The Hours, de Stephen Daldry

Par Bobby


Chronique cinéma

 

Cher lecteur, j’ai décidé de te présenter, une semaine sur deux, non pas un film qui vient de sortir, mais un film que j’aime beaucoup, plus ou moins récent. La semaine dernière, je t’ai parlé de Française, qui m’a laissé de marbre, mais ne va pas croire que je suis de ceux qui dénigrent tout -et surtout ce qui marche- pour se donner un genre ! Figure toi qu’il m’arrive d’apprécier, voire de « surkiffer » (dans un jargon plus adapté aux trolls qui pourraient être amenés à lire cet article, sait-on jamais, il faut savoir s’adapter…) des films plus ou moins populaires.

Tiens, par exemple, en 2002 (mmh j’avais 14 ans, donc… ça c’est juste pour faire enrager mes collègues vingtenaires), le film The Hours a séduit le public, contre toute attente : petit drame de rien du tout, a priori, narrant sur trois époques la vie de trois femmes, liées par un roman et le même désespoir palpable. Dans les années 20, Virginia Woolf (Nicole Kidman, fantastique, métamorphosée), rédige son roman Mrs Dalloway (que je vous conseille, c’est très 20e siècle, très dense aussi, on y suit un long flux de pensée,  immergés totalement à l’intérieur d’une conscience), et s’interroge sur le sort qu’elle réserve à ses personnages : le suicide, ou le salut ? Dans les années 50, Laura Brown (Julianne Moore, intense, d’une sensibilité aigue…), jeune mère au foyer, lit le roman Mrs Dalloway et se laisse submerger par des pensées suicidaires. Enfin, dans les années 2000, Clarissa Vaughan (Meryl Streep, impériale, subtile, magnifique
!), revit la journée du personnage éponyme du roman de Virginia Woolf, transposée à notre époque.

Trois Heures, en sommes, comme les tois déesses grecques des saisons.

Les plans s’enchaînent d’une vie à l’autre, se succèdent sans que la modification des couleurs (gris-jaune dans les années 20, jaune-sépia dans les années 50, gris-bleu dans les années 2000) ne dérange notre nerf optique. Véritable prouesse scénaristique que de nous emporter dans une telle complexité  temporelle sans jamais nous égarer, et en nous révélant sans que l’on s’y attende les différentes connections entre les époques.

Le film est porté par le talent de la mise en scène, du jeu des actrices principales et de leurs acolytes secondaires, du scénario, de la musique de Philipp Glass (envoûtante, comme toujours), mais aussi par la puissance des thèmes abordés, au premier rang desquels on retrouve le désespoir et la mélancolie. Derrière ces maux, que l’on découvre ici liés à la folie, à la solitude, ou à la maladie, on voit poindre la menace -parfois éclatante, parfois insidieuse- du suicide.

Emotifs, prenez garde, ce film peut altérer le moral des plus solides d’entre nous avec une remarquable efficacité !

Le film est également l’occasion de peindre une intéressante reflexion concernant la vanité, qu’il s’agisse des liens entre les êtres (époux, frères-soeurs,
mère-enfant, amis…), du travail, des rituels (remettre un prix à un vieil écrivain), mais aussi -et c’est une chose plus rare donc d’autant plus appréciable- de la vanité de l’art. Et si l’art, que l’on encense incessamment, n’était pas à même de remplir la mission qu’on lui attribue souvent, à savoir préserver les choses du temps et de la mort ? Et si l’art ne pouvait pas capter le réel ?

Par ailleurs, je tiens à saluer (oui, vous allez dire que je fais une fixation là dessus, mais j’m’en fiche, na) le fait que tous les personnages -ou presque- sont homos, sans que cela fasse de The Hours un film sur l’homosexualité (avec toute la lourdeur que cela impliquerait). Cette thématique reste en filigrane, est c’est très bien comme ça. La même histoire aurait pu se raconter avec des hétérosexuels, sans que ça change quoi que ce soit. Finalement, c’est comme décider que les personnages seront blancs ou noirs ou jaunes, après tout, c’est une question de choix de mise en scène, voire d’esthétique. Il n’y a pas nécessairement de sens derrière, ni de « discrimination positive ».

PS : Si quelqu’un a lu le roman The Hours, dont le film est une adaptation, peut-être pourrait-il nous en parler et nous donner son avis (on est souvent déçu par la transposition de l’écrit aux images, et je trouve ça assez normal, mais bon)… Ca pourrait être intéressant de comparer



Découvrez Philip Glass!

4 réflexions sur “The Hours, de Stephen Daldry

  1. Merci pour ce bon petit synopsis bobby, effectivement j’ai un bon souvenir de ce film que j’ai vu quand j’avais…..19 ans. (et on cesse les sarcasmes titilleurs de vieux hein, jte ferai signale qu’on est en majorité ici….tu risques d’y laisser des plumes -petit rire sardonique à l’appui-)
    J’ai trouvé ça très bien ficelé aussi, et j’aime bien l’idée d’un film qui est tiré d’un bouquin, mais qui n’est pas l’adaptation d’un bouquin (à la « neverland » qui raconte-ou plutot imagine- la genèse de peter pan), et, il faut bien le dire, kidman est grandiose (j’adore cette actrice: si j’étais un homme, je crois que je fantasmerais nuit et jour dessus), et quant à Julianne Moore, on la sent complètement piégée, c’est juste horriblement bien fait, un personnage très touchant.

  2. rhooo mais oui tu le dis en PS en plus….quelle gourde…
    en plus j’ai écrit le commentaire juste après avoir lu ton article (sisi, en entier en plus…), mémoire de poisson rouge sur ce coup là…
    Bon bah du coup, c’est moins original alors. tant pis, beau film qd même

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *