde, dans une prochaine vie, je me contenterai d’un BEP. Je gagnerai pas plus mais je le gagnerai plus jeune.
Bonjour,
Personnellement, je ne vois pas le salaire comme quelque chose qui est fonction des etudes mais plutot comme un principe d’offre et de demande. Tu as une these en physique fondamentale ? Tu ne toucheras pas lourd si personne n’a besoin de toi.
Pourquoi un prof de lycee en histoire gagnerait differemment suivant son cursus scolaire ? Il fait le meme job quelque soit le cursus, il encadre les memes eleves. Le salaire est legitimement different s’il enseigne en fac, mais les places sont cheres, le principe de l’offre et de la demande.
La justice n’est-elle pas de payer en fonction de la tache et des resultats, cad en fonction du present et non pas du passe scolaire ?
Il n’est pas choquant de voir un plombier gagner mieux sa vie qu’un prof meme s’il n’a qu’un CAP dans la mesure ou les clients sont la.
La valeur n’attend pas le nombre des annees (d’etude) et un niveau d’etude est une garantie d’ « argent » si et seulement si ces etudes debouchent sur un metier repondant a un besoin.
Bref, on pourrait parler des heures de la justice du marche vs la meritocratie.
Mais bon, rassure Virginie, il n’y a pas que des inconvenients au metier de prof de lycee.
Sauf que dans le cas de profs, la loi de l’offre et de la demande est totalement biaisée puisque l’État détermine à la fois l’offre de « services » éducatifs et le salaire des profs. Politique éducative au rabais => besoin de moins de profs => position de force de l’employeur => salaires bas
Et la politique éducative au rabais n’a que peu à voir avec une demande de la population.
Ce qui est choquant, ce n’est pas de voir un plombier mieux payé qu’un prof, ce qui est choquant c’est juste de voir un prof aussi mal payé ! Surtout quand on sait l’investissement que ça demande, en particulier pour un prof débutant. J’ai tendance à assimiler ce genre de comparatif à de la malhonnêteté intellectuelle. Exemple : il n’est pas choquant qu’il y ait moins de cancers reconnus maladies professionnelles chez les cadres que chez les ouvriers de l’industrie pétrochimique. Ce qui est choquant, c’est qu’il y ait autant de cancers professionnels chez les ouvriers de l’industrie pétrochimique.
Et si je voulais pousser le bouchon un peu loin, pourquoi le salaire devrait-il être fonction des résultats ? C’est une prime aux prédispositions, prédispositions qui sont entre autres dues à l’environnement dans lequel la personne a grandi, et donc partiellement une prime à l’origine sociale. Je ne vois pas que du mérite là-dedans. Pourquoi le salaire ne serait-il pas fonction de l’utilité sociale ? des efforts fournis par la personne ? de la pénibilité du travail ? du vote de ses subordonnés et supérieurs, comme pour un 360 ?
Plutôt d’accord avec le commentaire précédent. Ce qui est rageant, ça je le conçois, c’est d’avoir un job médiocre par rapport à ses attentes en ayant fait tant d’études et en ayant, j’imagine, un vrai potentiel.
En revanche, il est clair que l’on ne rétribue pas les années d’études. La rémunération se fait et doit se faire à mon sens par rapport au poste occupé, au niveau de responsabilité, et – même si je déteste ce terme – à la valeur ajoutée que l’on apporte sur un poste donné.
De plus, je reste convaincue de l’intérêt de la formation continue. La connaissance, dans beaucoup de jobs, même si ça n’est pas forcément applicable dans le cas présent, ne fait pas tout. La compétence, l’expérience ne sont pas nécessairement acquises au sortir d’une école et heureusement, qu’apprendrait-on sinon en travaillant ?! Pour reprendre ton exemple du BEP, oui, je pense qu’une solution pour satisfaire tout le monde, c’est de privilégier la formation professionnelle et la formation continue. Une année d’étude qui correspond à un besoin professionnel à un moment de sa carrière en vaut selon 2 ou 3 en formation initiale. Mais ça n’engage que moi. et ça n’enlève rien à la valeur des études. Simplement, ça explique un peu le fait que les études ne soient pas nécessairement payées à leur juste valeur.
Bonjour,
Malheureusement, se diriger vers un poste dans l’éducation se révèle souvent décevant vu le travail fourni pour y arriver et ce que l’on peut récolter à l’arriver (et je ne parle pas seulement en salaire).
Parce qu’en plus de trimer avec des étudiants pas toujours très motivés de se lever le matin pour aller apprendre, il faut supporter les réflexions des autres comme : « Oui, mais vous avez plein de vacances » ou « Mais vous gagnez bien votre vie en fin de carrière, peut importe que vous soyez bon ou pas .. »
Et je suis assez d’accord avec le fait que le salaire soit soumis à la loi de l’offre et de la demande… Il y a pas mal de candidats, donc pourquoi l’état se fatiguerait à les payer cher alors qu’ils trouveront forcément des personnes pour prendre le boulot au salaire minimum …
En effet, des gens autant diplômés payés au SMIC est terriblement dégradant. Du haut de ma petite première année d’expérience professionnelle, je me rends compte que le monde du travail est bien loin du monde des études. J’ai même pu croiser des gens ayant tout juste le bac qui corrigeait les textes d’une titulaire d’une maitrise de lettres. Il y a aussi le piston mais je me rends compte que cela ne marche pas à tous les coups.
Concernant les filières littéraires, j’ai pu constaté qu’elles commençaient à intéresser les recruteurs. Etant moi-même issue de ce cursus, je peux vous assurer qu’il est possible d’obtenir beaucoup d’entretiens d’embauche si l’on ajoute une spécialisation à son cursus de base.
Bonjour. Ca fait un moment que je te lis donc allez je me lance à commenter…
Je pense qu’en France on paye les compétences qu’un pharmacien ou un médecin a à la fin de ses études et qu’un historien n’aura pas. Dans les sections littéraires (et je viens de Lettres…) on nous met des connaissances plein la tronche alors c’est bien on a le cerveau bien plein mais on a zéro compétences parce qu’on ne sait rien faire. Et en plus la formation pour les profs est vraiment mal faite parce qu’il y’a très peu de pédagogie dans ces études alors que savoir faire passer des savoirs c’est minimum 50% du boulot. Enfin il y’a aussi le fait qu’en France tout est public donc on a jamais d’argent pour les profs. Moi je dis ça, je dis rien… 😉
Bon, je suis assez en désaccord avec ton article.
– D’une part, a la base, faire une these pour faire prof de lycée, c’est du gachis. Je ne comprend pas. Dans mon domaine, si tu fais une these c’est pour etre enseignant-chercheur. Alors je veux bien que les chercheurs en histoire sont peut etre rares, mais bon, l’agreg reste un concours de niveau bac+5… (apres dans la pratique, je sais que c’est pas toujours le cas, mais il est reconnu comme)
-1100€ pour un mi-temps, c’est quand meme pas la misere non plus hein. C’est l’equivalent d’un smic a temps plein. Alors oui, c’est un coup de malchance de n’avoir qu’un mi-temps, mais le jour ou elle trouvera un tp plein, elle ne sera pas si miséreuse.(pour une fonctionnaire)
-Comme l’on dit les précédents, on est rémunéré sous l’offre et la demande, et je ne pense pas que l’histoire soit le créneau de la demande, et je pense que vous/elle le savaient en s’y engageant.
Le choix entre la filiere interessante au niveau connaissance et celle interessant au niveau pecunier regarde chacun d’entre nous, évidemment.
Salut
Un des problèmes en France est que le doctorat n’est pas pris en compte dans les échelles salariales du public (qui s’arrêtent à la maitrise), hors enseignement-recherche, et encore moins dans le privé ; les docteurs font peur aux entreprises, éternels étudiants parasites et individualistes et soit-disant déconnectés du monde réel, c’est toute une culture professionnelle où l’université est la dernière roue du carrosse, les profs mal payés, les formations professionnelles souvent hors filière de masse. J’ai migré pour cela, avec bonheur, salaire tout simplement doublé et reconnaissance sociale sans aucune comparaison.
Quand je pense à toutes ces offres de CDD en remplacement dans des collèges / lycées qui m’étaient proposés quand j’étais au chômage tout simplement parce que j’ai une licence. Il y a évidemment des postes (en tout cas en Langues Etrangères) mais c’est bien plus économique de les offrir « en intérim » à des chômeurs qu’on forme sur le tas.
Ta copine se moque de toi ma chérie, dans la fonction publique de l’Etat les postes à 1/2 (de titulaires) sont rarissimes et le statut donne droit à un poste à temps complet. On ne peut imposer un temps partiel à un agent fonctionnaire de l’etat, à un contractuel oui. Soit pour un agrégé débutant 2000 euros. Si ta copine accepte un 1/2 temps c’est pour ne pas se retrouver en moselle.
Ensuite docteur maintenant c’est rien. Le grand BRAUDEL a mis 12 ans et pas 3 a faire sa thèse et pendant 12 ans prof de lycée ( WIKIPEDIA : Reçu à l’agrégation d’histoire en 1923, il est nommé professeur de 1924 à 1932 en Algérie : à Constantine puis à Alger. De 1932 à 1935 il enseigne au lycée Pasteur, au lycée Condorcet et au lycée Henri-IV à Paris)
Avec la réforme LMD la thèse tout le monde l’a, ce n’est qu’un gros master2 de 3 ans alors que faire de ses bataillons de docteur, tous en fac ? ben voyons.
Pour être ouvrier il faut le bac maintenant, pourquoi? parce que 60 % qu’une classse d’âge a le bac, donc la démocratisation des études implique la baisse relative (et non en qualité mais en rareté) des diplômes.
Ton indignation est classique et vient du parallele abusif qu’on fait en France entre niveau d’etudes (bac+N en maximisant N) et situation professionnelle. C’est au mieux un parallele simpliste, au pire de l’escroquerie intellectuelle.
Le marche du travail est un … marche. Comme tous les marches c’est la loi de l’offre et de la demande qui fixe les prix. Je ne dis jamais a mes momes qu’ils doivent faire des etudes mais je leur repete souvent que pour y arriver dans la vie il faut savoir faire quelque chose d’utile qui est tres difficile ou que personne d’autre ne veut faire. Utile == beaucoup de demande. Difficile == peu d’offre. Une forte demande couplee a une offre faible garantit des salaires eleves.
Je crois qu’on delivre quelque chose comme 6000 licences de sociologie par an en France. On n’a pas besoin de 6000 nouveaux sociologues tous les ans. Il y a des tas de filieres a la fac ou le seul debouche possible, c’est l’enseignement (et en socio c’est pire parce qu’on n’enseigne pas cette matiere au lycee, et les postes d’enseignants dans le superieur ne courent pas exactement les rues).
Quand quelqu’un me dit « mon fils / ma fille a un bac + 5 et travaille au McDo » je demande toujours « Bac+5 en quoi? ». Si c’est en informatique / chimie / mecanique / … il y a du boulot. En lettres / socio / … il faut aller voir du cote du monde de l’enseignement. Ceux qui ratent les concours devront se rabattre sur des jobs ou leurs diplomes ne leur seront d’aucune utilite. J’ai bosse quelques etes a la chaine, avec des gars qui souvent n’avaient aucun diplome (parfois un CAP ou un BEP). Mon bac avec mention et mes annees de classe prepa ne faisaient pas de moi un meilleur ouvrier. Le boulot etait tellement cretin (ouvrir le carton, mettre les trucs dans le carton, pousser le carton) que n’importe qui pouvait le faire et donc le pool de candidats etait gigantesque (offre meximale). Les salaires etaient en consequence (SMIC, pas plus)
Salut
C’est de moi que parle Nina, donc plusieurs choses
– Avocats&Associés: on se connaît?????
– Serafina: je fais pas ça pour être prof de lycée, je fais ça pour être enseignante chercheuse, ce qui m’intéresse, c’est pas le lycée (sinon, j’aurais pas fait une thèse: c’est pour toi, Avocats&Associés d’ailleurs), et c’est sûr « quand j’aurai un temps plein, ça ira mieux ». Mais très chère, apprends que les temps plein ne poussent pas sur les arbres, que vu mon cursus, je suis la plus à même d’en obtenir un, et je ne l’ai pas, donc imagine ceux qui sont moins calés que moi. Pourquoi ma situation est scandaleuse? parce que les temps plein ne se font presque plus, faute de budget alloué par le gouvernement qui trouve, comme beaucoup d’entre vous visiblement, que « l’Histoire ça sert à rien ». Je me lance pas sur un terrain glissant, mais ça sert à beaucoup (merci Gwouigwoui). Pour info, le temps plein est à 1700 – c’est pas non plus exactement Bizance quand tu sais que dans d’autres filières, à qualif égale, on tape direct dans le 3000 par mois. Certes, je fais pas ça pour le blé (heureusement, sinon, je suis pas rendue) mais j’aimerais pouvoir vivre décemment, et je peux pas trop.
– « moi » – je sais pas qui tu es, mais tu ne connais visiblement rien à ce milieu (tout ce qui est dit dans wikipédia n’est pas vrai, tu sais). mais non, je connais ma vie, et je ne mène personne en bateau (pour info, on ne m’a rien proposé en moselle). Je suis en milieu universitaire et j’aimerais pouvoir y rester, voilà tout, et je pense que j’en ai les qualifications. Quant au « grand » Braudel et à tout le name-dropping dont tu te targues pour montrer que tu as une connaissance des arcanes tant intellectuelles qu’administratives du milieu univ… ben il est hors-sujet.
Une thèse de qualité ne se boucle pas en trois ans coco(tte).
Sur ce, je m’en vais, ça m’énerve les gens qui pensent me connaître mieux que moi sans rien savoir de ma vie.
Par ailleurs, pour Victor et Plissken: je sais qu’hors enseignement, ce type de formation n’ouvre pas sur des choses forcément satisfaisantes (sauf opportunités exceptionnelles). Mais le sens du post de Nina c’est de soulever que *précisément* j’ai les meilleurs diplômes/qualifications pour ce créneau (je dis pas ça pour me vanter, c’est juste vrai), et c’est à la recherche que je me destine, mais c’est bouché. Ce qui est révoltant, c’est ce que ça signifie: ça veut juste dire qu’il y a pénurie de poste à cause d’une pénurie d’argent, parce qu’on réduit les budgets alloués à l’enseignement (et dans mon cas à l’enseignement supérieur). En soi, c’est grave.
Les docteurs en sciences inhumaines et asociales sont logés exactement à la même enseigne ce qui concerne la rémunération des emplois publics. Un docteur-agrégé en maths qui va enseigner au lycée gagnera la même chose que ton amie. Je ne crois pas que ce soit tant que ça un problème disciplinaire, mais bien le problème que tu soulèves sur la non-reconnaissance (pas seulement pécuniaire, parfois aussi sociétale) de la valeur du doctorat et de l’utilité des enseignants et/ou chercheurs, dans les humanités ou les sciences dites « dures ». Et oui, ça fout un peu les glandes parfois…
(Ingénieure, docteure en traitement du signal, chargée de recherche au CNRS, ma paie est autour de 2000 brut – ce que gagne un docteur-agrégé en histoire du même organisme, mais là j’avoue, il y a probablement encore moins de places en sciences humaines).
je comprend cette colère il y a dans mon entourage des personnes qui ont beaucoup sacrifié pour leurs études et qui se retrouvent souvent en « sous-classement » c’est très dur pour moi de voir cela pas que je sois remplie de diplômes mais pour mes enfants qui j’éspère feront le choix d’études qui les passionnent avant tout mais pour allez où ???? là je ne sais pas . Pour info avoir un bep ou un bp c’est bien pour gagner plus vite « sa vie » mais c’est souvent un choix facile qui n’amène pas forcémént un épanouissement professionnel et personnel. Je parle en connaissance de cause.
HUM !! peite chose qui me derange dans ton commentaire ! il n’y a pas qu’aux antilles que l’on releve les notes des candidats il faut s’ailgner sur les moyennes nationales partout !! ou l’art de faire passer les antillais pour des incapables.
Bonjour, une question pour V: pourquoi ne pas avoir fait de post-doc? C’est le passage obligé avant un poste de maître de conf…
Je ne suis pas d’accord non plus avec le système français ! Ma belle-soeur est avocate et elle gagne misérablement 1300€ net en région parisienne. Certes il y a des paliers qui évoluent rapidement mais c’est à vous dégoûter de vous donner autant de mal ! Personnellement mes 4 années d’études ont chacune coûté 6500€ sans compter mes échanges Erasmus. J’ai pris 18 000€ de prêt étudiant et pour le reste j’ai eu la chance d’avoir l’aide de mes parents. Et aujourd’hui avec un BAC+5, trilingue et sur Paris je gagne difficile 2000€ net. Tout juste de quoi couvrir loyer, remboursement du prêt étudiant, et dépenses courantes…
Ulmien: ne mettons pas la charrue avant les bœufs – je ne suis pas encore docteure, je rédige, mais il me faut encore qq mois!!
Très honnêtement, c’est comme ça partout et pas qu’en France. Aujourd’hui, il faudrait avoir 20 ans, l’énergie d’une personne de 30 ans, pas de gosses, pas de partenaire et l’expérience d’une personne de 50 ans…et comme ça, on trouve son premier emploi. Et cela concerne aussi les branches scientifiques…où je suis, il manque 5000 informaticiens, il y en a 2000 au chômage.
Pareil pour les profs…l’Etat se plaint de ne pas avoir de jeunes qui font la formation de prof, mais ils n’engagent pas ceux qui sont diplômés, ils vont chercher des gens à l’étranger, en partant du principe que les jeunes profs n’ont pas d’expérience et donc ne sont pas intéressants.
Ce n’est plus le travail au service de l’Homme, mais l’Homme au service du travail.
Sympa ton article :)! Oui, les Bac+8 sont sous-payés en France… après on s’étonne qu’ils se barrent à l’étranger…
Que je comprends très bien la situation que tu évoques là! Moi même, sans avoir été jusqu’à la thèse (et j’en suis bien contente, vu ce que je lis!) j’ai fais un master d’histoire et me retrouve (après plein plein plein de galères pour trouver un job)à bosser pour une grande école en tant que gestionnaire des ressources humaines…mais y’a que le titre de beau, car je suis payée à peine plus que le SMIC alors que j’ai un niveau bien plus élevé en diplôme que tous mes collègues…bref, la vie est injuste, mais on est malheureusement obligés de faire avec (et c’est encore moins juste) car c’est un job payé comme de la merde (désolée pour les âmes sensibles) ou pointer à Pôle Emploi !!! Bref, je compatis avec ton amie, car je suis dans la même galère !
L’histoire de l’art on s’en fout tout autant, non? D’où l’importance capitale (voir vitale) de compléter ses études avec quoi? Une école hors de prix. Bienvenue en France! :p
(Et moi, je veux faire des études à vie, des thèses, des mémoires… Mais pour ça, il me faut gagner au Loto!)
Bravo pour votre article, qui explique bien comme on est mal payé en France…Le pire, c’est que maintenant même si vous postulez pour un emploi au SMIC, on vous demande des qualifications hors normes : une fois je postulais pour un emploi de secrétaire avec salaire affiché le SMIC..et lors de l’entretien, le patron me dit : je cherche une secrétaire qui parle anglais, allemand et espagnol, je veux aussi qu’elle connaisse tous les logiciels de l’import export avec des notions de comptabilité, ce serait bien aussi qu’elle est un excellent relationnel avec des connaissances en marketing, etc..Tout ceci, pour un remplacement de six mois…J’ai failli lui dire, et en prime elle devra vous tailler une P…E…à ce prix là..
J’hallucinais, il voulait la perle rare en plus il allait la payer une misère….On a un problème en France pour la reconnaissance des qualifications..
Mon troll chéri,
Tu m’excuseras d’avoir effacé tes comms mais il est temps d’agir car tu m’inquiètes. Oui, tu m’inquiètes. Tu passes trop de temps ici à essayer d’attirer mon attention, à chercher à me blesser pour tenter d’établir une relation SM avec moi. Es-tu un pervers narcissique ? Un dominateur aimant soumettre la femme ? UN pauvre enfant délaissé par sa mère et qui voue depuis une haine farouche envers les femmes, surtout celles qui s’assument ?Un abruti ? Je ne sais. Et je m’en fiche.
Mais maintenant, je dois te libérer. Je ne suis pas femme pour toi. D’abord parce que ta culture est loin, très loin d’être satisfaisante, tout autant que ta répartie. On sent bien que tu cherches dans Wikipedia des réponses à tes questions, faire semblant de connaître un sujet que tu ne maîtrises absolument pas mais c’est peine perdue. Tu ne fais pas illusion. Il faut que tu comprennes que l’avis d’un pauvre nolife qui n’existe que par l’insulte virtuelle ne peut pas me toucher, surtout que tu tapes à peu près systématiquement à côté. Tu me parles du fait que je me fais virer de mes jobs, ça n’a jamais été le cas (même que si tu veux tout savoir, mon job actuel, c’est un peu un must have). Tu critiques mon boulot, tu prouves que tu n’as pas du tout compris de quoi il s’agissait. Tu me balances que la formation journalistique, c’est de la merde. Heu, oui, si tu veux, ce n’est pas moi qui l’ai mise en place. Le tout dans un déluge de fautes d’orthographe parce que tu ne maîtrises pas bien la langue française.
