La femme conquérante des années 2000

Il y a quelques années, alors que je me préparais à entrer à la fac (je ne dirais pas quand c’était exactement, la nature féminine est pudique lorsqu’il est question d’âge), j’avais lancé un jour cette expression dans une conversation. En fait, je consolais une copine après une rupture amoureuse. Très inspirée, je lui avais parlé de la fac comme d’un immense
supermarché à mecs. Imaginez que sur environ 30 000 étudiants, si on compte à peu près 10 000 hommes (oui, c’était une fac plutôt littéraire), il y en a pour tous les goûts : petit, grand, blond, brun, noir, blanc, jaune, vieux, jeune… On trouve tout ce qu’il nous faut ! Et dans mon délire féministe, j’avais lancé cette merveilleuse phrase : « Nous sommes des femmes conquérantes des années 2000 ».

 

Qu’est-ce que c’est ? En gros, des femmes qui prennent les hommes, les consomment et les jettent s’ils ne sont pas à la hauteur. Car nous sommes des princesses, voyez-vous. Des hommes, il y en a à la pelle donc il ne faut pas nous traiter comme de vulgaires faire-valoir. Nous ne demandons pas d’être couvertes de bijoux et autres cadeaux onéreux mais juste que les hommes nous aiment pour ce que nous sommes. S’ils ne sont pas à la hauteur, on passe au suivant.

Aujourd’hui, c’est un peu plus facile pour une femme de multiplier les conquêtes même si l’image de « salope » reste encore présente. Si je suis un homme et que je me vante d’avoir couché avec 10 femmes dans la vie, je suis un loser. Si je suis une femme et que je me vante d’avoir couché avec 10 hommes dans la vie, je suis une salope. Pourquoi faut-il
toujours qu’il y ait deux poids, deux mesures ? Au XXe siècle, les femmes ont presque rattrapé leur retard social sur les hommes : droit de vote, droit au divorce, à contrôler leur corps, on les rattrape au niveau des salaires, on s’habille à peu près comme on veut… Mais ça bloque toujours au niveau de la sexualité. J’exagère ? Non et je le prouve : regardez,
quand une jeune fille se fait violer, il y a toujours une âme bien pensante pour dire : « Oui mais si elle ne s’était pas habillée comme ça, aussi… ». Et là est le problème. En été, j’aime m’habiller court, j’ai chaud, c’est normal. Sauf que les hommes (enfin, certains, pas tous) y voient une invitation coquine. Ainsi, en été, ils ont la fâcheuse tendance à laisser des mains traîner, surtout dans les transports en commun. Enfin, messieurs, vous êtes stupides ou vous le faites exprès ? Pensez-vous sérieusement que caresser une fille sans son consentement va vous permettre de conclure avec elle ? J’aimerais qu’un jour, un sociologue fasse une étude sur les techniques de drague et celles qui ont le plus de succès. Je suis sûre que le tripotage dans le bus ou, pire, le métro par 30° arrive bon dernier.

Les femmes conquérantes des années 2000 essaient donc de s’assumer et écrasent de leur talon aiguille les tabous liés à une sexualité féminine libre et exacerbée. Quand je suis arrivée dans ma nouvelle région, j’ai porté haut les couleurs de ce nouveau type de féminisme : « je baise et je fais ce que je veux ! ». Sauf qu’aujourd’hui, je me rends compte que ma carapace de femme sensuelle ne protégeait pas mon cœur et j’en suis perturbée. M’adressant à mes ami(e)s vingtenaires, j’ai eu soudain une révélation : « la femme conquérante des années 2000 n’existe pas ! ».

En effet, faisons un tour d’horizon de nos vingtenaires. Il y a d’abord Victoire, femme extrêmement sensuelle et qui le revendique, multipliant les brouettes avec son Fulbert. Elle ne l’aime pas, elle s’en moque mais… son cœur n’est pas plus protégé que le mien. Sous le vernis de la femme conquérante, se cache une femme blessée qui tente d’oublier l’homme qu’elle aime, William, qu’elle a quitté il y a peu. Les brouettes ne sont pas un baume au cœur : en voulant l’oublier dans les bras d’un autre, Victoire n’a fait que prendre conscience de ses sentiments pour William et lui a envoyé un e-mail de déclaration…

Lucie peut paraître un excellent exemple de cette femme conquérante : parfois, en rentrant de discothèque, alors que d’autres ramènent une gueule de bois, elle rentre avec un homme sous le bras. Quelques brouettes et il repart, c’était sympathique mais faudrait voir à pas s’attacher. Il y a trois ans, Lucie a ramené un homme, un soir, Damien. L’expérience étant concluante, il est revenu une deuxième fois, puis une troisième… Deux ans et demi plus tard, elle a finalement fini par le congédier mais elle l’a aimée, son Damien, et même souffert lorsqu’elle a appris qu’il brouettait avec d’autres filles. Furieuse, elle l’avait congédiée, s’était vengée mais elle l’avait repris, finalement. Reprenant ses airs de femme conquérante, elle n’est pas allée bien loin, finalement, retombant dans les bras du charmant Jérôme, jeune et inexpérimenté mais tellement attendrissant. Si leur histoire n’a duré que quatre mois, elle s’était beaucoup attachée à lui. Quand elle m’en parlait, ses yeux brillaient et elle s’inquiétait de savoir qu’il poursuivait ses études à une bonne centaine de kilomètres d’elle. Sous ses airs de femme dure, Lucie a un cœur, elle aussi. Seuls ses concours la sauvent d’une nouvelle histoire d’Amour, avec un grand A.

Anne ne se la joue pas femme conquérante des années 2000 même si elle en adopte le discours de temps en temps mais ce n’est pas vraiment son genre. Elle espère que chaque coucherie se terminera à la mairie mais sexe et amour, ça ne rime pas. Dernièrement, son cœur a chaviré pour un Allemand, Tobias, qui lui en a fait voir de toutes les couleurs. Elle s’énerve contre lui, pleure, le déteste… mais dès qu’il revient, elle fond devant lui et ne peut pas lui résister. D’ailleurs, il retraverse le Rhin, cette semaine. « Moi, je m’en fiche ! Il dormira sur mon canapé et si on peut se faire plaisir, tant mieux, mais je m’en fiche ! » Je lui adresse un regard interrogateur et elle avoue. « Non, c’est pas vrai, j’ai peur de le
revoir. »

Clara est la seule à ne pas se vanter d’être une femme conquérante des années 2000 et c’est sans doute la plus honnête d’entre nous. Cette fille est merveilleuse, son romantisme est si pur, l’entendre parler d’amour fait rêver. Clara ne rêve pas de l’amour comme on le lit dans la mauvaise littérature de gare, non, elle cherche juste un homme qui l’aimera et qu’elle aimera en retour. Elle prend le temps de faire les choses, elle ne passe pas sous la couette dès le premier soir… Oui, sur ce blog, il y a également des non-obsédés sexuels (enfin, il y en a une).

Même Gauthier, qui a du mal à être une femme conquérante des années 2000 vu qu’il est un homme, a sa part de sensibilité. Collectionnant les conquêtes comme d’autres les billes dans les cartouches d’encre, il cherche également l’amour, sans succès. Un soir de fête, alors qu’il me ramenait chez moi aux petites heures du matin, il me confiait sa peine de ne jamais arriver à tomber amoureux des hommes qu’il fréquentait. Sous ses airs de mangeurs d’homme, il est tout aussi en manque d’amour que nous.

Et moi. Cela fait maintenant un an que je suis célibataire, à quelques jours près, et pendant dix mois, j’ai multiplié les non-relations amoureuses, craquant systématiquement sur des hommes déjà en couple et fidèles (précision importante car la fidélité est une donnée toute relative). Ce n’est pas bon pour l’ego de désirer un homme qui ne nous voit que comme une fille sympathique, peut-être jolie, mais pas comme une petite amie potentielle… Même pas comme partenaire de brouette occasionnelle. Bref, quand j’ai débarqué dans ma nouvelle région, j’ai décidé de m’amuser un peu : la meilleure façon de ne pas souffrir en amour, c’est de ne pas tomber amoureuse. Donc je suis partie dans de folles aventures meetiques jusqu’au jour où ma route a croisé celle de Julien. Et ce que je voulais éviter à tout prix est arrivé : j’ai craqué sur lui. Ma nature de jeune fille romantique est revenue au galop car, comme dit Gauthier : « Toi, ce que tu veux, c’est te réfugier dans les bras de ton chéri pour pleurer devant des soaps ». C’est vrai et faux : j’aime bien me réfugier dans les bras de mon chéri mais j’ai jamais pleuré devant des soaps, je les regarde pas !

Ainsi, en réfléchissant à ma propre vie sentimentale et à celle de mes amis, j’en arrive à cette conclusion : la femme conquérante des années 2000 n’existe pas.

13 réflexions sur “La femme conquérante des années 2000

  1. Bonjour Ronan!

    T’en fais pas, on se retrouve tous dans la peau d’un kleenex un jour, on se sent chiffonné, dégoûtant, bon pour la poubelle… Puis un jour, on se transmute en mouchoir en tissu, celui qu’on garde toujours dans sa poche… C’est très poétique ce que je raconte!!

  2. coucou toi!!!!
    je t »écris juste un petit mail de réclamation concernant l’article de ton
    blog.
    je tiens à dire que g moi aussi le droit à une vie amoureuse de temps en
    temps. Mais je ne passe pas ensuite 3
    mois à pleurer (normal c’est toujours moi qui plaque! oups).
    D’ailleurs lorsque Damien m’a faite cocu, je l’ai quitté tout de suite et
    je ne serais jamais revenu avec lui s’il ne m’avait pas supplié pendant 15
    jours (me promettant monts et merveilles).
    Et puis les vraies relations amooureuses ne sont pas nombreuses dans ma vie.
    Je collectionne plutot les plans cul depuis mes 18 ans.
    Donc je refuse qu’on me présente comme une fille teintée de romantisme. Je
    suis tout sauf ça!!!!!

    voilà pour le rectificatif.

    bon sinon ma vie est toujopurs aussi fade, je ne fais rien à part bosser le
    concours.
    C’est pitoyable….donc je n’ai rien de nouveau.

    J’espère que tu as trouvé un stage et que ton histoire avec Julien avance
    bien.

    Bon je t’enverrai un autre mail lorsque ma vie deviendra plus palpitante
    c’est-à-dire après le capes.
    gros bisous.
    une Lucie au bord de la crise de nerfs.

  3. Ahlala, Lucie, fais pas ta fière!! Si tu t’étais vue quand tu parlais de Jérôme, avec tes étoiles dans les yeux, hihihi!! 😉 Je trouvais ça troooop mignon!

  4. Je ne me sens pas du tout conquérante en fait. Je suis fondamentalement faite pour faire un pot au feu en guepiere en attendant mon mari chéri.
    Multiplier les histoires, c’est pas mon truc. Si William revenait, je serais la plus heureuse

  5. Merci nina de préciser que je suis pas une femme.. g vraiment l’impression à force de vous cotoyer toutes que je devré avoir honte d’être équiper d’un pénis de série… et je conteste à la manière de lucie, je suis célib parce que personne ne me mérite.. et mm si des fois suis bluesy ben j’assume na!

    bisous mes princesses que j’m…

  6. j’ adore ce blog c moi tt craché (oui je c je radote)

    moi gt comme toi encore très récemment du genre à me définir comme une fière amasone du sexe et à crier haut et fort: je suis une autoroute et alors??!!!

    puis vint la prise de conscience après une discussion avec un certain fx, dj baron et malgré tt super sympa, ki après une soirée ds son club, voyant ke j’ hésitais entre repartir ac jérémie mon plan q du moment et greeeeeeeeeeeg le barman bogoss de 28 ans ac c airs de latino; fx donc a eu c paroles révélatrices: regarde moi ds les yeux… t malheureuse, ça se voit, ne baisse pas la tête…
    là big prise de conscience: ce beau discours de femme libérée cachait en fait mon envie de crier au monde: je suis mal,kelkun!!!
    g dc essayé de changer je suis passée par kelk désastreuses aventures ( meetic aussi) avant de rencontrer mon loulou actuel ki est plus jeune ke moi et ki m’ aime sincèrement ki plus est l’ ayant initié aux joies de la chair il ma juré être incapable d’ en désirer une autre…
    je ne connaît hélas pas la recette miracle pour trouver le bon je pense ke c une évidence on apporte à l’ autre kelke chose kil n’ a jamais connu et vice(!) versa…
    je regardais une interwiew de jean michel jarre et sa compagne anne parillaud ki répondaient à ardisson ke la certitude d’ avoir trouvé l’âme soeur était basée sur le fait ke toutes les histoires précédentes étaient identiques et ke cette fois c’ était foncièrement différent… c ce ke je resens…

    big bisous a toutes a a tous et un gros merde!!!

    Nina : Actuellement, je rejoue les fières amazones et je ne suis pas malheureuse pour autant. De toute façon, en ce moment, je suis tellement dans mes foutues questions existentielles niveau boulot que j’ai pas le temps de me prendre la tête pour le sentimental. On verra plus tard. Je ne brouette pas parce que je me sens mal…Juste que j’aime ça…:p

  7. voui tu fait comme je le pensais partie de la catégorie de celles ki cherchent un plan q ya aucun malaise là dedans en effet à condition ke tt soit clair pour l’ un comme pour l’ autre!!!

    je te souhaite de tjs suivre la voie ki te rends le plus heureuse quitte à faire un gros pied de nez (restons correct!) aux coincé(e)s; ce ke tu sembles faire depuis lgtps…
    comme dirait le poète: bonne bourre! ;p

    Nina : Oui, j’ai jamais menti à personne, je ne promets pas le mariage juste pour une brouette! :p

  8. "on compte à peu près 10 000 hommes (oui, c’était une fac plutôt littéraire)" : GGGRRR, je savais bien qu’il ne fallait pas faire électronique (20 gars, 3 filles). Je suis maudis, te dis je. 🙂

    "je me vante d’avoir couché avec 10 femmes dans la vie, je suis un looser" : et pour -1 (quoi c’est pas possible -1, ben juste en dessous de 0 alors), on est quoi? 🙂

    "écrasent de leur talon aiguille les tabous liés à une sexualité féminine libre et exacerbée" : bon, il faut que je trouve une boite "libertine" près de chez moi, peut être que là … 🙂

    "sexe et amour, ça ne rime pas" : j’ai beaucoups de mal à disocier les deux. Je peux pas faire l’un sans l’autre.

    "la meilleure façon de ne pas souffrir en amour, c’est de ne pas tomber amoureuse" : jolie expression, mais très conne aussi. 🙂

    "on se retrouve tous dans la peau d’un kleenex un jour" : nan, pas tous. Par contre j’ai déjà utilisé de vrai kleenex.

    "Je ne brouette pas parce que je me sens mal…Juste que j’aime ça…:p" : il va falloir que tu me donne ton adresse TOA. 🙂

    Nina : Non, je ne donne pas mon adresse, faut que je reste une star inaccessible! 😉 Tu sais, si y a en moyenne 2 nanas pour un mec pour ma fac, faut voir les 2 nanas que t’aurait eues! 😉

  9. "faut voir les 2 nanas que t’aurait eues! 😉 " : GGGRRR, vas y enfonces le clou dans la plaie béante. 🙂

    Nina : C’était pour dire que la fac n’est pas forcément un bon plan pour se trouver une moitié (quoi que pour moi, ça a marché 4 ans et demi, quand même!). Et puis, en fac de science humaine, fallait voir les nanas, t’avait de sacrés spécimens…Mais bon, si tu aimes le genre "cheveux verts pas peignés depuis 5 ans"… 😉

  10. "la fac n’est pas forcément un bon plan pour se trouver une moitié" : cela semble poutant un bon ‘vivier’

    "t’avait de sacrés spécimens" : je ne veux pas d’une femme trop belle, j’estime avoir des défaut comme tout le monde, en sortant avec une perfection, je doute que je serais à mon aise. Je pousserais même le bouchon pour dire que je suis un peu attiré par les petits défauts chez une femme comme si ils servaient à oublier les miens. 🙂

    "cheveux verts pas peignés" : ce ne doit pas être très compliqué pour expliquer à cette personne, comment faire pour corriger ce petit défaut. 🙂

    Nina : Quand je parlais de spécimen, je parlais pas de femmes laides vu que la beauté est somme toute quelque chose de très subjectif. Personnellement, je trouve les femmes maigres laides mais celles-ci font mannequins et son érigés en canon de beauté. C’est marrant, moi, j’avais compris que les femmes, ce sont des humains avec des seins, des hanches, des fesses…;) Je cherche pas un homme parfait non plus…Ah ben ça tombe bien, on me signale en régie qu’il n’existe pas!

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