Alors je sais qu’ici, tu te sens puissant, que tu peux t’inventer une vie, des diplômes mais personne n’est dupe. Tu vois, j’ai cliqué sur un bouton, toute ta prose des derniers mois a disparu. C’est moche hein ? Mais c’est à l ‘image de ce que tu es pour moi : rien. Un déchet avalé par le vide ordure dont j’oublie aussi vite l’existence. J’ai limite plus d’intérêt pour mes pots de yaourts.
Allez, prends conscience qu’entre toi et moi, rien n’est possible, même pas la haine. Prends ton envol petite chenille, sors de chez toi, découvre la vraie vie. Je sais que ça fait un peu peur mais il est temps maintenant.
Bon courage, on est tous avec toi ! (enfin, tous, je pense que personne ne s’intéresse vraiment à cette histoire mais on va faire semblant)
Indifféremment,
Nina
Je pense qu’on ne peut pas tout avoir dans une societe.
La France est un pays socialiste. Les personnes aux revenus les plus modestes ont des droits, des allocations de toute sortes. Certains s’en sortent tres bien grace a elles.
Je me rappelle moi-meme que ma bourse d’etudiante m’a permis de tres bien vivre pendant mes etudes.
Ces aides n’existent pas en au Royaume Uni ou je vis a present. Il faut meme payer pour aller a la fac.
En contrepartie il y a beaucoup de travail. On peut monter tres haut tout comme rester tres bas en fonction de ses talents propres, de son ambition.
Mais on ne peut compter que sur soi-meme si les choses vont mal. Si on tombe malade, si on decide de fonder une famille.
C’est un choix a faire, le paradis n’existe pas!
Ce qui est un peu dommage en France est que seule la discipline est reconnue. Certes, c’est important ! Mais quand je croise un thésard en socio, histoire ou informatique, je me dis que ces personnes ont une grande capacité d’analyse, de réflexion développée par leurs années de recherche. Ces compétences passent un peu à la trappe dans notre beau pays.
Quant à la fonction publique…entre le recrutement par concours (également seul moyen d’évoluer) et les salaires de début de carrière à faire fuir toute personne souhaitant vivre dignement…ce serait trop long 🙂
petite remarque pas gentille mais bon,
si ton amie ne s’est pas rendue compte avant la fin des 8 ans qu’il n’y a pas de boulot bien payé dans sa branche à son niveau, elle ne mérite peut etre pas d’avoir un boulot mieux payé ! Elle n’est pas un peu naive ? L’histoire et la géo ca n’empeche pas de se tenir informé des réalités de la vie économique, et du marché de l’emploi. C’est la différence entre faire une formation sur ce qu’on aime et faire une formation qui apporte un boulot (on peut aussi faire les deux, mais il faut prendre en compte les boulots possibles). Je suis tjs assez étonné des artistes, des sportifs (stpas, etc), des psycotistes qui veulent faire ce qu’ils aiment …. et qui se plaigent après de pas avoir de boulot quand d’autres ont fait des efforts pour des études qui offrent du boulot.
rassure toi j’ai une très bonne idée de ce qu’est une thèse.
je partage l’idée que les années d’études doivent être valorisées mais donner systèmatiquement la priorité pose probleme. Si un niveau d’étude moins élevé est mieux adapaté (plus opérationnel, plus spécifique, etc) pas sur que donner la priorité à au niveau de diplome soit une bonne chose. Quel système d’attribution des postes dans l’administration soit nul ca, formulé comme ca, il n’y a rien à ajouter.
je n’ai pas dit qu’il ne faudrait faire que … j’ai dit si tu choisis (en connaissant ce qui risque de se passer), c’est moins logique de te plaindre.
Quand les personnes non qualifiées, qui n’ont pas le moindre choix, et se retrouvent à faires des boulots pénibles (au vrai sens du terme), sans aucune perspective d’évolution, sans pouvoir trouver le moindre interet à son boulot, sans la considération que peut avoir un prof, etc cela me semble plus génant. Mon choix, ou pas, telle est la question. J’ai l’impression qu’aujourd’hui un peu pour tout, tout le monde oublie l’importance de ses choix pour uniquement renvoyer sur « la societé, l’etat, les autres quoi ». D’abord je vérifie ce qui relève de MA responsabilité. Et du coup, je peux etre très exigent pourque la societé, l’état, etc gèrent tout ce qui ne relève pas de choix perso.